Relations  franco-algériennes : les tensions s’exacerbent – Samia Naït Iqbal

Sujettes à de récurrentes perturbations, les relations franco-algérienne ont rarement connu un niveau de dégradation que celui observé ces derniers jours, en raison de l’accumulation de tensions qui se sont exacerbées depuis la fin de l’année 2024.

Les déclarations polémiques au vitriol échangées entre les présidents des deux pays autour de l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal sont les signes avant-coureurs d’une montée en cadence dans l’escalade verbale d’un degré jamais égalé.

Le  refus de l’Algérie d’accueillir sur son sol « l’influenceur » algérien de 59 ans expulsé de France  jeudi dernier après-midi vient de donner une  tournure imprévisible aux relations bilatérales entre l’Algérie et l’ex-puissance coloniale.

 Au sens des autorités françaises ce refus est un acte de défiance, « d’humiliation » qui ne restera pas sans réponse, promet le ministre français de l’Intérieur, le très droitier Bernard Retailleau.

« La France ne peut pas supporter cette situation. L’Algérie cherche à humilier la France. Nous devons désormais évaluer tous les moyens à notre disposition vis-à-vis de l’Algérie pour défendre nos intérêts », dira avec fermeté  le ministre français de l’Intérieur, en réaction à la fin de non-recevoir opposée par l’Algérie à l’exécution d’une disposition judiciaire qui n’est pourtant  pas la première du genre entre les deux pays.

En effet, il est incompréhensible qu’un Etat qui se dit protecteur de ses citoyens refuse d’accueillir un des siens quand il est expulsé par un autre pays. En vrai, l’Algérie n’a rien trouvé de mieux pour agacer Paris que de refuser un des siens, qui sera du coup offert aux prisons françaises. Le régime, pour chatouiller l’orgueil des Algériens, sacrifie un de ses « combattants » de l’ombre pour la bonne cause en somme !

Cela d’autant plus que la décision concerne un citoyen de nationalité algérienne qui vient de faire l’objet  d’une mesure  administrative de déchéance de sa qualité de résidant sur le sol français et d’expulsion suite à des appels à la violence et au meurtre d’opposants algériens au régime du président Abdelmadjid Tebboune.

Le bon sens aurait voulu que cet individu soit accueilli mais non, le régime préfère le renvoyer. Ce qui a les faveurs bien entendu du concerné qui, bien que critique envers la France et défenseur zélé du régime algérien, ne veut aucunement être renvoyé en Algérie. Tout le paradoxe de ces « tiktokeurs » est là.

Il va sans dire que cette fermeté affichée par le ministre français de l’Intérieur est du pain béni pour les autorités algériennes en mal de reconnaissance interne. Elles surferont encore sur le passé pour cacher les avanies de l’actualité.

Il n’est pas exclu de voir ladite réponse de même que l’évolution inattendue que connaissent les relations entre la France et l’Algérie avoir faire l’objet d’un examen par anticipation, lors  de la réunion du Conseil de sécurité de jeudi dernier. Un conclave annoncé mais dont l’ordre du jour est resté secret.

Visiblement, le conflit a atteint un point de non non-retour. Reste à savoir quelle suite connaîtra cette affaire dans le proche avenir. Les deux capitales s’en tiendront-elles aux mots ou iront-elles jusqu’à la rupture des relations diplomatiques ? Affaire à suivre.

Source : Le Matin d’Algérie – 11/01/2025 – https://lematindalgerie.com/relations-franco-algeriennes-les-tensions-sexacerbent/

Algérie-France : nouvelle crise diplomatique

L’ ambassadeur de France à Alger convoqué et averti par le ministère des AE (ce jour, 15/12/2024)

L’ ambassadeur français en Algérie, Stéphane Romatet, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères. Le quotidien gouvernemental El Moudjahid qui en a fait un compte rendu repris par la radio nationale nous apprend que « des avertissements fermes ont été adressés » à l’ambassadeur de France à Alger. Ci-dessous le contenu :

« L’ Algérie a exprimé son refus catégorique d’accepter à partir de maintenant les pratiques et actes de chantage émanant des autorités françaises et de leurs alliés, notamment des groupes de pression et des résidus de l’extrême droite.

Lors de cet entretien, des avertissements fermes ont été adressés à l’ambassadeur français, lui demandant de les transmettre aux autorités françaises, suite à l’intensification des actes hostiles commis par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française, visant les institutions de l’État algérien dans le but de déstabiliser le pays et nuire à ses intérêts.

Ainsi l’ambassadeur français a été informé que, compte tenu de la gravité des faits avérés, étayés par des preuves irréfutables, l’Algérie ne restera pas passive et que Paris doit s’attendre à des ripostes vigoureuses. »

Cette mise en garde qui renseigne sur la gravité des relations entre Alger et Paris arrive suite à l’arrestation et l’emprisonnement de Boualem Sansal à la mi-novembre dernier. Une campagne virulente a été menée par des franges de l’extrême droite pour réclamer sa libération. La violence et la haine exprimées par l’extrême droite ne justifie aucunement le placement en détention provisoire de Boualem Sansal (75 ans).

En réalité, l’affaire de l’écrivain Boualem Sansal a révélé les pratiques du pouvoir en grand jour et a une lumière crue sur les violations des droits humains et de l’État de droit. Esprit libre, Boualem Sansal, arbitrairement arrêté, s’ajoute malheureusement au 215 détenus d’opinion qui croupissent dans les prisons.

Enfin, nous rappelons que l’Algérie a rappelé son ambassadeur l’été dernier suite au soutien d’Emmanuel Macron pour le plan d’autonomie de Mohammed VI pour le Sahara occidental. Il y a quelques jours, c’est la chaîne de télévision publique Al24 qui diffuse un documentaire accusant les services français de tentative de déstabilisation de l’Algérie. Malgré la gravité des accusations, ce document n’a pas recueilli de réaction officielle française.

Que fera la France ? Rappellera-t-elle son ambassadeur ?

Source : Le Matin d’Algérie – 15/12/2024 – Sofiane Ayache – https://lematindalgerie.com/lambassadeur-de-france-a-alger-convoque-et-averti-par-le-ministere-des-ae/