Rassemblement antifasciste sur l’esplanade toujours au nom de Pierre Sergent en dépit d’une décision de justice, rendue le 04/02/2025, condamnant la mairie RN à retirer cette plaque. La mairie a fait appel du jugement. Cet appel n’est pas suspensif (ce qui signifie que la décision de justice doit être appliquée).
Prise de paroleà deux voix
Jacki Malléa, co-fondateur de l’ANPNPA, et Catherine Sicart, secrétaire de l’ANPNPA
Die-inet texte de notre prise de parole
Die-in
71 personnes à terre sur l’esplanade Pierre Sergent pour symboliser les 71 victimes des attentats de l’OAS sur le territoire métropolitain
Texte
L’OAS, c’est l’histoire d’un combat perdu en 1962 … perdu mais qui perdure, et qui reprend du poil de la bête depuis une vingtaine d’années.
En 2025, les factieux de l’OAS sont toujours là, réhabilités, commémorés, sacralisés par leurs descendants idéologiques. Des stèles leur sont dressées. Leurs noms s’affichent sur les plaques de nos rues et de cette l’esplanade. À Perpignan, et ailleurs.
Leurs émules ont micro ouvert : ils légitiment l’action de l’OAS, et dans le même temps, restaurent le passé colonial. Leurs idées infusent l’espace et le débat publics. Elles normalisent des discours qui bafouent les principes démocratiques. Elles mettent en place, avec des moyens technologiques sans précédent, un nouveau cadre de « valeurs » – identitaires, xénophobes, racistes – fondées sur la haine obsessionnelle de l’Autre, et en particulier du musulman.
Les idées ne peuvent être dissociées de l’histoire dont elles sont issues, et donc ici de celle de l’OAS qui en est la matrice.
Retour sur un passé qui ne passe pas, et qui assombrit notre avenir.
…… Die-in
On les appelle les « ultras ».
À la suite du référendum sur l’autodétermination du 8 janvier 1961, ils fondent l’OAS – Organisation Armée secrète – le 11 février 1961, à Madrid. Et ce n’est pas un hasard si ce mouvement clandestin terroriste naît dans l’Espagne franquiste.
Objectif : inverser le cours de l’histoire, bloquer la marche de l’Algérie vers l’indépendance, bref : « sauver » l’Algérie française.
Au nom de la civilisation, l’OAS privilégie l’action directe par les armes.
D’abord, le plastic, à titre d’avertissement, puis la balle dans la tête.
Ces exécutions, appelées OP ou OPA pour « opérations ponctuelles armées », sont présentées dans des tracts comme des opérations de « désinfection ». Elles sont mises en œuvre par les commandos « Delta » dirigés par Roger Degueldre et le docteur Perez.
Les pratiques de l’OAS passent de l’intimidation à l’exécution ciblée, puis de l’exécution ciblée à l’attentat aveugle, et s’achève, après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, par la politique de la terre brûlée.
L’OAS fera plus de victimes civiles en un an que le FLN en huit ans.
……
Qui sont les cibles de l’OAS ? Tous ceux jugés « complices » du FLN, ou soupçonnés de « complicité ».
En priorité des Algériens. Également des Européens d’Algérie et des métropolitains : militants de gauche, libéraux, représentants de l’État, personnalités politiques, principalement communistes et gaullistes, intellectuels, journalistes, et autres (je cite) « agents de la politique d’abandon ». Et au-delà, tout partisan d’un dialogue franco-algérien.
Des édifices publics sont visés, en particulier des mairies, des moyens de transport, des infrastructures publiques électriques, entre autres.
De plus, l’OAS pratique des mitraillages de cafés (d’ailleurs attribués au FLN), et organise des « nuits bleues » avec des séries d’attentats à l’explosif simultanés ou très rapprochés.
Ce climat de terreur sera exporté en France métropolitaine.
……
Et c’est ainsi que Pierre Sergent, ancien d’Indochine et putschiste d’avril 1961, crée, en juin 61, la branche métropolitaine de l’OAS (l’OAS-Métro).
Il forme, en Métropole, des commandos « Delta » et y dirige une série d’attentats ciblés. Poursuivi pour attentat et complot contre l’État, il est condamné à mort par contumace en 1962 et 1964. Il revient en France après l’amnistie de 1968. Il rejoint ensuite le Front national, dont il devient député en 1986.
Pierre Sergent appartient à une organisation qui a assassiné deux maires en France métropolitaine (Evian et Alençon), qui a tenté un coup d’État en avril 1961 pour renverser la République, qui a organisé deux attentats contre le président de la République en fonction, entre autres.
Pierre Sergent appartient à une organisation dont le bilan est le suivant :
En Algérie : 13 109 attentats, 2 500 morts, dont une majorité d’Algériens ;
En France : 700 attentats, 71 morts et près de 400 blessés.
La mairie RN de Perpignan célèbre donc un séditieux et un assassin.
Le FN/RN dont la filiation avec l’OAS est établie poursuit le projet anti-démocratique de son ancêtre en installant, dans notre société, un climat favorable au développement d’idées inacceptables et potentiellement criminelles.
La montée en escalade des propos tenus par les politiques français contre l’Algérie a atteint son paroxysme et fait la une de l’actualité. Cela paraît d’autant plus surprenant que cette tendance à l’insulte, à la haine et à la désinformation est devenue banalité dans la grande partie des médias.
Pour avoir établi un lien entre certaines pratiques du nazisme – le massacre d’« Oradour sur Glane », en 1944, en France – et celles du colonialisme – « des centaines d’« Oradour » en Algérie » au XIXe siècle – le journaliste Jean-Michel Aphatie, est tombé sous le coup d’une instruction par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, l’Arcom.
Les massacres (1832, 1845,1852, 1871,1945, 1954, 1955 ) qu’a évoqués le journaliste sont, non seulement ignorés du grand public, mais surtout niés par les médias qui s’arrogent le droit à l’information/désinformation sur les réalités historiques relatives à l’histoire de France et qui se livrent, en ce qui concerne l’ Algérie, à une véritable propagande, qui n’a d’égale que celle qui a existé pendant la guerre qu’a livrée la France à ce pays entre 1954 et 1962.
Nous, soussigné.e.s, exigeons aucune poursuite contre Jean Michel Aphatie et contre tous les journalistes et les syndicalistes qui, comme lui, ont été injustement maltraités pour avoir respecté l’éthique de l’information. Nous dénonçons le parti pris des médias et ici de l’Arcom qui n’a émis aucune sanction à l’encontre des hommes politiques et des journalistes ayant proféré des propos haineux contre les Algériens ou des Palestiniens. Nous protestons avec vigueur contre des pratiques déshonorantes. Nous réclamons une information juste, équilibrée, respectueuse de l’histoire de France dans son intégralité et réclamons des institutions françaises une attitude égalitaire et envers tous les citoyens de ce pays.
Diane Gastellu (présidente LDH Villefranche de Rouergue-Decazeville)
Elichiry Marie-Laure (citoyenne)
Xavier Guernier (enseignant – retraité)
Enzo Cormann (écrivain)
Françoise Fiter (vice-présidente PCF CD66)
Belibel Kamel
Benmansour Othmane
Fred Périé (cinéaste et plasticien – Lorient)
Laurence Bismuth (militante syndicale et anticoloniale)
Jean-Pierre Boudine (professeur agrégé de mathématiques, auteur)
Agnès Salomon
Zahra Romenteau
Christophe Chomant (éditeur – Rouen)
Françoise Bouvier
Emi Serres (chef de terrain étude marketing)
Jacques Gragnon
Sadia Mezbo
Nassima Reale (responsable marketing médical)
Morad Ait-Habbouche (agence de presse)
Agathe Ninnin
Mireille Provansal-Lippmann (bénévole à La Cimade Aix en Provence, professeur émérite retraitée université Aix-Marseille, fille de résistants engagés contre la guerre d’Algérie)
Edith Meyer (retraitée)
Arthur Porto (formateur secteur éducatif, retraité)
Docteur François Provansal (Psychiatre)
Frédéric Durand (technicien et citoyen)
Camille Lévy Sarfati (autrice et curatrice)
Jean-Pierre Bouché (militant anti-colonial)
Catherine Marin-Guiton (enseignante retraitée)
Jeanne Larue (vice-Présidente du Département d’Ille et Vilaine en charge de l’Education
Conseillère départementale du canton de Rennes 3 (Blosne-Poterie-Chantepie)
Emma Tambou Marianna (étudiante)
Paul-Antoine Gauchon, Alixan (26)
Nathalie Blanchard (Action populaire en marais poitevin)
Sihem Ghorab
Linda Ouabdi Cherki (citoyenne)
Annick Brun
Françoise Lachqar
Michel Garcia
Jean-Philippe Milet (professeur de philosophie – Auvers-sur-Oise)
Virgine Serraï, docteure en littératures française et francophone (domaine de recherche : le colonisation en Algérie et la guerre d’Algérie)
Mael Barbier
Yasmina Bouzerara
F. Thevenin
Mohamed Sekkal (médecin)
Vivian Poux
Fabrice Colland
Christophe Montagnon
Hakan Sevindik (juriste)
François Jourdes
Hemmerlé Stéphane (citoyen et amateur d’histoire)
Annie Magnier
Djamel Bouzerara
Paul Bouffartigue (sociologue)
Sylvain Tichadou (intermittent du spectacle)
Marie-Louise Garcia
Didier Epsztajn (animateur du blog « entre les lignes entre les mots »)
Haccoun Aicha (infirmière APHP)
Anne Eydoux (économiste, Cnam)
Mourad Makri
Benghalem Salah
Olivier Jean (architecte, cadre de la fonction publique en retraite) Brahim Madaci (journaliste)
Christophe Prévost (journaliste culturel et élu)
Eric Lesaunier (retraité) Christine Lesaunier (retraitée)
Frédéric Haglund (enseignant de mathématiques – 91)
Jullia Damien (professeur des écoles)
Antoine Schmitt (artiste)
Gérard Boidron
Florence Jullien
Michel Martre
Ève Engel (professeur des écoles en REP)
Gamal Abina (journaliste consultant international sur la chaîne AL-24 news)
Claude Boucher (LDH Paris 18ème, Asst JC Einaudi)
Henri Pouillot (militant antiraciste, anticolonialiste)
Jean-Marie Simonet (photojournaliste à la retraite)
Pierre Déjean (informaticien retraité)
Aude Bonnin
Stéphane Jeannot (consultant en ESS et professeur d’économie)
Alice Salomon
Gilles Boillot
Anne-Marie Pauleau (IA-IPR retraitée)
Christon Hansma
Jean-Pierre Zemmour (militant des droits de l’homme et décolonial)
Catherine Teillard
Olivier Gloag (chercheur en littérature)
Nadia Zaimeddine (travailleuse sociale)
Michel Volovitch (biologiste, ENS)
Hélène Cartus
José Alcala (auteur-réalisateur)
Claire Bouillot-Salomon
Christine Daurat (citoyenne)
Veronique Simonet
Abeid Mohamed Embarec (président de l’association sahraouie Fils de nuages )
Meskaldji Aref (agent territorial)
Gérard Ameslon
Alain Blanchard (professeur d’astrophysique, université de Toulouse)
Françoise Escarpit (journaliste honoraire)
Patrice Rigaud (professeur agrégé de mathématiques)
Ahmed Dahmani (économiste)
Lila Lehbiben
Alain Bertho (professeur émérite d’anthropologie, Paris 8)
Mathilde Larrere (historienne)
Coriou Marie-Laure (vendeuse en librairie, en retraite)
Georges Rivière (graphiste)
Thierry Ducloux (retraité)
Catherine Galey
Michel-Denis Perrussel (retraité de l’Éducation nationale)
Robert Cremieux
Marion Duteurtre
Nordine Amer
Danielle Tribes
Henri Santamaria
Debret Mary
Pierre Macias
Frédéric Zarch
Annie Bussienne
Chaffard Claudia
Michel Berthelemy, 4ACG
Guy Lecroq
Olivier Schwartzbard (économiste consultant)
Maxime Rouquet
Farid Sidi Boumedine (pharmacien, docteur en sciences de l’information)
Maryse Gary Daoudi
Abdou Oudba
Patrick Fortunati
Joël Nogues (travailleur social)
Anja Rayé
Robert Koch (journaliste honoraire, AFP)
Jordi Grau (professeur de philosophie)
Anne Connan
Jean-Marie Tournier
Cyrille Ginglinger (Strasbourg)
Mehdi Lahlou (professeur)
Pierre-Yves D’Authenay (retraité de la FPE)
Leïla Petit (enseignante spécialisée)
Farid Bakhouche (chef de chantier en retraite)
Kamel Malik (gérant de sociétés dans l’immobilier – Toulouse )
Marie-Christine Callet
Waheb Bekkar (artiste musicien – Strasbourg)
Hutin Stanislas (4ACG – Anciens appelés et leurs amis contre la guerre)
Corinne Gazeau (retraitée)
Roshdi Rashed (directeur de recherche émérite au CNRS)
Selma Benavent (enseignante)
Francesco Correale (historien, CNRS, UMR 7324 CITERES – Tours)
Sébastien Dubois
Noura Larabi
Florence Willaert (4ACG)
David Robert (enseignant)
Aubin Hellot (cinéaste)
Isabelle Capek
José Tovar (professeur, syndicaliste, citoyen – Noisy le Sec)
La majorité RN à la tête de la ville avait décidé d’attribuer à l’esplanade du square Bir Hakeim le nom de Pierre Sergent, ancien chef d’état-major et de l’organisation de l’armée secrète (OAS)
04/02/2025 – Le tribunal administratif de Montpellier a décidé d’annuler ce jour la délibération du 2 septembre 2022 du conseil municipal de Perpignan. La majorité RN à la tête de la ville avait décidé d’attribuer à l’esplanade du square Bir Hakeim le nom de Pierre Sergent, ancien chef d’état-major et de l’organisation de l’armée secrète (OAS), condamné à mort par contumace en 1962 pour avoir commandité des actes de terrorisme et des tentatives d’assassinats. Amnistié en 1968, Pierre Sergent avait été élu député FN des P.O.
La décision de la mairie avait provoqué des manifestations de nombreuses associations et deux recours devant le TA, de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et de SOS Racisme.
Le Tribunal a estimé que la délibération « a été de nature à heurter significativement la sensibilité du public » et « a été entachée d’une erreur manifeste d’appréciation. » La ville de Perpignan est par ailleurs condamnée à payer 800 € à la LDH et autant à SOS Racisme.
A travers un communiqué publié le jour même, la municipalité de Perpignan annonce qu’elle fera appel de cette décision.
Pour la reconnaissance des responsabilités de l’État dans le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie
Le lundi 4 mars 2024, à 11h, dans la salle Alfred Dreyfus de la Ligue des Droits de l’Homme, 138 rue Marcadet, à Paris, les associations soussignées ont présenté un appel aux autorités de la République pour la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans le recours à la torture durant la guerre d’Algérie.
Le recours à la torture reconnu, pourquoi demander de reconnaître la responsabilité de l’État ?
Engrenage de la violence et de la peur, il n’y a pas de guerre sans crimes de guerre et crimes contre l’humanité́, mais comme l’a écrit Jean-Paul Sartre, en 1958, dans le cours des événements s’agissant de la torture : « si rien ne protège une nation contre elle-même, ni son passé, ni ses fidélités, ni ses propres lois, s’il suffit de quinze ans pour changer en bourreaux les victimes, c’est que l’occasion décide seule, selon l’occasion n’importe qui, n’importe quand, deviendra victime ou bourreau. »[1] C’est l’implacable réalité́ que la guerre d’Algérie confirme. Contre le silence et le déni, s’engager dans la voie de la compréhension de l’engrenage répressif conduisant au recours à la torture, dont le viol est un instrument constitutif, n’est donc pas un acte de contrition, mais un acte de confiance dans les valeurs de la nation.
Il s’agit d’une initiative s’inscrivant dans les actions menées durant la guerre d’Algérie et depuis 1962, par les organisations présentes et d‘autres organisations, pour dénoncer le recours à la torture, comme système, luttes qui ont permis de sortir du déni.
– Par la reconnaissance, le 12 septembre 2018, par le Président de la République que « Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile, il reconnaît aussi que si sa mort est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a néanmoins été rendue possible par un système, légalement institué : le ‘système arrestation-détention’, mis en place à la faveur des pouvoirs spéciaux qui avaient été confiés par la voie légale aux forces armées. » Puis par la reconnaissance, le 2 mars 2021, que Ali Boumendjel a, lui aussi, été « torturé et assassiné » par l’armée française.
– Et par le communiqué de l’Élysée du 18 octobre 2022 : « Nous reconnaissons avec lucidité́ que dans cette guerre il en est qui, mandatés par le gouvernement pour la gagner à tout prix, se sont placés hors la République. Cette minorité́ de combattants a répandu la terreur, perpétré́ la torture, envers et contre toutes les valeurs d’une République fondée sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. » C’est là, une reconnaissance d’une politique et de décisions prises dans le cadre des institutions de l’État, qui ont conduit à la violation du droit international humanitaire par la France lors de la guerre d’Algérie et de la décolonisation. Mais cette reconnaissance ne répond pas aux interrogations de Pierre Vidal-Naquet qui demande en 1962 dans La Raison d’État : « Comment déterminer le rôle, dans l’État futur, de la magistrature ou de l’armée ou de la police si nous ne savons pas d’abord comment l’État, en tant que tel, s’est comporté devant les problèmes posés par la répression de l’insurrection algérienne, comment il a été informé par ceux dont c’était la mission de l’informer, comment il a réagi en présence de ces informations, comment il a informé́ à son tour les citoyens ? »[2] D’où la volonté de nos organisations de demander clairement la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans le cours des événements et dans l’État futur, donc aujourd’hui.
Agir contre le colonialisme aujourd’hui, ACCA,
Anciens appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre, 4acg,
Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique, AFASPA,
Association Josette & Maurice Audin, AJMA,
Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis, ANPNPA,
Association 17 octobre contre l’oubli,
Association les Oranges,
Association pour la Taxation des opérations financières et pour l’Action Citoyenne, ATTAC
Association Républicaine des Anciens Combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire l’antifascisme et la paix, ARAC,
Au nom de la mémoire
Comité Vérité Justice Charonne
Forum France-Algérie
France-Amérique Latine, FAL,
Histoire coloniale et postcoloniale,
Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons,
Ligue de Droits de l’Homme, LDH
Mouvement de l’Objection de Conscience (Moc-Nancy)
Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, MRAP
Mouvement de la Paix,
Non au Service National Universel,
Réfractaires Non Violents à la guerre d’Algérie, RNVA,
SOS Racisme
Pourquoi la responsabilité de l’État est-elle engagée par le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie ?
Cette responsabilité est engagée à cinq niveaux.
Premièrement, la doctrine de la guerre révolutionnaire, guerre psychologique se fondant sur le triptyque : « terroriser, retourner, pacifier », qui valide la torture, a été théorisée dans le cadre des écoles militaires par des officiers de retour d’Indochine, conceptualisant une doctrine « contre-révolutionnaire », se référant aux écrits sur la guerre de Sun Tzé, aux concepts « pour avoir le peuple de son côté » de Mao tsé-toung et aux théories fascistes du psychologue français Georges Sauge.
Les noms cités ci-dessous, plus qu’à titre personnel, le sont parce que leurs décisions, leurs actions ou leurs théories ont été prises, conduites ou conceptualisées dans le cadre de leurs fonctions, au sein d’instances politiques, militaires ou judiciaires de l’État.
Le principal théoricien de la doctrine de la guerre révolutionnaire fut le colonel Charles Lacheroy alors qu’il était directeur des études au sein du Centre d’études asiatiques et africaines (CEAA), devenu le Centre militaire d’information et de spécialisation pour l’outre-mer (CMISOM). Trois conférences du colonel Lacheroy : La campagne d’Indochine ou une leçon de guerre révolutionnaire, en 1954, Scénario type de guerre révolutionnaire en 1955 et en 1957, à la Sorbonne, Guerre révolutionnaire et arme psychologique, définissent, avec le label du ministère de la Défense, la doctrine française de la guerre révolutionnaire ou guerre psychologique
Le colonel Jean Nemo, auditeur à l’Institut des hautes études de la Défense nationale et le capitaine Jacques Hoggard, qui enseigne au Centre d’études asiatiques et africaines, qui seront promus généraux, furent aussi des théoriciens de la « guerre révolutionnaire. ».
Secondement, la théorie de la guerre révolutionnaire, dont la torture, comme l’a écrit Marie Monique Robin, est un pilier, a été enseignée dès 1955 à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, à l’Institut des hautes études de Défense nationale, à l’École d’état-major, à l’École supérieure de guerre sur décision du général Augustin Guillaume, Chef d’état-major des armées et lors de la guerre d’Algérie fut créé à Arzew, le Centre d’instruction à la pacification et à la contre-guérilla (CIPCG) par Charles Lacheroy et le général Salan, sur l’initiative de Jacques Chaban-Delmas, ministre de la Défense.
Troisièmement, en application du Décret sur les « pouvoirs spéciaux » du gouvernement Guy Mollet, le 8 janvier 1957, Robert Lacoste, ministre résident, transfert les pouvoirs de police à l’armée qui en application de la doctrine de la guerre révolutionnaire, pratique la torture comme système en Algérie. Le Centre de coordination interarmées (CCI) crée sous le commandement du colonel Godard, les DOP (Dispositifs opérationnels de protection), qui sont des centres de tortures pour l’obtention de renseignements. Le général Massu, le général Aussaresses, le colonel Trinquier, le commandant Bigeard, le commandant Léger et d’autres officiers supérieurs ont ordonné ou pratiqué la torture, parmi les exécutants les plus notoires on peut citer les capitaines Faulques et Devis et les lieutenants Charbonnier, Erulin, Le Pen. C’est dans le cadre de l’armée, institution étatique, qu’ils ont commandé ou commis des actes de torture.
Quatrièmement, l’usage de la torture comme système fut couvert dans le cours de la guerre d’Algérie par les Gouvernements successifs.Alors que ceux qui pratiquaient la torture étaient promus et décorés ceux qui la dénonçaient. Le général de Bollardière, fut condamné à 60 jours de forteresse, Claude Bourdet et Patrick Barrat, journalistes, arrêtés, Henri Marrou, universitaire, perquisitionné. La liste est longue des journalistes, universitaires, éditeurs, appelés et rappelés qui ont été jugés et condamnés par des tribunaux civils ou militaires, comme est longue la liste des journaux, revues et livres saisis et celle des associations et organisations poursuivies pour avoir informé et alerté le pouvoir et l’opinion publique.
L’usage de la torture fut aussi couvert par la fin de non-recevoir opposée à ceux qui alertaient de l’intérieur des organismes du pouvoir le gouvernement : Paul Teitgen, qui démissionna de son poste de secrétaire général de la Préfecture d’Alger, Pierre Delavignette, gouverneur général de la France d’outre-mer et Maurice Garçon qui ont démissionné de la Commission de sauvegarde ou Daniel Mayer de son poste de député pour ne citer qu’eux.
Cinquièmement, la torture fut exportée, la doctrine française de la guerre contre-révolutionnaire a été enseignée par des officiers français (Aussaresses, Trinquier …) à l’école de guerre des Amériques à Panama et au Centre d’instruction dans la jungle de Manaus au Brésil qui formaient les officiers des armées d’Amérique du Sud et à Fort Bragg, les officiers états-uniens.
Le concept de « guerre psychologique » n’appartient pas au passé. Produit de « l’école française », le lieutenant-colonel David Galula est considéré aux États-Unis comme le « stratège du XXe siècle ». Après l’Algérie, David Galula, chercheur associé à Harvard, entre en contact avec Henry Kissinger et le général Westmoreland, commandant des opérations au Vietnam. Le livre de David Galula, Contre-insurrection : théorie et pratique, publié aux États-Unis en 2006, est le livre de référence du général David Petreaus, qui qualifie David Galula de « Clausewitz de la contre-insurrection » et a appliqué ses concepts en Irak et en Afghanistan.
La torture comme système de guerre a donc été théorisée, enseignée, pratiquée, couverte et exportée par les gouvernements français, ce qui engage pleinement la responsabilité de l’État signataire des Conventions de Genève. Répondre à cette responsabilité n’est pas un acte de repentance, mais une pédagogie citoyenne.
[1] Jean-Paul Sartre, Une Victoire, Éditions de Midi, 1958, avec La Question d’Henri Alleg, La Cité Éditeur, 1958.
[2] Pierre Vidal-Naquet, La Raison d’État, Éditions de Minuit, 1962.
Demande citoyenne de reconnaissance de la responsabilité de l’État dans le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie
Les conflits actuels ramènent nos consciences aux horreurs de la guerre. Lors de la guerre d’Algérie, de 1954 à 1962, des crimes ont été commis sous la responsabilité des plus hautes autorités françaises. Jean-Paul Sartre écrit alors : « Si rien ne protège une nation contre elle-même, ni son passé, ni ses fidélités, ni ses propres lois, s’il suffit de quinze ans pour changer en bourreaux les victimes, c’est que l’occasion décide seule, selon l’occasion n’importe qui, n’importe quand, deviendra victime ou bourreau. »
Dès 1962, dans La Raison d’État, Pierre Vidal-Naquet pose la question : « Comment déterminer le rôle, dans l’État futur, de la magistrature ou de l’armée ou de la police si nous ne savons pas d’abord comment l’État, en tant que tel, s’est comporté devant les problèmes posés par la répression de l’insurrection algérienne, comment il a été́ informé par ceux dont c’était la mission de l’informer, comment il a réagi en présence de ces informations, comment il a informé́ à son tour les citoyens ? »
À l’époque comme depuis, des voix se sont élevées pour réclamer que l’État français reconnaisse ses responsabilités dans le recours à la torture par les forces de l’ordre françaises. En 2000, l’Appel des douze, adressé au président de la République demandait de condamner ces pratiques par une déclaration publique. Cette exigence a été réitérée par l’Appel du 4 mars 2024 de vingt-quatre associations antiracistes, anticolonialistes et des droits de l’homme, demandant la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie[1]. Pour porter plus avant cette demande, en ces moments du 1er novembre 2024, quatre-vingt-trois citoyens et citoyennes rendent public leur soutien à l’Appel du 4 mars.
Le président de la République Emmanuel Macron a reconnu, en septembre 2018, l’assassinat en 1957 de Maurice Audin par les militaires français qui le détenaient. Il a reconnu en mars 2021 l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel lors de sa détention ; et un communiqué de l’Élysée du 18 octobre 2022 a déclaré : « Nous reconnaissons avec lucidité́ que dans cette guerre il en est qui, mandatés par le gouvernement pour la gagner à tout prix, se sont placés hors la République. Cette minorité de combattants a répandu la terreur, perpétré la torture, envers et contre toutes les valeurs d’une République fondée sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ».
La reconnaissance par l’Élysée de la pratique de la torture ne peut être imputée à une minorité de combattants français ayant agi à l’encontre des valeurs de la République, elle n’explique pas des dysfonctionnements de l’État et de ses institutions militaires, administratives et judiciaires. Il n’est toujours pas répondu à la question, comment, quelques années après la défaite du nazisme, a-t-il été possible que soit conceptualisée, enseignée, pratiquée et couverte, une théorie : la « guerre contre-révolutionnaire », justifiant le recours à la torture avec l’aval ou le silence de l’État, de l’armée et de la justice.
Cette doctrine se fondant sur le triptyque : « terroriser, retourner, pacifier », qui valide et justifie la torture, a été théorisée par des officiers de retour de la guerre d’Indochine, notamment le colonel Charles Lacheroy dont la conférence Scénario-type de guerre révolutionnaire a été publiée en 1955 sous l’égide du ministère de la Défense.
Enseignée dans les écoles militaires, elle sera mise en œuvre quand Robert Lacoste, ministre résidant du gouvernement Guy Mollet, transfère le 8 janvier 1957, les pouvoirs de police à une armée dont la doctrine légitime la torture pour l’obtention de renseignements. Il est créé à Arzew le Centre d’instruction à la pacification et à la contre-guérilla (CIPCG) et par le Centre de coordination interarmées (CCI), les DOP (Dispositifs opérationnels de protection), qui sont des écoles et centres de tortures.
Dans l’armée, ceux qui pratiquent la torture sont promus et décorés, ceux qui la dénoncent condamnés, à l’exemple du général de Bollardière. Au sein de l’État, des mesures administratives ou disciplinaires sont prises à l’encontre de ceux qui alertent leur hiérarchie. Dénonçant le déshonneur, Paul Teitgen a démissionné de son poste de secrétaire général de la Préfecture d’Alger, Robert Delavignette, gouverneur général de la France d’outre-mer et Maurice Garçon de la Commission de sauvegarde des droits et libertés individuels qui ne remplissait pas son rôle et Daniel Mayer de son poste de député. La liste est longue des avocats, journalistes, universitaires, éditeurs inculpés et condamnés par des tribunaux civils ou militaires, comme est longue la liste des journaux, revues et livres saisis et des organisations poursuivies pour avoir informé et alerté le pouvoir et l’opinion publique.
Signataire de l’Appel du 4 mars, Henri Leclerc, récemment disparu, a mis en garde : « L’État n’est ni fasciste ni raciste, mais il y a une faiblesse dans son contrôle qui permet le pire ». Le pire, symbolisé par la pratique de la torture durant la guerre d’Algérie. La reconnaissance que la torture a été théorisée, enseignée, pratiquée, couverte et exportée par les gouvernements d’un État signataire des Conventions de Genève est indispensable pour notre présent et notre avenir. Sans un retour sur cette page sombre de son histoire, rien ne préserve la République française de retomber dans les mêmes dérives. Il ne s’agit pas de repentance, mais d’un acte de réaffirmation et de confiance dans les valeurs de la nation.
C’est cette claire reconnaissance au plus haut niveau de l’État et ce travail de recherches historiques et juridiques que demandent les citoyens et citoyennes signataires de l’Appel du 4 mars de 24 associations pour la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie.
Signataires de l’Appel du 4 mars pour la reconnaissance de de la responsabilité de l’État dans le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie
Linda Amiri, Maître de conférences en Histoire contemporaine, Université de Guyane
Chaouki Adjali, Économiste retraité
Nils Andersson, Ancien éditeur, président de l’Association Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA)
Charles Arambourou, Agrégé de Lettres classiques, ancien élève de l’ENA, magistrat honoraire – militant laïque
Samia Arhab, Journaliste, travail de mémoire Mon Algérie à moi
Francis Arzalier, Historien, membre de l’Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique (AFASPA)
Bertrand Badie, Professeur émérite des universités
Patrick Baudouin, Avocat, Président d’Honneur de la Ligue des Droits de l’Homme (FIDH) et de la Ligue Internationale des Droits de l’Homme (LDH)
Florence Beaugé, Journaliste, auteur de Algérie, une guerre sans gloire
Bachir Ben Barka, Président de l’Institut Mehdi Ben Barka – mémoire vivante
Sarah Benilman, Auteur des podcasts Mazal
Michel Berthélémy, Ancien appelé à la guerre d’Algérie, membre de la 4acg. Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre
Armelle Bothorel-de-Bollardière, Membre de la 4ACG, Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre
Romano Bottinelli, Réalisateur
Mehdi Boumendjel, Petit-fils d’Ali Boumendjel, avocat, pacifiste, torturé et assassiné pendant la guerre d’Algérie
Mustapha Boutadjine, Plasticien
José Bové, Ancien député européen
Rony Brauman, Médecin, essayiste, ancien président de Médecin sans frontières
Andrea Brazzoduro, Historien, MCF en histoire, Université de Naples L’Orientale
Catherine Brun, Professeure de littérature, Université Sorbonne Nouvelle
Rafael Casado, Responsable de l’Association Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA)
Gérard Chaliand, Spécialiste des guerres irrégulières
Alice Cherki, Psychiatre, essayiste
Jacques Choukroun, Historien
Vanessa Codaccioni, Professeure au département de science politique de l’Université Paris8. Référente handicap, Co-responsable du Master de science politique
Geneviève Coudrais, Avocate retraitée, militante pour les droits humains et contre le colonialisme (Algérie hier, Palestine aujourd’hui)
Laurent Dauré, Journaliste, membre du comité Assange
Marion de-Bollardière, Membre de la 4ACG Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre
Michèle Decaster, Secrétaire général de l’Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique (AFASPA)
François Demerliac, Documentariste, membre de l’Association Josette et Maurice Audin (AJMA)
Ouardia Faraoun, Membre de la direction de l’Association Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA)
Ouarda Feraoun-Tamine, Psychologue clinicienne à la retraite
Joelle Fontaine, Historienne
Khaled Gallinari, Enseignant
André Gazut, Réalisateur, déserteur en 1960, rejoint Jeune Résistance
Julien Hage, Maître de conférences à l’université de Nanterre
Arlette Heymann-Doat, Professeure émérite de droit public, université Paris- Saclay
Stanislas Hutin, Membre de la 4ACG, maintenu sous les drapeaux en 1955. A révélé publiquement la torture dès juin 1956 dans la revue « Action populaire » et en 1957 dans « Des rappelés témoignent ».
Annick Jullion, Membre de la 4ACG, Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre
Christophe Lafaye, Docteur en histoire de l’université d’Aix-Marseille et archiviste, chercheur associé au LIR3S de l’université de Bourgogne
Jean Lagrave, Insoumis, emprisonné lors de la guerre d’Algérie
Rose-Marie Lagrave, Sociologue, directrice d’études à l’EHESS Paris, autrice de Se ressaisir. Enquête autobiographique d’une transfuge de classe féministe
Nicolas Lambert, Auteur, metteur en scène
Simon Lanot, Historien
Henri Leclerc, Avocat, Président d’honneur de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH)
Olivier Le Cour Grandmaison, Universitaire
Alban Liechti, Soldat du refus, signataire de l’Appel des 12
Christian Mahieux, Syndicaliste SUD-Rail [Solidaires], éditeur (Syllepse)
Gilles Manceron, Historien, vice-président de l’Association Josette et Maurice Audin (AJMA)
Pierre Mansat, Ancien président de l’Association Josette et Maurice Audin (AJMA)
Laura Michelin, Chargée de mission au sein de SOS Racisme, Responsable du projet « Regards croisés et testings »
Paul-Max Morin, Docteur en sciences politiques, chercheur associé à Sciences Po, enseignant à l’Université de Nice-Côte d’Azur
Claire Mauss-Copeaux, Historienne de la guerre d’Algérie et chercheuse fuori strada
Mozzani Annie-Claude, Secrétaire générale de l’Association Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA)
Roland Nivet, Porte-parole national du Mouvement de la Paix
Tony Orengo, Réfractaire non violent à la guerre d’Algérie. Président des réfractaires non-violents
Jean-Philippe Ould Aoudia, Président de l’association « Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons »
Héliette Paris, Française d’Algérie au temps de la guerre d’Algérie
Serge Perrin, responsable légal du Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN)
Christian Phéline, Essayiste et historien de l’Algérie
Edwy Plenel, Journaliste, cofondateur de Mediapart.
Henri Pouillot,Appelé pendant la guerre d’Algérie, témoin de la torture, militant anticolonialiste-antiraciste
Jacques Pradel : Président de l’Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Ami.e.s (ANPNPA)
Patrick Radjef, Militant associatif Forum France Algérie
Jacques Pradel est un homme bien déterminé à ce que la parole des Pieds-noirs ne soit pas confisquée par l’extrême droite. À chaque date commémorative de la guerre d’indépendance algérienne, les médias dominants donnent la parole à des Pieds-noirs nostalgiques de l’Algérie française ou à leurs héritiers. L’exact inverse de Jacques Pradel, et de bien d’autres Pieds-noirs qui allument des contrefeux dans le cadre de l’Association des Pieds-noirs progressistes et leurs ami.e.s.
Henri Pouillot, enfant, fut marqué à la fin de la Seconde Guerre mondiale par la Résistance, et les méthodes nazies dans sa campagne solognote. Sursitaire, appelé pendant la guerre de Libération de l’Algérie, il est affecté les neuf derniers mois de cette guerre à la Villa Susini (centre de torture qui fonctionna comme tel pendant les 8 années) à Alger. Pendant cette période il sort indemne physiquement de deux attentats de l’OAS, mais restera marqué par les méthodes de cette organisation raciste, terroriste. Cette expérience le pousse à militer pour les valeurs humanistes. Il devint un militant antiraciste, anticolonialiste avec des responsabilités nationales. Il poursuit un combat pour que la mémoire de cette période ne tombe dans l’oubli.