« Images d’Algérie », Pierre Bourdieu – Centre Georges-Pompidou – Jusqu’au 10/03/2025

Pierre Bourdieu, photographe de l’Algérie coloniale – Dorothée Rivaud

Le sociologue Pierre Bourdieu photographie la domination coloniale pendant la guerre d’indépendance algérienne
Images d’Algérie, c’est le nom d’une exposition de photographies prises par Pierre Bourdieu en Algérie, de 1957 à 1961. L’exposition est présentée dans la collection permanente du Musée national d’Art moderne qui a acquis récemment 800 photos prises par celui qui était alors un jeune agrégé de philosophie devenant sociologue.

Bourdieu arrivé en Algérie pour y faire son service militaire – affecté dans un bureau – y resta en tant qu’assistant à la faculté d’Alger. Soucieux d’analyser les modes de domination invisibles du colonialisme, Bourdieu prit beaucoup de photos, revenant en France avec environ 3 000 négatifs. Celles-ci restèrent très peu vues jusqu’à ce qu’en 1999, son collègue et ami, le suisse Franz Schultheis, insiste pour que ces photos soient connues du public. Bourdieu, craignant les critiques venant de ses compatriotes, accepte cette proposition relayée par Christine Frisinghelli, fondatrice de la revue de photographie autrichienne Camera Austria qui reçoit le fonds de photos et de fiches et le transmet au Centre Pompidou en 2023.

L’exposition est construite en huit tableaux. Les photos sur « le déracinement » sont particulièrement bien relayées par le documentaire réalisé par l’artiste franco-algérienne Katia Kameli dont la projection occupe le centre de l’exposition. En proposant un « ricochet des images », comme l’indique son titre, ce film aide à décrypter l’enquête que mène Bourdieu avec son appareil photographique qui le conduit, en particulier, à saisir le rapport de la population algérienne à l’espace public et à l’habitat. Avec les camps de regroupement et les immeubles d’habitation à bon marché, le colonisateur a cassé le système. L’anthropologue et sociologue Tassadit Yacine, ancienne étudiante de Bourdieu, montre, photos à l’appui, comment les camps de regroupement ont cherché à déculturer les paysans algériens, à détruire leur mode de vie, en s’attaquant particulièrement aux femmes. Dans ces camps, les maisons, ou plutôt les masures, alignées le long de rues, en colonnes, sont d’un seul bloc. La cour qui servait de lieu de vie aux femmes a disparu, celles-ci ne sortent plus pour aller chercher l’eau, la corvée-promenade où les femmes se rendaient sans voile mais selon des codes bien établis est désormais assumée par les jeunes garçons.

FONDATION PIERRE BOURDIEU / CAMERA AUSTRIA, GRAZ

L’architecte et urbaniste Mohamed Larbi Merhoum rejoint, lui aussi, Bourdieu lorsqu’il rend compte des effets du déplacement de populations d’origine paysannes dans les grands ensembles construits dans les années 1950, à l’image des cités des banlieues françaises. Ces populations n’occupaient pas le cœur des grandes villes, elles y vivaient par procuration et ont attendu les années 1970 pour se l’approprier.

Pas de militaire sur ces photos de la domination coloniale, ce qui rend la collection Bourdieu particulièrement intéressante, les photos de l’époque étant surtout militaires.

Source : Histoire coloniale – 01/01/2025 – https://histoirecoloniale.net/pierre-bourdieu-photographe-de-lalgerie-coloniale-une-exposition-au-centre-pompidou-par-dorothee-rivaud/

Appel à manifester – Le général Bigeard à Toul – 11/01/2025

Samedi 11 janvier 2025 à 14h00 – Gare de Toul

Le Collectif « Histoire et mémoire dans le respect des droits humains », qui s’oppose, depuis le 24 octobre 2024, à l’installation par la mairie de Toul d’une statue du général Bigeard dans l’espace public, appelle à un rassemblement, pour rappeler le parcours historique de celui-ci, notamment lors de la guerre d’Algérie. « Nous refusons que la mairie de Toul participe à la nostalgie du temps des colonies, la Nostalgérie… » précise ce Collectif.

Une tribune avait par ailleurs été publiée dans le journal Le Monde, le 31 octobre 2024, au sujet de cette édification à Toul : « Torture en Algérie : Sans un retour sur cette page sombre de son histoire, rien ne préserve la République de retomber dans les mêmes dérives… » 

Dans cette ville de Meurthe-et-Moselle, la figure du général Bigeard (1916-2010) est controversée. La mairie et le maire, qui se présentent comme étant « de gauche », ont acté cette installation à deux reprises en conseil municipal, acceptant le « don de l’œuvre » par la Fondation Marcel Bigeard, qui nourrit ce projet depuis plusieurs années pour l’imposer dans cette ville.

Le général Bigeard est déjà, rappelons-le, très présent dans l’espace public. À Carcassonne, une stèle a été inaugurée en juin 2012. Des rues, des places et une avenue existent aux quatre coins de la France : à Aix-en-Provence, à Aix-les-Bains, à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), à Briey, à Tellancourt et à Lexy (Meurthe-et-Moselle), à Dreux, à Lagord (Charente-Maritime), au Tampon sur l’île de La Réunion, à Saint-Clément-de-Rivière (Hérault), à Scionzier (Haute-Savoie), à Trimbach (Bas-Rhin), à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes)…

Pétition : https://www.change.org/p/pas-de-statue-de-marcel-bigeard-dans-l-espace-public

Source : 4ACG https://www.4acg.org/Statue-de-Bigeard-Un-appel-du-collectif-Histoire-et-Memoire-dans-le-Respect-des

Rencontre avec Henri Pouillot et Jean-Philippe Ould Aoudia – 12/12/2024

Jeudi 12 décembre 2024 19h – Centre culturel algérien, Paris

Avec la participation de l’historien Gilles Manceron

« Un détournement des hommages et des commémorations s’est instauré à la suite des amnisties et des réhabilitations, des indemnisations et des décorations dont ont bénéficié d’anciens condamnés de l’OAS. Sont ainsi célébrés, très officiellement, des hommes, des idées ou des événements qui ne le méritent pas ou qui sont même condamnables ». (J.P. Ould Aoudia).

La rencontre sera centrée sur le « phénomène » de réhabilitation des partisans de l’Algérie français et, par ricochet, de l’OAS qui prévaut dans plusieurs régions de France où des statues et des stèles sont érigées à « leur mémoire » mettant ainsi l’OAS « au cœur de la République ».

Maghreb des films – 06-08/12/2024

Du 06 au 08 Décembre 2024, le Maghreb des films revient au Saint André des Arts, Paris, avec une programmation de films indépendants thématisés autour de la guerre d’Algérie.

Rencontres/débats avec les réalisateurs et réalisatrices.

Vendredi 06 Décembre
– 19h00 : « L’autre 8 mai 45, aux origines de la guerre d’Algérie » de Yasmina Adi
– 20h15 : « Héliopolis » de Djaffar Gacem

Samedi 07 décembre
– 16h00 : « Aucune rue ne portera ton nom » de Nadia Salem, suivi de « Algériennes en France : l’héritage » de Bouchera Azzouz
– 18h00 : « Ne nous racontez plus d’histoires » de Fehrat Mouhali et Carole Filiu-Mouhali
– 20h15 : « Un été à Boujad » d’Omar Mouldouira

Dimanche 08 décembre
– 15h00 : « Grain de sable » de Nadja Anane
– 17h00 : « Gardien des mondes » de Leïla Chaïbi

Arts et mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie – Institut du monde arabe – 18 et 19/11/2024

Depuis l’indépendance de l’Algérie, les artistes ont réinvesti la question de la colonisation et de la guerre d’Algérie dans leurs œuvres. Pour quelles raisons ? Quelles difficultés ont-ils rencontrées dans l’acte de création ? Quel est le rôle de leurs œuvres dans la transmission des mémoires ?

Voici quelques-unes des questions abordées lors des « Rencontres artistiques : arts et mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie »…

Programme: https://www.imarabe.org/fr/evenement-exceptionnel/rencontres-artistiques-arts-et-memoires-de-la-colonisation-et-de-la-guerre-d

La nostalgie de l’Algérie française et l’OAS- Henri Pouillot, membre du CA de l’ANPNPA

Henri Pouillot, enfant, fut marqué à la fin de la Seconde Guerre mondiale par la Résistance, et les méthodes nazies dans sa campagne solognote. Sursitaire, appelé pendant la guerre de Libération de l’Algérie, il est affecté les neuf derniers mois de cette guerre à la Villa Susini (centre de torture qui fonctionna comme tel pendant les 8 années) à Alger. Pendant cette période il sort indemne physiquement de deux attentats de l’OAS, mais restera marqué par les méthodes de cette organisation raciste, terroriste. Cette expérience le pousse à militer pour les valeurs humanistes. Il devint un militant antiraciste, anticolonialiste avec des responsabilités nationales. Il poursuit un combat pour que la mémoire de cette période ne tombe dans l’oubli.