Algérie. Accident de la route, cahots politiques – Jean-Pierre Serini

Quand un dramatique accident de minibus à Alger sert de révélateur à une crise sociale mais aussi politique

    Vue d'une ville côtière avec des bâtiments, port et nuages. Ambiance calme et urbaine.
    Alger, avril 2014. Un minibus circule sur la route.Cercamon / Fl

    Vendredi 15 août. La semaine est finie, le week-end a commencé. Peu avant 18 heures, un minibus, de marque japonaise Isuzu, qui dessert deux quartiers d’Alger, Mohammadia et La Glacière, dévie brusquement de sa route. Il fracasse la rambarde du grand pont qui enjambe l’oued El-Harrach. Le véhicule plonge directement dans ses eaux fétides. La foule se presse rapidement sur les berges. Les plus courageux, pour secourir les naufragés. La majorité, pour suivre les efforts de la Protection civile qui débarque avec vingt-cinq ambulances, seize plongeurs harnachés et les équipages de quatre bateaux pneumatiques. Un seul responsable est présent, le chef d’état-major, le général Saïd Chengriha.

    Les « bus de la mort »

    Fait inhabituel, la télévision privée filme et diffuse en direct les images de la catastrophe à des millions de téléspectateurs. Le retour de bâton ne se fait pas attendre. Quatre chaînes sont sanctionnées — El Bilad TV, El Wataniya TV, El Hayat TV et Echourouk TV, 48 heures de suspension de diffusion — pour avoir émis des « images sensibles sans filtre ». En clair : sans exercer la censure habituelle et « oublier » les manifestants qui dénoncent les « bus de la mort » ou la vétusté du matériel de transport. Quelques heures plus tard, le bilan officiel tombe : 18 morts et 24 blessés.

    Le 19 août, le procureur de la République, Rostom Mansouri, révèle les résultats glaçants du contrôle technique automobile : le minibus était surchargé, le chauffeur, occasionnel, n’était pas assuré et le véhicule était frappé d’une interdiction de circuler par la Direction des transports de la wilaya d’Alger. Raison principale du drame « Le blocage du système de direction à cause d’une panne au niveau de la rotule de direction, ce qui a paralysé le bus. » Le propriétaire, le chauffeur, le receveur et le contrôleur technique, qui a fermé les yeux sur l’état critique du véhicule, sont poursuivis pour « homicide involontaire, blessures involontaires et exposition de la vie d’autrui au danger ». Ils sont placés sous mandat de dépôt après leur audition par un juge d’instruction.

    Le 25 août, le ministre des transports, Saïd Sayoud — un proche du président Abdelmadjid Tebboune qui a fait sa carrière —, précise que « 84 000 bus âgés de plus de 30 ans » devront être remplacés « dans les prochains mois ». Il met également en cause les conducteurs de cars qui « ne respectent pas la limitation de vitesse ». Un deuil national de 24 heures est décrété. Les drapeaux sur les bâtiments publics sont mis en berne. Maigre consolation, chaque famille de victime reçoit l’équivalent de 300 euros.

    Le président a disparu

    Dans la foulée, une rumeur envahit bientôt Alger. Où est passé le président Tebboune ? Depuis début août, il n’a pas été vu en public. Les bruits les plus fous circulent. On le dit à l’étranger, malade, indisponible, viré. L’inquiétude gagne les milieux officiels. L’accident ravive en effet le mécontentement des Algériens. Les réseaux sociaux se déchaînent, les vidéos se multiplient et dénoncent la vétusté du parc de bus, la mauvaise conduite des chauffeurs et le manque d’empressement des autorités vis-à-vis des familles de victimes d’accidents de la route. Et si le Hirak, reprenait ? Ce mouvement populaire, qui a vu manifester pacifiquement des centaines de milliers d’Algériens de février 2019 à mars 2020, avait obtenu la démission du président de la République d’alors, Abdelaziz Bouteflika. Chaque jour, le tollé monte et le malaise grandit.

    Onze jours après l’accident, le président Tebboune réagit. Mardi 26 août, une spectaculaire réunion se tient en sa présence, et en celle de son alter ego en kaki, le général Saïd Chengriha. Présence plus étonnante, d’autres militaires sont là en force pour traiter de la responsabilité des… auto-écoles, ou des conséquences de l’état des chaussées. Deux décisions majeures sont prises : l’achat de pneumatiques, et surtout de 10 000 bus pour remplacer ceux en service. Mais le hic est que les seuls fournisseurs possibles sont des constructeurs étrangers. Or les importations de bus sont interdites depuis janvier 2019. Celles de pneumatiques sont découragées pour soutenir la production nationale.

    Les problèmes ne sont pas que techniques. Le torchon brûle à la tête de l’État entre civils et militaires. Pendant une bonne semaine, le président Tebboune a refusé de se séparer de son premier ministre, Nadir Larbaoui, son ancien directeur de cabinet qu’il a nommé en 2023. On reproche à ce dernier, à mi-voix, son absence à la grande messe du 26 août due à une visite privée à New York. Finalement, Tebboune s’exécute. Il débarque Larbaoui le 28 août. Mais, au passage, signe de sa mauvaise humeur, il nomme un intérimaire à la tête du gouvernement — ce que ne prévoit pas la Constitution — et confie le poste au ministre de l’industrie, Sifi Ghrieb, à l’expérience politique fort brève puisqu’il est ministre depuis seulement novembre 2024… Tôt ou tard, Tebboune devra confirmer sa nomination.

    Importations interdites

    Avec les multiples pénuries de pièces détachées — aux côtés de celles de bananes ou de lait UHT —, les déplacements quotidiens sont une galère pour les habitants des grandes villes, dont la métropole algéroise qui compte entre 3 et 4 millions de résidents. La géographie n’aide pas : la ville est un amphithéâtre où une grande masse de la population vit sur les hauteurs. Ils n’ont pas d’autre solution, en dehors des privilégiés propriétaires d’automobiles, que les minibus.

    Le transport en commun terrestre a été privatisé en 1987 puis ouvert dix ans plus tard aux bénéficiaires de l’aide aux chômeurs qui ont pu, avec leur pécule, acheter un minibus. Quatre-vingts pour cent des véhicules sont fabriqués en Asie, comme le véhicule accidenté le 15 août. Quatre-vingts pour cent des transporteurs sont propriétaires d’un seul bus. Les prix des billets fixés par le gouvernement sont trop bas pour acheter plusieurs véhicules, qu’il est de toute façon interdit d’importer. Alors le chauffeur raccourcit les trajets pour éviter les embouteillages, oublie des arrêts pour gagner du temps, prend des risques avec la sécurité des voyageurs qu’on entasse au-delà du raisonnable. Le minibus accidenté avait deux fois plus de passagers qu’autorisés. Si tout se passe comme annoncé le 26 août, à peine 10 % des bus trentenaires seront remplacés dans quelques mois. Quatre-vingt-dix pour cent continueront à rouler comme avant…

    Source : Orient XXI – 11/09/2025 https://orientxxi.info/magazine/algerie-accident-de-la-route-cahots-politiques,8485

    Harga : l’Algérie tarit la route italienne, mais la jeunesse prend le large vers l’Espagne

    Par la Rédaction

    Les relations algéro-italiennes connaissent une phase ascendante, portées par une coopération énergétique stratégique et une coordination sécuritaire qui, selon des médias algériens, a permis de « tarir » presque totalement les flux de migrants irréguliers en direction de la péninsule italienne.

    L ’ambassadeur d’Algérie en Italie, Mohamed Khalifi, a affirmé récemment que les départs depuis les côtes algériennes vers l’Italie sont aujourd’hui « proches de zéro », fruit d’un partenariat bilatéral étroit et de mesures strictes de surveillance des frontières.

    Ce discours, qui reflète indéniablement le succès d’une coopération ciblée entre Alger et Rome, soulève toutefois une interrogation majeure : pourquoi, dans le même temps, les départs vers l’Espagne connaissent-ils une recrudescence spectaculaire ?

    La côte ouest, nouveau théâtre des traversées

    Alors que l’axe Est–Méditerranée semble verrouillé par la coopération sécuritaire algéro-italienne, c’est sur la façade ouest, face à l’Espagne, que s’exprime désormais la pression migratoire. Depuis le début de l’été, des centaines de jeunes Algériens ont pris la mer à bord d’embarcations de fortune, défiant les risques et les dispositifs de contrôle.

    Mercredi dernier, huit adolescents ont même réussi à voler une embarcation à La Pérouse (Tamentefoust), avant de rejoindre les côtes espagnoles. Dans les 48 heures qui ont suivi, un autre groupe de mineurs a également pris la mer dans des conditions similaires. Ces traversées spectaculaires, qui alimentent un flot continu d’arrivées sur les plages d’Almería ou de Murcie, illustrent la vigueur persistante du phénomène de la harga en dépit des politiques répressives.

    Source : Le Matin d’Algérie – 09/09/2025 https://lematindalgerie.com/harga-lalgerie-tarit-la-route-italienne-mais-la-jeunesse-prend-le-large-vers-lespagne/

    Le « retaillisme », la restitution des objets volés dans les colonies – Fête de l’Humanité – 14/09/2025

    L’ équipe du site histoirecoloniale.net et celle du Groupe de travail « Mémoires, histoire, archives » de la LDH seront présentes à la Fête de l’Humanité, le dimanche 14 septembre, pour un débat sur le passé colonial et ses traces dans notre présent

    Dimanche 14 septembre

    « Le passé colonial et ses traces dans notre présent, le “retaillisme”, la restitution des biens et restes humains ramenés des colonies, la liberté d’accès aux archives »

    de 14h à 16h

    Stand de la Ligue des droits de l’Homme

    Avenue Marcel Cachin (N6 sur le plan), proche de l’entrée Marcel Cachin

    Accès direct par le RER C, gare de Brétigny


    • Introduction, par Gilles Manceron et François Graner

    • Dorothée Rivaud-Danset : La restitution d’objets volés dans les colonies

    • Christophe Lafaye : L’accès aux archives entravé au Service historique de la Défense

    • Camille Lesaffre : La fermeture des archives sur la France et le Rwanda

    • Serge Sebban : Le massacre de Thiaroye

    • Alain Ruscio, Le “retaillisme”, maladie sénile de l’Algérie française

    • Patrice Ganot : La rançon imposée par la France à Haïti

    • Michèle Riot-Sarcey : Propos de clôture


    Sur la table de livres :

    • Alain Ruscio, « La Première guerre d’Algérie – Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 », La découverte, 2024.

    • Sabrina Abda, « Ils ont assassiné mon grand-père en 1945à Guelma », éd. Arcane 17, août 2025.

    • Kamel Beniaiche, « Sétif, La fosse commune – Massacre du 8 mai 1945 », éd. du Croquant, 2025.

    • Daniel Kupferstein, « Les balles du 14 juillet 1953 », éd. du Croquant, 2024.

    • Marie Ranjanoro, « Feux, fièvres, forêts », éd. Laterit, 2023.

    • Serge Sebban, « L’exposition décoloniale – Les pères de l’anticolonialisme au sein de l’Empire français “oubliés” dans les histoires officielles », L’Harmattan, 2024.

    Source : Histoire coloniale et postcoloniale – Edition du 1er au 15 septembre 2025 https://histoirecoloniale.net/le-retaillisme-la-restitution-des-objets-voles-dans-les-colonies-un-debat-a-la-fete-de-lhumanite/

    Le « bon Kabyle » face à l’« Arabe fanatique » : un vieux mythe colonial

    La kabylophilie brandie par « Le Point » et Kamel Daoud a des origines coloniales bien connues.

    Dans son numéro du 14 août 2025, l’hebdomadaire Le Point publie un dossier intitulé « Les Kabyles, un peuple debout », comportant notamment un texte de l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud. Ne reculant devant aucune essentialisation, ce dernier y développe l’idée que les Kabyles représenteraient « une autre Algérie, anti-islamiste, réformatrice ». Ressurgit ainsi une fois de plus un poncif bien connu des historiens de l’Algérie coloniale : l’opposition du bon kabyle proche de l’Occident et de l’Arabe fanatique et archaïque. Le « fameux “mythe kabyle”, forgé sous la Ille République pour tenter de mater les musulmans d’Algérie rétifs à la domination coloniale », selon les termes de Vincent Geisser et Aziz Zemouri dans un ouvrage paru en 2007 dont nous publions ci-dessous un extrait. Nous reviendrons dans une prochaine édition sur le mythe colonial berbère et l’épisode du « Dahir berbère » au Maroc.

    Le mythe colonial de l’exception kabyle

    par Vincent Geisser et Aziz Zemouri

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    Extrait de l’ouvrage Marianne et Allah – Les politiques français face à la “ question musulmane” de Vincent Geisser & Aziz Zemouri (La Découverte, 2007)

    Kabyles démocrates contre musulmans fanatiques

    Pour la plupart des médias français, Idir est un chanteur kabyle et Souad Massi une chanteuse algérienne. Certes, le premier chante en tamazight (et en français) et la seconde en arabe (et en français), mais tous deux sont originaires du même pays, l’Algérie. Curieux distinguo qui laisse à penser qu’un Kabyle ne serait pas Algérien. De quoi faire se retourner dans leur tombe tous les militants kabyles de la première heure qui combattirent en faveur de l’indépendance de l’Algérie, dès les années 1920, au sein de l’Étoile nord-africaine, majoritairement kabyle, puis dans les rangs du FLN. Pourtant, le distinguo semble à géométrie variable : ainsi, on chercherait en vain dans la presse française la mention de l’origine kabyle de « méchants » avérés, comme le général-major Mohammed Médiène, dit « Tewfik », patron depuis 1990 du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), l’ex-Sécurité militaire, ou le général-major Mohammed Touati, tous deux symboles de l’« Algérie des généraux ». Comme s’il était impensable pour certains « spécialistes » de la question algérienne qu’un Kabyle puisse être ailleurs que dans le camp des « gentils ».

    De même, on « oublie » qu’un bon tiers de la direction du Front islamique du salut (FIS) algérien était originaire de Kabylie, où ce parti a obtenu 25 % des voix lors des élections législatives de 1991 ; mais, pour la polémiste Caroline Fourest, c’est leur origine kabyle qui rendrait allergiques à toute concession politique envers les « intégristes » des personnalités françaises comme Malek Boutih, ancien porte-parole de SOS-Racisme, ou Fadéla Amara, présidente de Ni putes ni soumises, une « jeune femme d’origine kabyle qui lutte contre l’obscurantisme [2] ». Un cliché devenu vérité d’évidence dans la France médiatique des années 1990 et 2000, notamment depuis le best-seller Une Algérienne debout (1995) de la très « éradicatrice » militante kabyle Khalida Messaoudi [3] devenue depuis ministre de la Culture du gouvernement de la « concorde civile ».

    À lire le portrait de Fadéla Amara brossé en 2003 par Libération [4], on ne peut s’empêcher de penser à cette phrase du député radical Camille Sabatier, en 1882 : « C’est par la femme qu’on peut s’emparer de l’âme d’un peuple. » Mais la mémoire est oublieuse : peu férus d’histoire, les hérauts français contemporains des Kabyles défenseurs de la « laïcité républicaine » face au « fascisme vert » de l’islamisme ignorent sans doute qu’ils perpétuent le fameux « mythe kabyle », forgé sous la Ille République pour tenter de mater les musulmans d’Algérie rétifs à la domination coloniale.

    L’ invention coloniale du Kabyle démocrate, blond aux yeux bleus

    Ainsi, André Santini, député-maire UDF d’Issy-les-Moulineaux, ou Claude Goasguen, conseiller UMP de Paris et député sarkozyste, compagnons de route des Berbères de France, dont ils relaient les revendications à l’Assemblée nationale, ne font pas mystère de leur engagement berbériste. Selon André Santini, « les Berbères sont des laïcs, ils pratiquent un islam modéré. Ils ont un caractère tolérant, ils ont notre conception de la laïcité. Ils se regroupent sans être arro- gants et ne sont pas envahissants [5] ». Et, pour Claude Goasguen, « ils ont un culte musulman moins intégriste que les autres, car ils ont été islamisés plus tardivement [6] ». Pour l’un et l’autre, qui partagent en l’espèce le même credo que les « intégralistes » de la laïcité à gauche, l’imaginaire compte plus que la réalité. Peu leur importe que la wilaya (préfecture) de Tizi-Ouzou, capitale de la Grande Kabylie, compte aujourd’hui le plus grand nombre de mosquées en Algérie (731 sur 15 000), ou que l’islam kabyle soit extrêmement conservateur et relativement imperméable à tout esprit de réforme [7].

    Il est donc difficile de ne pas voir dans ces propos un écho, plus ou moins conscient, des théories et pratiques coloniales forgées lors de la conquête française de l’Algérie. L’utilisation du berbérisme contre l’islam est en effet une vieille idée qui puise son origine dans cette histoire. Et il faut revenir aux travaux de l’historien Charles-Robert Ageron, dont la thèse parue en 1968 reste une référence incontournable, pour comprendre les fins de la création du mythe kabyle [8].

    Ce mythe repose à la fois sur des considérations identitaires et religieuses : aux premières décennies de la conquête et jusqu’à la fin du siècle, la Kabylie fut l’objet de tentatives d’évangélisation et d’instrumentalisation politico-religieuse. Pour démontrer qu’ils sont différents des Arabes et proches des Européens, on leur attribue une ascendance nordique, voire aryenne. C’est par exemple un texte posthume attribué à l’abbé Raynal, l’Histoire philosophique des établissements dans l’Afrique septentrionale, paru en 1826 : « Les Kabyles sont d’origine nordique, en descendance directe des Vandales, ils sont beaux avec les yeux bleus et des cheveux blonds, leur islam est tiède. » Tocqueville écrivait en 1847 que « le pays kabyle nous est fermé, mais l’âme kabyle nous est ouverte ». La Grande Kabylie : études historiques d’Eugène Daumas, parue en 1847, n’est pas en reste : « Le peuple kabyle est en partie germain d’origine, après avoir connu le christianisme. Il a accepté le Coran, mais ne l’a pas embrassé. Contrairement aux résultats universels de la foi islamique, en Kabylie nous découvrons la sainte loi du travail obéie, la femme à peu près réhabilitée, nombre d’usages où respire la commisération chrétienne. » Le baron Henri Aucapitaine écrit dans son ouvrage, Le Pays et la Société kabyles, publié en 1857 : « Dans cent ans, les Kabyles seront Français. » Selon le docteur Auguste Warnier, élu député d’Alger après avoir servi le gouvernement : « Pour le Kabyle, la femme est d’abord une mère de famille et non une bête de somme comme dans la société arabe [9]. »

    Malgré l’insurrection de 1871, les panégyristes kabylophiles demeuraient sur leurs préjugés : on accusait les confréries musulmanes d’avoir manipulé les insurgés de la révolte de Mokrani, laissant ainsi penser que sans l’islam les Kabyles auraient accepté la domination française sans réagir. Les historiens s’accordent pourtant sur le fait que c’est bien le cheikh Mokrani qui a sollicité la zaouia Rahmaniyya, confrérie religieuse, afin de lancer le djihad contre l’occupant, et non le contraire. Cet épisode n’empêcha pas l’archevêque d’Alger, Charles Martial Lavigerie, de penser que la Kabylie était le « Liban de l’Afrique », autrement dit un pays chrétien au coeur du Maghreb musulman [10].

    Un des éléments du continuum colonial qui caractérise le mythe kabyle, c’est donc son aspect religieux. Encore aujourd’hui, la berbérophilie des politiques ou des intellectuels français, aussi laïques et républicains soient-ils, se mesure aux effets de l’évangélisation tentée dans les années 1870 par les Pères blancs : les Kabyles de France seraient plus intégrables que les autres populations originaires du Maghreb, parce qu’ils seraient supposés entretenir une plus grande proximité avec la « culture judéo-chrétienne ». Un argument quelque peu surprenant pour des intellectuels laïcistes qui prétendent lutter contre le communautarisme à l’école républicaine…

    Pourtant, les témoignages de la fin du xixe siècle abondent sur la résistance des populations kabyles contre ces tentatives de christianisation. Belqacem ben Sedira, un auteur de nationalité française, dans son ouvrage Une mission en Kabylie et l’assimilation des indigènes (1886), restitue les propos recueillis lors de son enquête : « Si on veut faire de nos enfants des petits roumis, nous n’avons plus qu’à construire une route pour aller nous jeter à la mer [11] » Si les Kabyles peuvent accepter la présence d’un « marabout chrétien », ils rejettent globalement son apostolat : « Nous préférerions voir mourir tous nos enfants plutôt que de les voir devenir chrétiens. » L’exemple des Aït-Ferah : « Nous ne renoncerons jamais à notre religion. Si le gouvernement veut nous y contraindre, nous lui demanderons de quitter le pays. »

    Un conflit larvé opposait d’ailleurs militaires et religieux français à propos de la politique d’évangélisation des missions chrétiennes : consultés sur la question par l’administration coloniale en 1850, les militaires assuraient que cela causerait une « émotion dangereuse », amènerait une perturbation générale et se révélerait vain. Conformément aux prévisions de l’armée, on ne recensera aucune conversion au plus fort de l’activité des missions. Un échec imputé aux militaires : « Si on nous avait laissé faire, la Kabylie serait chrétienne », dira Lavigerie [12]. Les militaires étaient même accusés de favoriser l’islamisation à travers la création des Bureaux arabes [13], organismes créés conformément à la politique arabe de Napoléon III.

    Un mythe n’ayant pas cours en métropole

    Ce fameux mythe kabyle, s’il est alors opérant en Algérie, n’a toutefois pas cours en métropole. Dès le début du xxe siècle, les Kabyles immigrés sont traités de la même manière que tous les autres Nord-Africains : surveillés, méprisés par les pouvoirs publics, ils ne bénéficient d’aucun préjugé favorable, comme le rappelle Nedjma Abdelfettah, qui a analysé en détail les modalités d’encadrement de l’immigration algérienne à Paris de 1917 à 1952, majoritairement kabyle : « La lecture d’une étude de la Préfecture de police produite en 1952 sur la présence des populations nord-africaines à Paris [est très parlante]. Modèle du genre, ce rapport aurait pu être écrit vingt ans plus tôt, voire plus, à quelques détails près. Il reproduit une vision statique de la communauté nord-africaine à Paris, où ne change que le nombre qui va croissant. Le moule introduit dans les années 1920 et 1930, qui aurait pu être bouleversé par l’exercice même d’une observation extrêmement régulière, est toujours en place. Il est fondé sur une approche culturelle d’une sorte d’être nord-africain et de son comportement. Les thèmes sont quasiment donnés d’avance : la solidarité religieuse ou tribale, avec son revers la sujétion et l’exploitation, le sens de l’honneur avec son revers la culture de la vendetta et l’inadaptation à l’idée du droit, l’instinct grégaire obstacle à l’intégration dans la société d’accueil, le tribalisme et le lien religieux obstacles à l’existence de l’individu, […] les différences irréductibles de civilisations et de genres de vie qui vouent à l’échec les mariages mixtes (auxquels ne sont candidates que les femmes européennes diminuées physiquement ou socialement), les risques de contamination par toutes sortes de tares devant l’arrivée de petits Abdallah et Mohamed bel et bien français sur les bancs de l’école, le problème juridique que pose l’existence de ces petits êtres hybrides…

    « En 1935, Octave Depont publie un livre pour saluer et justifier l’ouverture d’un hôpital spécialement destiné aux « Berbères immigrés », à qui la ville souhaite offrir un autre « signe d’amitié » en plus de la mosquée. Le bellicisme de l’islam et son caractère dépouillé côtoient le caractère primitif des Berbères. Depont, que Charles-Robert Ageron présente comme un berbérophile qui aurait travaillé à l’encouragement de l’immigration kabyle, dans une perspective assimilationniste, montre dans cet ouvrage que sa berbérophilie s’arrête aux frontières de l’Algérie, où elle a une fonction de division et d’opposition aux Arabes. À Paris, où il ne souhaite absolument pas les voir se multiplier, elle est rudement mise à l’épreuve. Le monde et l’être berbères sont décrits comme des repoussoirs qui suscitent rejet et répression : « Il y a, en effet, dans la psychologie des Berbères à la fois impulsifs et violents, arrogants et obséquieux, pillards redoutables, des contrastes et des contradictions qui ne se révèlent partiellement qu’à ceux que de patientes observations et de profondes connaissances des dialectes mettent à même de pénétrer l’âme des Nord-Africains. » Devant le fait accompli de leur présence, il appelle à un traitement qui les distingue. Un hôpital spécial se justifie donc pour lui par les « maladies à évolution assez particulière » des Nord-Africains [14] . »

    Nedjma Abdelfettah montre ainsi que la berbérophilie et la kabylophilie françaises — cette dernière constituant une déclinaison coloniale de la première — fonctionnent de manière paradoxale : elles procèdent d’une forme de stigmatisation à la fois « positive » et « négative » des Berbères colonisés, visant à les différencier, ou au contraire à les rapprocher, des « moeurs arabes », mais toujours dans une optique de contrôle social et politique.

    [1] Editions La Découverte, mars 2007, 20 €.

    [2] Caroline FOUREST, La Tentation obscurantiste, Grasset, Paris, 2005.

    [3] Khalida MESSAOUDI, Une Algérienne debout. Entretiens avec Élisabeth Schemla, Flammarion, Paris, 1995.

    [4] Charlotte ROTMAN, « Soumission impossible », Libération, 26 février 2003.

    [5] André Santini, entretien avec les auteurs, 2006.

    [6] Claude Goasguen, entretien avec les auteurs, 2006.

    [7] Kamel CHACHOUA, L’Islam kabyle. Religion, État et société en Algérie, Maisonneuve & Larose, Paris, 2002.

    [8] Charles-Robert AGERON, « Le « mythe kabyle » et la politique kabyle », Les Algériens musulmans et la France, tome I, PUF, Paris, 1968, p. 267-292 ; « La politique kabyle de 1898 à 1918 », tome II, p. 873-890.

    [9] Toutes les citations qui précèdent sont extraites du chapitre de Charles-Robert AGERON, « Le « mythe kabyle » et la politique kabyle (1871-1891) », loc. cit.

    [10] Ibid., p. 273.

    [11] Ibid., p. 275.

    [12] Ibid., p. 274.

    [13] Jacques FRÉMEAUX, Les Bureaux arabes dans l’Algérie de la conquête, Denoél, Paris, 1993.

    [14] Nedjma ABDELFETTAH, « « Science coloniale » et modalités d’encadrement de l’immigration algérienne à Paris (1917-1952) », Bulletin de l’IHTP, n° 83, juin 2004.

    Source : Orient XXI – Édition du 1er au 15 septembre 2025 https://histoirecoloniale.net/le-bon-kabyle-face-a-l-arabe-fanatique-un-vieux-mythe-colonial/

    L’Étranger d’Albert Camus : la première bande-annonce de l’adaptation – Hocine Bouhadjera (sortie en salle le 29/10/2025)

    Le célèbre cinéaste français François Ozon s’attaque à un monument de la littérature avec l’adaptation de L’Étranger, le chef-d’œuvre absurde d’Albert Camus, publié en 1942. La bande-annonce du film tant attendu a été dévoilée, mettant en lumière l’acteur Benjamin Voisin dans le rôle de Meursault, l’anti-héros emblématique du roman, dans un noir et blanc qui allie sensualité et mélancolie.

    L’ adaptation met en scène Meursault, un jeune homme d’une trentaine d’années, qui vit sa vie de manière détachée et sans émotion. Après avoir enterré sa mère sans affect, il entame une liaison avec Marie, une collègue, et continue son quotidien. Mais un événement tragique survient lorsqu’il se laisse entraîner dans une histoire de violence par son voisin Raymond. L’ histoire culmine sur une plage sous un soleil de plomb, où Meursault commet un acte irréversible…

    Il sortira en salles le 29 octobre prochain, et est sélectionné en compétition officielle à la 82e Mostra de Venise, qui débute aujourd’hui. François Ozon, réalisateur prolifique, signe ainsi son 24e long-métrage en près de 30 ans de carrière. 

    Source : L’ ActuaLitté – 27/08/2025 https://actualitte.com/article/125784/bande-annonce/l-etranger-d-albert-camus-la-premiere-bande-annonce-de-l-adaptation

    Les pieds-noirs d’Algérie : la colonisation pour mémoire

    France Culture – Une série documentaire de Marceau Vassy, réalisée par Cécile Laffon

    L’année 1962 mit fin à 132 ans de colonisation française en Algérie, et conduisit au rapatriement de près d’un million de Français en métropole. Aujourd’hui, comment les « pieds-noirs » et leurs descendants font-ils mémoire de cette histoire ?

    Épisode 1/4 : Des descendants face à leur histoire

    Comment est-ce que les enfants et petits enfants de pieds-noirs s’approprient-ils leur histoire familiale ? Comment faire face, pour la génération de l’après, à cette tension entre Histoire et mémoires ? Pied-noir, est-ce d’ailleurs une identité ? Une culture ? Quelque chose dont on hérite ?

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/des-descendants-face-a-leur-histoire-4028916

    Épisode 2/4 : 1962 : l’exil en commun

    Pour comprendre les tensions et l’aspect sensible de la mémoire pied-noir, retour sur l’année 1962 qui mit fin à la guerre d’Algérie, entraînant le départ de près d’un million de Français vers la Métropole. Un exil qui marquera profondément cette communauté et qui résonne encore dans les mémoires.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/1962-l-exil-en-commun-5735628

    Épisode 3/4 : Des mémoires en tensions

    Comment les pieds-noirs se sont-ils mobilisés depuis le début des années 1970 pour transmettre leur histoire à travers différentes associations ? Comment est-ce que ce paysage associatif s’articule-t-il aujourd’hui autour de positions politiques et idéologiques très différentes ?

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/des-memoires-en-tensions-6708907

    Interventions de Jacques Pradel, président de l’Association nationale des Pieds-Noirs progressistes et de leurs ami.e.s (ANPNPA), Jacky Mallea, membre de l’ANPNPA, Michelle Pradel, membre de l’ANPNPA

    Épisode 4/4 : Sortir de la fatalité

    Qu’est-ce que les pieds-noirs, les Algériens, et leurs descendants, peuvent-ils faire de cette histoire coloniale ? Comment déjouer la fatalité et les traumatismes du passé pour apaiser les mémoires ? Comment transformer le souvenir en quelque chose de fécond pour l’avenir ?

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/sortir-de-la-fatalite-6710163

    Pétition : Lettre ouverte aux Présidents de la République française et algérienne

    Pour signer la pétition : https://www.change.org/p/lettre-ouverte-au-pr%C3%A9sident-emmanuel-macron-et-au-pr%C3%A9sident-abdelmadjid-tebboune?utm_medium=custom_url&utm_source=share_petition&recruited_by_id=b60e6660-aacf-11e9-ac0d-6b8e0d6d1965

    Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République française
    Monsieur Abdelmadjid Tebboune, Président de la République algérienne démocratique et populaire

    Nous vous écrivons aujourd’hui, en tant qu’Algériens, Français, Franco-Algériens et amis des deux rives, avec inquiétude et gravité, mais aussi portés par un espoir sincère.
    Gravité, car les relations entre nos deux pays traversent une nouvelle phase de tensions, d’incompréhensions et de crispations.
    Espoir, car nous restons convaincus qu’une approche politique courageuse et une volonté partagée peuvent ouvrir la voie à une réconciliation durable.

    Ce qui relie nos deux pays s’inscrit dans l’Histoire et ses blessures. Cette mémoire commune ne peut être ni effacée, ni détournée, ni instrumentalisée à des fins de division. Les séquelles de la colonisation, de la guerre, de l’exil et des discriminations demeurent vives des deux côtés de la Méditerranée. Pourtant, elles ne doivent pas entraver la construction d’un avenir apaisé, fondé sur le respect mutuel et l’intérêt commun.

    Algériens, Français et toutes celles et ceux concernés par ces liens historiques et humains portent une double mémoire, une double appartenance et une double espérance. Ils aspirent à vivre en paix sans être stigmatisés, caricaturés ou transformés en boucs émissaires ; être reconnus dans leur dignité ; ne plus être pris en otage dans des tensions politiques dont ils ne sont ni les auteurs ni les responsables, mais au contraire contribuer pleinement à la société française et à la société algérienne, au développement des deux pays, à consolider les nombreux liens entre-deux, sans devoir choisir un camp ni justifier leur loyauté.

    Dans ce contexte, Messieurs les Présidents, votre responsabilité est grande. Vous avez le pouvoir et le devoir d’ouvrir une voie de sortie de crise : rétablir un dialogue franc, traiter avec courage et honnêteté les questions mémorielles, renforcer les échanges humains, culturels et économiques entre nos deux pays, surtout placer les jeunes au centre des préoccupations et protéger les populations prises dans cet entre-deux sans voie de sortie : souvent blessées, mais toujours dignes.

    L’ avenir des relations entre la France et l’Algérie ne peut se réduire à des calculs électoraux ou à des postures diplomatiques éphémères. Il concerne des millions de vies, engage les générations à venir et façonne l’image de nos nations à l’échelle mondiale.

    Le silence des peuples n’est pas indifférence : il exprime un profond malaise et une inquiétude face à l’escalade des tensions entre l’Algérie et la France. Chacun espère un retour rapide à l’apaisement, à une relation fondée sur la confiance, la dignité et la solidarité.

    C’est, animés de cette espérance que nous vous adressons cette lettre, tout en espérant que soit retrouvé l’esprit qui a animé les hommes d’État qui ont su trouver les solutions idoines au sortir d’une guerre atroce.

    Nous vous prions de bien vouloir agréer, Messieurs les Présidents, l’expression de notre haute considération.

    Premiers signataires :
    Lyazid BENHAMI, Président du Groupe de Réflexion sur l’Algérie (GRAL)
    Aissa KADRI, Professeur des universités, Ancien directeur de l’Institut Maghreb Europe Paris VIII
    Nils ANDERSSON, Président de l’Association Contre la Colonisation Aujourd’hui (ACCA), Ancien éditeur
    Ahmed MAHIOU, Agrégé des facultés de droit, Ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger, Ancien directeur de l’IREMAM (Aix-en-Provence)
    Stanislas HUTIN, Membre de l’Association la 4ACG (Anciens appelés en Algérie contre la guerre et leurs amis)
    André GAZUT, Réalisateur
    Jean-Louis LEVET, Haut responsable à la coopération technologique et industrielle franco-algérienne (2013–2019), Délégué général de l’Association France Algérie (janvier 2021–février 2025)
    Michel BERTHELEMY, Membre de l’Association la 4ACG
    Jacques PRADEL, Président de l’Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Ami.e.s (ANPNPA)
    Louisa FERHAT, Présidente de l’Association Femmes Berbères Européennes
    Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des universités, expert international – Industrie & Énergie –
    Farid YAKER, Président du Forum France-Algérie
    Allain LOPEZ, Secrétaire de l’ANPNPA Midi Pyrénées
    Nadir MAROUF, Anthropologue du droit, Professeur Émérite des Universités (UPJV – Amiens)
    Alain RUSCIO, Historien
    Gilles MANCERON, Historien
    Catherine BRUN, Professeure Université Sorbonne Nouvelle (Paris)
    Viviane CANDAS, Cinéaste
    Christophe LAFAYE, Docteur en histoire contemporaine ; Université d’Aix Marseille, Chercheur-associé à l’université de Bourgogne Europe
    Alice CHERKI, Psychiatre, psychanalyste
    Todd SHEPARD, Professeur – Johns Hopkins Université – Baltimore USA
    Hocine ZEGHBIB, Juriste, Maître de conférences honoraire, Université de Montpellier, ancien directeur du Master européen « Migrations Inter Méditerranéennes »
    Emmanuel ALCARAZ, Docteur en histoire – Mesopolhis-Science-Po Aix
    Hanafi Si LARBI, Universitaire
    Henri POUILLOT, Militant anticolonialiste et antiraciste (ANPNPA)
    Fatiha RAHMOUNI, Avocate
    Kader A. ABDERRAHIM, Maître de conférences – Sciences Po Paris & Chercheur en sciences politiques
    Pierre PRADEL, Membre de l’Association des Pieds Noirs Progressistes et leurs Ami.e.s (ANPNPA)
    Madjid SI HOCINE, Chef de service hospitalier
    Fayçal ZEGGAT, Opérateur économique – Agroalimentaire – Algérie
    Myassa MESSAOUDI, Universitaire et Écrivaine Franco-Algérienne
    Guy JOURDAIN, Ancien Officier de Marine & Membre du corps du Contrôle Général des Armées
    Bernard POINTECOUTEAU, Membre de la 4ACG
    Pierre MOREAU, Membre de la 4ACG
    Mustapha BOUTADJINE, Artiste-plasticien – Paris
    Tarek L. RADJEF, Ingénieur à la retraite
    Patrick RADJEF, Retraité
    Abdelhalim ZEGGAT, Avocat – Alger
    Henni Mahammedi BOUZINA, Membre de l’Association Nationale des Pieds Noirs progressistes et leurs Ami.e.s (ANPNPA)
    Nabéla AÏSSAOUI, Directrice juridique
    Nassim MAHDI, Médecin cardiologue
    Boukhari Nacer-Eddine dit N.E. TATEM, Journaliste
    Omar HAMOURIT, Historien
    Ouarda MERROUCHE, Économiste
    Omar Adel BELARBI, Directeur de projets – Groupe immobilier – France, Conseiller de quartier Paris 15
    Hocine ADMEZIEM, Cadre & Entrepreneur – France
    Ahmed GHOUATI, Consultant en Éducation et Formation
    Betitra AMOUR, Cadre secteur bancaire – France
    Brahim OUMANSOUR, Géopolitologue
    Rahim REZIGAT, Association de Promotion des Cultures et du Voyage
    Fernand PONCET, Ancien appelé en Algérie
    Karim HOUFAID, Réalisateur & Expert en coopération internationale – France
    Mohamed KHANDRICHE, Sociologue et militant associatif dans les deux pays
    Tewfik ALLAL, Correcteur, militant associatif
    Yohan LAFFORT, Réalisateur
    Michel LACROZE, Membre de l’Association la 4ACG (Anciens appelés en Algérie contre la guerre et leurs amis)