Jacques Pradel, président de « l’Association des Pieds-Noirs Progressistes », revient sur les missions, les actions et la vision de son organisation, dans un contexte marqué par les tensions franco-algériennes
Méditerranée. Quels objectifs se sont fixés les pieds-noirs progressistes en se constituant en association ?
Jacques Pradel. L’association a été créée en 2008, bien que nous ayons toutes les raisons de le faire plus tôt. Elle s’est fixée, pour l’essentiel, un double objectif. D’une part, il s’agissait, pour nous enfants d’Algérie, d’affirmer notre rejet de la confiscation de la parole des pieds-noirs par les organisations d’extrême droite, les anciens de l’OAS. Nous en avions assez qu’ils prétendent parler au nom de tous les pieds-noirs. D’autant qu’elles étaient reconnues, par les politiques et par les médias, comme étant des porte-parole légitimes. Sans surprise, nous avons été durement confrontés à ces organisations sur le terrain. D’autre part, il importait de cultiver la relation avec l’Algérie, notamment en se battant ici en France contre le racisme anti-algérien, en portant une parole de fraternité. Ce deuxième objectif, tourné vers l’avenir, est devenu bien plus important, car il nous faut à tout prix contrecarrer les actions et les pressions sur la société française des nostalgiques du système colonial.
De quelles façons entretenez-vous cette relation avec l’Algérie ?
Jacques Pradel. Depuis les années 2010, l’essentiel de notre activité est l’organisation de voyages en Algérie. Nous le faisons avec une autre organisation qui partage notre vision de l’histoire croisée des deux pays, l’Association des Anciens Appelés en Algérie Contre la Guerre (4ACG), composée de gens magnifiques. Elle a été créée par quatre petits paysans qui avaient fait la guerre à 20 ans, et qui, quand ils ont eu 60 ans, ont eu droit à une pension de retraite à titre militaire. Et ces gens-là ont dit : cet argent, on ne peut pas le garder ; c’est l’argent du sang, qui va nous brûler les doigts. Ils ont donc décidé de se rassembler en association et d’y consacrer la totalité de leurs pensions. Avec ces ressources, ils financent, de manière très modeste, des initiatives dans la société civile en Algérie, et également aujourd’hui en Palestine. Nous avons effectué avec la 4ACG toute une série de voyages en Algérie pour rencontrer des associations et la population. L’autre volet de notre activité consiste à participer en France, avec d’autres, à des manifestations autour de moments particuliers, l’autre 8 mai 1945 (massacres de Sétif et Guelma, NDLR),le 17 octobre 1961 (répression sanglante de manifestation pacifique d’Algériens à Paris, NDLR) … Par exemple, à Marseille, lors du soixantième anniversaire de l’indépendance, nous avons créé, avec l’association Ancrage, un collectif dénommé « l’Algérie au cœur ». Pendant l’année 2022, celui-ci a permis la tenue de plus d’une vingtaine de soirées autour de l’histoire croisée de la France et de l’Algérie, en mettant beaucoup en avant la culture partagée comme vecteur. Nous poursuivons ce type d’activité à Grenoble, à Perpignan, à Toulouse, à Paris.
Quel est le sentiment des pieds-noirs progressistes dans le contexte actuel de fortes tensions entre les deux pays?
Jacques Pradel. La crise est en effet assez grave et inquiétante. Mais pourquoi cette détérioration comme jamais des relations entre les deux États, pourquoi maintenant ? Pour ma part, je ne peux m’empêcher de penser que c’est en relation avec la montée des idéologies d’extrême droite. Je pense que, globalement, les forces progressistes antifascistes, tant les organisations que les partis politiques, n’ont pas été capables de mener correctement une bataille idéologique. Si bien que les idées véhiculées par le Rassemblement national, ainsi que par la droite qui avant était Républicaine, ont largement pénétré la société française. La première conséquence est que la mémoire coloniale est réhabilitée sous un angle positif, ce qui alimente de manière terrible le racisme anti-maghrébin, anti-arabe, l’islamophobie… Nos frères algériens sont les premiers ciblés. Tout se passe comme si nous avions en France deux ministres de l’Intérieur. Darmanin et Retailleau rivalisent de surenchère qui pourrait aggraver encore plus la crise entre la France et l’Algérie. La situation s’apaise-t-elle ? Je ne vois pas pour l’instant de réponse. Seul signe encourageant toutefois : la récente interview du président Tebboune. Un message a été passé : pas de réponse aux agitateurs, seul importe le dialogue avec son homologue chef de l’État, Emmanuel Macron. Dans ce contexte houleux, nous partageons aussi les interrogations et les inquiétudes de ces Algériens, combattants pour le progrès social, qui se sont exilés de leur pays durant la décennie noire et ont fait le choix de vivre en France.
Quelle nature de relations souhaitent les pieds-noirs progressistes entre la France et l’Algérie ?
Jacques Pradel. Disons d’abord que Macron et ses ministres doivent se ressaisir, mettre un terme aux messages contradictoires. Nous souhaitons avant tout une parole claire, loin des propos de ces soldats du feu que sont Darmanin et Retailleau. Et puis, comment ne pas tenir compte de tous ceux qui ont quelque chose à voir avec l’Algérie, soit autour de 20 % de la population peut-être. Sur le fond, la France a tout à gagner dans un apaisement. L’Algérie est un grand pays aujourd’hui. Quand bien même les belles valeurs portées par le Hirak ne sont pas prises en compte. La répression demeure forte sur les associations, et les détenus d’opinion sont nombreux. Honnêtement, c’est une réalité dont on ne peut pas se détourner. Reste qu’il y a beaucoup d’espoir, le pays va beaucoup mieux.
Henri Pouillot. Militant antiraciste, anticolonialiste et auteur : « Les crimes français en Algérie sont abominables ! » – Hamid Tahri, El Watan, 15/03/2025
Lors de mon séjour en France, il y a quelques semaines, j’ai eu le plaisir de rencontrer au Centre culturel algérien de Paris, au sein duquel mon ami Mustapha Boutadjine rendait hommage à une pléiade d’artistes, dont le regretté Rachid Taha, un ancien appelé français, Henri Pouillot, affecté à la sinistre villa Sisuni, à la fin des années cinquante, située à Alger, qui était un témoin privilégié des horribles scènes de torture et de crimes perpétrés contre détenus algériens.
Jeune Français apolitique, témoin des actes barbares, Henri a été lui aussi traqué par l’OAS qui a failli avoir sa peau. Bien au-delà de sa période algéroise et imprégné de son vécu, il commencera à militer pour les valeurs humanistes. Antiraciste, anticolonialiste, il mènera, en solo, un combat mémoriel pour dénoncer les dérives de l’extrême droite criminelles qui met en valeur les «exploits héroïques» de la colonisation en érigeant ici et là des stèles, des statues et autres effigies en l’honneur de criminels issus de l’OAS.
Au cours de notre entretien, Henri m’a fait voyager à travers l’Hexagone, qu’il a sillonné ces dernières années où les réminiscences de l’OAS restent marquantes, car, dit-il, ces ultras ne ratent aucune occasion pour se rappeler au souvenir de leurs concitoyens en organisant des manifestations et des célébrations à la gloire de leur triste passé qu’ils veulent pérenniser. Depuis la parution en 2001 de son témoignage La Villa Susini, tortures en Algérie. Un appelé parle, dans lequel il livrait pour la première fois son expérience d’appelé confronté à la torture pendant la guerre d’Algérie, Henri Pouillot consacre toute son énergie et son courage à une seule cause : la condamnation absolue de toute pratique de torture.
Violemment attaqué sur un plateau de télévision en 2002 par le général Scmitt, ancien chef d’état-major des armées françaises, l’accusant d’être « un menteur et un criminel », Henri s’est engagé depuis dans une longue bataille juridique pour faire reconnaître la vérité et l’authenticité de son témoignage. Combat d’un simple citoyen contre la hiérarchie militaire, qui prend toute sa dimension face aux tentatives récentes, en France et ailleurs dans le monde, de se légitimer encore par des habillages juridiques et des pratiques d’un autre âge.
Un dossier douloureux et tragique
Henri Pouillot, enfant, fut marqué à la fin de la Seconde Guerre mondiale par la Résistance et les méthodes nazies dans sa campagne solognote. Sursitaire, appelé pendant la guerre de Libération de l’Algérie, il est affecté les neuf derniers mois de cette guerre à la villa Susini (centre de torture qui fonctionna comme tel pendant les huit années) à Alger. Pendant cette période, Henri sort indemne physiquement de deux attentats de l’OAS, mais restera marqué par les méthodes de cette organisation raciste, terroriste.
Cette expérience le pousse à militer pour les valeurs humanistes. Il devient un militant antiraciste, anticolonialiste avec des responsabilités nationales. Il poursuit un combat pour que la mémoire de cette période ne tombe dans l’oubli. Son livre, paru récemment en France, fait acte de donner un aperçu des monuments ou autres stèles érigés à la gloire des partisans de l’Algérie française.
Et comme l’écrit Jean-Philippe Ould Aoudia dans sa préface : « Henri Pouillot a parcouru la France pour établir une sorte de ‘guide noir’ afin de nous orienter sur le long parcours qui traverse villes et villages du Midi, mais pas seulement, où des statues et des stèles, des cénotaphes et des plaques occupent le paysage avec pour point commun de rappeler l’Algérie du temps de la colonisation et des acteurs de sa guerre perdue. » Le dossier douloureux et tragique de la torture hantera toujours la conscience des bourreaux.
Quand la France expiera-t-elle ses crimes ?
L’auteur, inquiet de la montée de l’extrême droite inspirée par cette nostalgie colonialiste, espère, avec son ouvrage, attirer l’attention et apporter sa contribution pour un sursaut républicain. Un vrai. Ce livre est une longue immersion dans l’univers opaque et énigmatique de l’extrême droite, bien qu’il n’aborde qu’une frange de cette nébuleuse. Henri en est tout à fait conscient. «Je ne prétendais pas être exhaustif : la preuve depuis que le livre est parti à l’impression, j’ai découvert une nouvelle stèle.» D’après un reportage de 45 min qu’on peut trouver sur Facebook, la première manifestation devant cette stèle remonte au 1er novembre 2014.
Une foule importante y assistait : le maire (PS), de nombreux élus municipaux, 4 députés de l’Hérault, un sénateur, des élus départementaux dont Patricia Mirallés (qui deviendra ministre macroniste) et qui, dans son intervention, exprimant sa fierté de ses origines pied-noir, dira en particulier : « L’Algérie, c’est la France. »
Après les interventions de représentants religieux (catholiques, juifs, musulmans), la plupart des discours exprimeront une nostalgie de l’Algérie française. L’OAS ne sera pas citée directement, sauf qu’on peut s’interroger si l’évocation « de héros » qui ont donné leur vie dans cette période ne pourraient pas être des membres de ces commandos, des responsables de cette organisation fasciste et terroriste. Depuis, chaque année, une manifestation se déroule devant cette stèle des rapatriés située dans le cimetière Saint-Lazare.
Le reportage de la cérémonie de 2013 montre une affluence moins nombreuse, mais tout aussi nostalgique. Le Chant des Africains, devenu l’hymne de l’OAS, y est entendu avant la Marseillaise. A Montpellier, on trouve aussi la Maison des rapatriés d’outre-mer « Jacques-Roseau » : tout un symbole ! Inaugurée en mars 1978 par le maire Georges Frêche, la Maison des rapatriés d’outre-mer initiale se situait au 36, rue Pitot, dans l’ancienne caserne des pompiers. Cette grande première en France est un succès, et l’initiative sera imitée à Aix-en-Provence, Cannes ou encore Marseille.
Les locaux s’avérant rapidement trop exigus, la construction d’un nouveau bâtiment dans le quartier du Mas Drevon, à proximité de la Maison pour Tous Albert Camus et du parc Tastavin, est décidée. Cette nouvelle Maison des rapatriés, sur deux niveaux, est inaugurée le 22 décembre 1986, toujours par Georges Frêche, puis agrandie en 1994. Elle dispose au rez-de-chaussée d’une salle polyvalente qui porte le nom d’une autre grande figure pied-noir locale, le docteur Jean Rosecchi. Jacques Roseau : figure montpelliéraine, acteur de l’histoire de la France et de l’Algérie.
Né en 1938 à Alger, Jacques Roseau était une figure militante des rapatriés d’Algérie. A l’âge de 20 ans, il est le leader de l’Association des lycéens d’Algérie et fait partie du Comité de salut public d’Alger en 1958. Il adhère ensuite à la branche « étudiants » de l’OAS à son retour du service militaire en septembre 1961, mais prend rapidement ses distances avec l’organisation terroriste, en désapprouvant publiquement les exécutions aveugles de musulmans.
Il quitte l’Algérie avec sa famille en juin 1962. Jacques Roseau fonde une première association rapatriée en 1970, avant de créer Le Recours avec Guy Forzy en 1975. L’objectif est de défendre les droits et les intérêts des rapatriés en fédérant une mosaïque d’associations rivales. Jouant habilement sur le poids de l’électorat pied-noir, réel ou fantasmé, il parvient à négocier des compensations en faveur des rapatriés d’Algérie, en soutenant François Mitterrand puis Jacques Chirac. Localement, son soutien va au socialiste Georges Frêche. Agressé et menacé à plusieurs reprises par l’extrême droite, qui lui reprochait notamment son rapprochement avec les héritiers du gaullisme, il meurt assassiné par balles, abattu par trois nostalgiques de l’OAS, le 5 mars 1993 à Montpellier.
La face hideuse du colonialisme
Nullement dans la réalité, la terrible discrimination, pendant la guerre et bien avant, entre les deux collèges n’est pas évoquée, car les voix des « indigènes » comptaient dix fois moins que celle des pieds-noirs. Certes, dans les grandes villes : Alger, Oran et Constantine, les indigènes pouvaient, moins difficilement, avoir accès à l’enseignement public, mais dans les campagnes, à quelques exceptions près, seuls les pieds-noirs pouvaient aller à l’école.
Henri s’étonne que certains crimes sont évoqués comme de simples exactions. D’autres sont carrément occultés, et ils sont légion, comme les viols, les crevettes Bigeard, les exécutions sommaires, l’utilisation des gaz Vs et Sarin, les villages rasés au Napalm, les camps d’internement pudiquement appelés camps de regroupement. A ce propos, se souvient-il, le rapport Rocard réalisé avant la fin de la guerre minimise.
Cet aspect, évaluant le nombre de morts à environ 200 000, ce qui est loin de refléter la réalité. Henri dit avoir consulté les archives de l’armée concernant la période et sur une toute petite partie d’Alger, là où sévissait le régiment dont je dépendais, j’ai décompté une moyenne de sept attentats par jour, dont la moitié du fait de l’OAS. « Par ailleurs, dans une contribution parue dans le journal en ligne Médiapart, Henri a noté que le rapport de M. Stora évoquait, certes, la violence lors de la conquête de l’Algérie ‘mais semble beaucoup minimiser les enfumades, les répressions, les exécutions sommaires, qui se sont poursuivies férocement à chaque contestation des effets de la barbarie du colonialisme’. »
Bio express
Henri Pouillot, né en 1938, en Sologne, luttera pour obtenir, encore aujourd’hui, en vain, pour que la France reconnaisse et condamne sa responsabilité dans les crimes commis en son nom dans cette période 1952-1962. Il ne cessera de montrer les liens, la filiation entre l’OAS et le FN/RN, et cette dangerosité. La montée de cette nostalgie de l’Algérie française va de pair avec la montée de l’extrême droite en rance, ces 20 dernières années, constate-t-il.
Rassemblement antifasciste sur l’esplanade toujours au nom de Pierre Sergent en dépit d’une décision de justice, rendue le 04/02/2025, condamnant la mairie RN à retirer cette plaque. La mairie a fait appel du jugement. Cet appel n’est pas suspensif (ce qui signifie que la décision de justice doit être appliquée).
Prise de paroleà deux voix
Jacki Malléa, co-fondateur de l’ANPNPA, et Catherine Sicart, secrétaire de l’ANPNPA
Die-inet texte de notre prise de parole
Die-in
71 personnes à terre sur l’esplanade Pierre Sergent pour symboliser les 71 victimes des attentats de l’OAS sur le territoire métropolitain
Texte
L’OAS, c’est l’histoire d’un combat perdu en 1962 … perdu mais qui perdure, et qui reprend du poil de la bête depuis une vingtaine d’années.
En 2025, les factieux de l’OAS sont toujours là, réhabilités, commémorés, sacralisés par leurs descendants idéologiques. Des stèles leur sont dressées. Leurs noms s’affichent sur les plaques de nos rues et de cette l’esplanade. À Perpignan, et ailleurs.
Leurs émules ont micro ouvert : ils légitiment l’action de l’OAS, et dans le même temps, restaurent le passé colonial. Leurs idées infusent l’espace et le débat publics. Elles normalisent des discours qui bafouent les principes démocratiques. Elles mettent en place, avec des moyens technologiques sans précédent, un nouveau cadre de « valeurs » – identitaires, xénophobes, racistes – fondées sur la haine obsessionnelle de l’Autre, et en particulier du musulman.
Les idées ne peuvent être dissociées de l’histoire dont elles sont issues, et donc ici de celle de l’OAS qui en est la matrice.
Retour sur un passé qui ne passe pas, et qui assombrit notre avenir.
…… Die-in
On les appelle les « ultras ».
À la suite du référendum sur l’autodétermination du 8 janvier 1961, ils fondent l’OAS – Organisation Armée secrète – le 11 février 1961, à Madrid. Et ce n’est pas un hasard si ce mouvement clandestin terroriste naît dans l’Espagne franquiste.
Objectif : inverser le cours de l’histoire, bloquer la marche de l’Algérie vers l’indépendance, bref : « sauver » l’Algérie française.
Au nom de la civilisation, l’OAS privilégie l’action directe par les armes.
D’abord, le plastic, à titre d’avertissement, puis la balle dans la tête.
Ces exécutions, appelées OP ou OPA pour « opérations ponctuelles armées », sont présentées dans des tracts comme des opérations de « désinfection ». Elles sont mises en œuvre par les commandos « Delta » dirigés par Roger Degueldre et le docteur Perez.
Les pratiques de l’OAS passent de l’intimidation à l’exécution ciblée, puis de l’exécution ciblée à l’attentat aveugle, et s’achève, après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, par la politique de la terre brûlée.
L’OAS fera plus de victimes civiles en un an que le FLN en huit ans.
……
Qui sont les cibles de l’OAS ? Tous ceux jugés « complices » du FLN, ou soupçonnés de « complicité ».
En priorité des Algériens. Également des Européens d’Algérie et des métropolitains : militants de gauche, libéraux, représentants de l’État, personnalités politiques, principalement communistes et gaullistes, intellectuels, journalistes, et autres (je cite) « agents de la politique d’abandon ». Et au-delà, tout partisan d’un dialogue franco-algérien.
Des édifices publics sont visés, en particulier des mairies, des moyens de transport, des infrastructures publiques électriques, entre autres.
De plus, l’OAS pratique des mitraillages de cafés (d’ailleurs attribués au FLN), et organise des « nuits bleues » avec des séries d’attentats à l’explosif simultanés ou très rapprochés.
Ce climat de terreur sera exporté en France métropolitaine.
……
Et c’est ainsi que Pierre Sergent, ancien d’Indochine et putschiste d’avril 1961, crée, en juin 61, la branche métropolitaine de l’OAS (l’OAS-Métro).
Il forme, en Métropole, des commandos « Delta » et y dirige une série d’attentats ciblés. Poursuivi pour attentat et complot contre l’État, il est condamné à mort par contumace en 1962 et 1964. Il revient en France après l’amnistie de 1968. Il rejoint ensuite le Front national, dont il devient député en 1986.
Pierre Sergent appartient à une organisation qui a assassiné deux maires en France métropolitaine (Evian et Alençon), qui a tenté un coup d’État en avril 1961 pour renverser la République, qui a organisé deux attentats contre le président de la République en fonction, entre autres.
Pierre Sergent appartient à une organisation dont le bilan est le suivant :
En Algérie : 13 109 attentats, 2 500 morts, dont une majorité d’Algériens ;
En France : 700 attentats, 71 morts et près de 400 blessés.
La mairie RN de Perpignan célèbre donc un séditieux et un assassin.
Le FN/RN dont la filiation avec l’OAS est établie poursuit le projet anti-démocratique de son ancêtre en installant, dans notre société, un climat favorable au développement d’idées inacceptables et potentiellement criminelles.
La montée en escalade des propos tenus par les politiques français contre l’Algérie a atteint son paroxysme et fait la une de l’actualité. Cela paraît d’autant plus surprenant que cette tendance à l’insulte, à la haine et à la désinformation est devenue banalité dans la grande partie des médias.
Pour avoir établi un lien entre certaines pratiques du nazisme – le massacre d’« Oradour sur Glane », en 1944, en France – et celles du colonialisme – « des centaines d’« Oradour » en Algérie » au XIXe siècle – le journaliste Jean-Michel Aphatie, est tombé sous le coup d’une instruction par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, l’Arcom.
Les massacres (1832, 1845,1852, 1871,1945, 1954, 1955 ) qu’a évoqués le journaliste sont, non seulement ignorés du grand public, mais surtout niés par les médias qui s’arrogent le droit à l’information/désinformation sur les réalités historiques relatives à l’histoire de France et qui se livrent, en ce qui concerne l’ Algérie, à une véritable propagande, qui n’a d’égale que celle qui a existé pendant la guerre qu’a livrée la France à ce pays entre 1954 et 1962.
Nous, soussigné.e.s, exigeons aucune poursuite contre Jean Michel Aphatie et contre tous les journalistes et les syndicalistes qui, comme lui, ont été injustement maltraités pour avoir respecté l’éthique de l’information. Nous dénonçons le parti pris des médias et ici de l’Arcom qui n’a émis aucune sanction à l’encontre des hommes politiques et des journalistes ayant proféré des propos haineux contre les Algériens ou des Palestiniens. Nous protestons avec vigueur contre des pratiques déshonorantes. Nous réclamons une information juste, équilibrée, respectueuse de l’histoire de France dans son intégralité et réclamons des institutions françaises une attitude égalitaire et envers tous les citoyens de ce pays.
Diane Gastellu (présidente LDH Villefranche de Rouergue-Decazeville)
Elichiry Marie-Laure (citoyenne)
Xavier Guernier (enseignant – retraité)
Enzo Cormann (écrivain)
Françoise Fiter (vice-présidente PCF CD66)
Belibel Kamel
Benmansour Othmane
Fred Périé (cinéaste et plasticien – Lorient)
Laurence Bismuth (militante syndicale et anticoloniale)
Jean-Pierre Boudine (professeur agrégé de mathématiques, auteur)
Agnès Salomon
Zahra Romenteau
Christophe Chomant (éditeur – Rouen)
Françoise Bouvier
Emi Serres (chef de terrain étude marketing)
Jacques Gragnon
Sadia Mezbo
Nassima Reale (responsable marketing médical)
Morad Ait-Habbouche (agence de presse)
Agathe Ninnin
Mireille Provansal-Lippmann (bénévole à La Cimade Aix en Provence, professeur émérite retraitée université Aix-Marseille, fille de résistants engagés contre la guerre d’Algérie)
Edith Meyer (retraitée)
Arthur Porto (formateur secteur éducatif, retraité)
Docteur François Provansal (Psychiatre)
Frédéric Durand (technicien et citoyen)
Camille Lévy Sarfati (autrice et curatrice)
Jean-Pierre Bouché (militant anti-colonial)
Catherine Marin-Guiton (enseignante retraitée)
Jeanne Larue (vice-Présidente du Département d’Ille et Vilaine en charge de l’Education
Conseillère départementale du canton de Rennes 3 (Blosne-Poterie-Chantepie)
Emma Tambou Marianna (étudiante)
Paul-Antoine Gauchon, Alixan (26)
Nathalie Blanchard (Action populaire en marais poitevin)
Sihem Ghorab
Linda Ouabdi Cherki (citoyenne)
Annick Brun
Françoise Lachqar
Michel Garcia
Jean-Philippe Milet (professeur de philosophie – Auvers-sur-Oise)
Virgine Serraï, docteure en littératures française et francophone (domaine de recherche : le colonisation en Algérie et la guerre d’Algérie)
Mael Barbier
Yasmina Bouzerara
F. Thevenin
Mohamed Sekkal (médecin)
Vivian Poux
Fabrice Colland
Christophe Montagnon
Hakan Sevindik (juriste)
François Jourdes
Hemmerlé Stéphane (citoyen et amateur d’histoire)
Annie Magnier
Djamel Bouzerara
Paul Bouffartigue (sociologue)
Sylvain Tichadou (intermittent du spectacle)
Marie-Louise Garcia
Didier Epsztajn (animateur du blog « entre les lignes entre les mots »)
Haccoun Aicha (infirmière APHP)
Anne Eydoux (économiste, Cnam)
Mourad Makri
Benghalem Salah
Olivier Jean (architecte, cadre de la fonction publique en retraite) Brahim Madaci (journaliste)
Christophe Prévost (journaliste culturel et élu)
Eric Lesaunier (retraité) Christine Lesaunier (retraitée)
Frédéric Haglund (enseignant de mathématiques – 91)
Jullia Damien (professeur des écoles)
Antoine Schmitt (artiste)
Gérard Boidron
Florence Jullien
Michel Martre
Ève Engel (professeur des écoles en REP)
Gamal Abina (journaliste consultant international sur la chaîne AL-24 news)
Claude Boucher (LDH Paris 18ème, Asst JC Einaudi)
Henri Pouillot (militant antiraciste, anticolonialiste)
Jean-Marie Simonet (photojournaliste à la retraite)
Pierre Déjean (informaticien retraité)
Aude Bonnin
Stéphane Jeannot (consultant en ESS et professeur d’économie)
Alice Salomon
Gilles Boillot
Anne-Marie Pauleau (IA-IPR retraitée)
Christon Hansma
Jean-Pierre Zemmour (militant des droits de l’homme et décolonial)
Catherine Teillard
Olivier Gloag (chercheur en littérature)
Nadia Zaimeddine (travailleuse sociale)
Michel Volovitch (biologiste, ENS)
Hélène Cartus
José Alcala (auteur-réalisateur)
Claire Bouillot-Salomon
Christine Daurat (citoyenne)
Veronique Simonet
Abeid Mohamed Embarec (président de l’association sahraouie Fils de nuages )
Meskaldji Aref (agent territorial)
Gérard Ameslon
Alain Blanchard (professeur d’astrophysique, université de Toulouse)
Françoise Escarpit (journaliste honoraire)
Patrice Rigaud (professeur agrégé de mathématiques)
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Pierre Macias
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Abdou Oudba
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Mehdi Lahlou (professeur)
Pierre-Yves D’Authenay (retraité de la FPE)
Leïla Petit (enseignante spécialisée)
Farid Bakhouche (chef de chantier en retraite)
Kamel Malik (gérant de sociétés dans l’immobilier – Toulouse )
Marie-Christine Callet
Waheb Bekkar (artiste musicien – Strasbourg)
Hutin Stanislas (4ACG – Anciens appelés et leurs amis contre la guerre)
Corinne Gazeau (retraitée)
Roshdi Rashed (directeur de recherche émérite au CNRS)
Selma Benavent (enseignante)
Francesco Correale (historien, CNRS, UMR 7324 CITERES – Tours)
Sébastien Dubois
Noura Larabi
Florence Willaert (4ACG)
David Robert (enseignant)
Aubin Hellot (cinéaste)
Isabelle Capek
José Tovar (professeur, syndicaliste, citoyen – Noisy le Sec)
La majorité RN à la tête de la ville avait décidé d’attribuer à l’esplanade du square Bir Hakeim le nom de Pierre Sergent, ancien chef d’état-major et de l’organisation de l’armée secrète (OAS)
04/02/2025 – Le tribunal administratif de Montpellier a décidé d’annuler ce jour la délibération du 2 septembre 2022 du conseil municipal de Perpignan. La majorité RN à la tête de la ville avait décidé d’attribuer à l’esplanade du square Bir Hakeim le nom de Pierre Sergent, ancien chef d’état-major et de l’organisation de l’armée secrète (OAS), condamné à mort par contumace en 1962 pour avoir commandité des actes de terrorisme et des tentatives d’assassinats. Amnistié en 1968, Pierre Sergent avait été élu député FN des P.O.
La décision de la mairie avait provoqué des manifestations de nombreuses associations et deux recours devant le TA, de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et de SOS Racisme.
Le Tribunal a estimé que la délibération « a été de nature à heurter significativement la sensibilité du public » et « a été entachée d’une erreur manifeste d’appréciation. » La ville de Perpignan est par ailleurs condamnée à payer 800 € à la LDH et autant à SOS Racisme.
A travers un communiqué publié le jour même, la municipalité de Perpignan annonce qu’elle fera appel de cette décision.