Grenoble – Commémoration du crime d’État commis en plein Paris le 17 octobre 1961

La commémoration du 17 octobre 1961 à Grenoble a regroupé plus de 200 personnes et 52 organisations signataires grenobloises, avec la présence de la ville de Grenoble, Alpes Métropole, du Consulat d’Algérie et des députés : Elisa MARTIN, Sandrine NOSBE.

Après une prise de parole d’Isabelle PETERS, première adjointe de la ville de Grenoble, et d’un vibrant discours de Nedjma BENDIAB au nom du Collectif du 17 Octobre 1961, les participants sont partis en cortège dans les rues de Grenoble pour rejoindre l’Isère et y jeter des fleurs.

Au cours de la manifestation,  « La Casa Del Mouradia » a été chanté par la Chorale des Barricades.

Marcel Borg, ANPNPA Grenoble

Montpellier – Commémoration du crime d’État commis en plein Paris le 17 octobre 1961

A18h00, sur le pont Zuccarelli qui franchit le LEZ s’est déroulée la commémoration du 17 octobre 1961. Cet évènement est organisé chaque année à l’initiative du MRAP et d‘un collectif d’associations, auquel s’est jointe, pour la première fois, notre association :

Les Amis de Jean-Luc Einaudi, Ceini Hnyei kanaky, Coup de Soleil, Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Ami.e.s (ANPNPA), Les Ecologistes de Montpellier (EELV), la FSU 34, la Gauche Ecosocialiste, Identité et Partage, l’Institut d’Histoire Sociale CGT, la Ligue des Droits de l’Homme de Montpellier (LDH), le Mouvement de la Paix, Le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples de Montpellier (MRAP), Rencontres Marx, le Réseau Université Sans Frontière 34, l’Union des Juifs Français pour la Paix 34 (UJFP), l’Union Locale CGT.

A la demande du Collectif, la mairie de Montpellier a accepté à cette occasion de poser une plaque mémorielle dénonçant ce crime d’Etat avec l’inscription suivante : « A la mémoire des Algériens tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961. Ce crime d’Etat est inexcusable pour la République ».

Gérard Norbert, ANPNPA Montpellier

Rencontre avec des lycéens de classe terminale – 14/10/2025 – Jacques Pradel, co-président de l’ANPNPA

La « Maison d’Histoire et de Mémoire d’Ongles » est un petit musée qui porte la mémoire de l’arrivée, le 6 septembre 1962, dans ce petit village des Alpes-de-Haute-Provence proche de Forcalquier, d’un groupe de 25 familles de harkis conduit par celui qui était leur lieutenant à Palestro, Yvan Durand.

L’association qui anime le musée organise des journées pédagogiques sur des thèmes relatifs à la colonisation/décolonisation de l’Algérie, en faisant intervenir des témoins devant un public scolaire.

La dernière,  mardi 14 octobre , accueillait deux classes de terminale d’un lycée de Salon-de-Provence, avec en matinée la visite du musée, et dans l’après-midi, les interventions de trois témoins – X. Amar, fils de Harki ; X. Warin, ancien appelé français; J. Pradel, co-président de l’ANPNPA – sur le thème des circonstances dans lesquelles avait pris fin la guerre d’Algérie.

La rencontre s’est déroulée en plein air, devant le foyer rural Yvan Durand (cf. photo). Elle a duré près de trois heures, interventions suivies de débats, portant certes sur le thème choisi , les circonstances dans lesquelles …., mais plus largement sur comment cette question de l’héritage colonial agite aujourd’hui notre société, avec la réhabilitation du passé colonial, la montée du racisme anti-arabe/islamophobie et de l’antisémitisme, la menace de l’extrême droite, etc.

Belle rencontre ! Combien cette jeunesse est réceptive pour peu qu’on la sollicite !

Jacques Pradel, ANPNPA Marseille

Retour sur l’hommage à François Nadiras à Toulon

Photo tirée du site de l’ANPNPA https://anpnpa.fr/ag-2025-de-lanpnpa-quelques-images/

L’assemblée générale de l’Association nationale des Pieds-noirs progressistes et leurs ami.e.s (ANPNPA) s’est tenue les 10 et 11 octobre 2025 à La Garde près de Toulon. Cette association est proche de l’Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre (4ACG). Un hommage a été rendu à François Nadiras, le créateur du site ldh-toulon.net, devenu à son décès en 2017 histoirecoloniale.net, en commun avec l’Association Histoire coloniale et postcoloniale, la section de la Ligue des droits de l’Homme de Toulon et le journal La Marseillaise.

Y sont intervenus : Jacques Pradel et Pierre Manaranche de l’ANPNPA, Roland Biache, président de la section LDH de Toulon, Elisabeth Nadiras, ancienne présidente de la section LDH de Toulon, Thierry Turpin, journaliste à La Marseillaise, et Gilles Manceron, co-délégué du groupe de travail « Mémoires, histoire, archives » de la LDH et co-responsable du site histoirecoloniale.net. Ont également pris la parole à distance : Françoise Dumont, présidente d’honneur de la LDH, Alain Ruscio, historien, et Fabrice Riceputi, historien et co-responsable de la rédaction du site histoirecoloniale.net.

La Marseillaise du 9 octobre 2025


Le samedi 11 octobre, des rencontres-débats ouvertes au public ont discuté sur la base des interventions de :

–                Nedjib Sidi Moussa, politologue : « Comment la décolonisation de l’Algérie façonne les passions françaises ».

–                Isabelle Merle, historienne de la colonisation, directrice de recherche au CNRS : « De l’Algérie à la Kanaky ».

–                Mehdi Lallaoui, réalisateur et écrivain, après la projection de son film documentaire « Kanaky-Nouvelle-Calédonie, la trajectoire interrompue du Caillou ».


À cette occasion, histoirecoloniale.net a interrogé plusieurs participants membres de l’ANPNPA et des 4ACG qui ont été proches des engagements de François Nadiras.

Entretiens avec des militants de l’ANPNPA et des 4ACG

• Comment est née l’ANPNPA ? N’est-ce pas un oxymore que de parler de pieds-noirs progressistes ?

• Jacques Pradel, co-président, et Catherine Sicart, membre de l’ANPNPA : L’association est née en 2008. Tout d’abord, on en avait assez d’entendre les pieds-noirs nostalgiques du système colonial de l’Algérie française parler en notre nom. On a une vision de l’histoire, une analyse de l’histoire qui est totalement différente de la leur. En un mot, nous estimons que la lutte du peuple algérien pour se libérer du colonialisme était une lutte juste et légitime. La deuxième raison c’était de dire, nous sommes des enfants d’Algérie et on veut dire notre fraternité avec les autres enfants d’Algérie. Lors de la création en 2008, nous étions un groupe d’amis dans la région avec des origines politiques ou des sensibilités différentes,  il y avait des communistes, ceux de la mouvance libérale des Européens d’Algérie, des Chrétiens de gauche… et la question de l’appellation de l’association posait naturellement problème. Nous avons donc retenu ces deux termes qui sont très connotés politiquement mais qui s’équilibrent d’une certaine manière.

L’élément déclencheur a été ce qui se passait à Perpignan, où à l’instigation du Cercle algérianiste de Perpignan, une organisation nostalgérique, avait été érigé un Mur des disparus pour l’Algérie française et il se trouve que sur ce mur étaient gravés les noms de membres de la famille d’un des fondateurs de l’association qui vivait à La Ciotat, Yvan Donnat. C’était une famille de communistes et militants anticolonialistes algérois qui avaient lutté et s’étaient engagés dans le FLN. Le nom de son père, Gaston Donnat, figurait sur ce mur alors même qu’il avait été victime d’un attentat perpétré par l’OAS. 

Yvan Donnat était en relation avec François Nadiras qui avait monté le site ldh-toulon.net, ce site formidable dans lequel il avait compilé une masse de renseignements et de documents historiques sur la colonisation. Donc, l’association est née de cette imposture des mouvements nostalgériques à Perpignan. 

• Est-ce que votre association s’ouvre aux jeunes ?

• Jacques Pradel : C’est une question compliquée à laquelle je répondrai par une anecdote. Il y a plus de dix ans maintenant, les jeunes de ma famille (une cinquantaine) , avaient décidé de faire une cousinade entre jeunes qui excluait les parents. Et je leur avais envoyé un mot pour présenter l’association et leur dire : « voilà, c’est ça aussi vos racines ». Ils avaient tous, sauf un, adhéré à l’Association, par sympathie parce qu’ils se reconnaissaient dans notre démarche et étaient absolument d’accord pour dénoncer et lutter contre le racisme. Mais toute la question de se battre contre les nostalgiques de l’Algérie française, quelque part, les intéressait beaucoup moins. Ils étaient en prise avec la réalité de ce qu’ils vivaient et la référence au passé était moins importante pour eux. Néanmoins, cette question de la transmission à la génération vient s’appuyer sur la réalité que l’on vit aujourd’hui avec la montée des idées d’extrême-droite, la montée du racisme ambiant, du racisme anti algérien, qu’il ne faut pas déguiser sous le terme d’islamophobie. Et là, ils se reconnaissent dans ce combat.

• Pouvez-vous nous parler de François Nadiras, des réseaux et des liens qu’il a tissés avec les associations comme la vôtre ?

• Nils Balanche, co-président de l’Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre (4ACG) Je l’ai connu quand j’avais 20 ans, dans les années 1967-1968, j’étais en classe de mathématiques, préparation aux concours au Lycée Dumont d’Urville à Toulon. Est arrivé ce jeune professeur de 27 ans, François Nadiras. Il était très compétent et très pédagogue. On allait dans ces cours avec beaucoup de bonheur et il m’a beaucoup guidé dans mon orientation et mes études. Bien plus tard, à la retraite, j’ai pu retrouver François à la Ligue des droits de l’homme et suivre le site ldh-toulon.net où s’exprimaient ses combats et ses valeurs que je partageais entièrement. C’est le sens de l’hommage que j’ai voulu lui rendre lors de l’Assemblée générale de l’ANPNPA car cette assemblée des pieds-noirs progressistes était vraiment le moment le plus approprié pour cet hommage.

• Philippe Czapla, de l’Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre (4ACG) : L’association a été fondée en 2004, au moment où plusieurs anciens appelés en Algérie ont commencé à avoir le statut d’ancien combattant et de recevoir une pension d’ancien combattant. La plupart d’entre eux sont revenus d’Algérie très traumatisés. Ils ont compris sur le terrain qu’on leur faisait faire une guerre coloniale. Mais beaucoup d’entre eux sont tombés amoureux du pays et ensuite amoureux des gens, du peuple algérien et ils n’ont pas compris qu’on leur fasse faire quelque chose qui était contre leurs valeurs. Donc, ils sont revenus complètement démolis, et pendant une vingtaine d’années au moins, ils n’ont rien pu dire pendant vingt, quarante ans pour certains. Ils n’ont rien pu lire parce que c’était une période dont les Français ne voulaient pas parler à l’époque et ensuite ce n’était pas partageable avec des enfants. Pas possible d’en parler ! On peut citer le cas de Rémi Serres en particulier, le fondateur de l’association, qui a été amené à témoigner parce que son fils était objecteur de conscience et qu’il a été poursuivi par la justice. C’est à ce moment-là qu’il a commencé à parler de la guerre d’Algérie, même si c’était c’est très difficile pour lui car cela faisait remonter des choses très compliquées.

Dans les années 2000, c’est avec des amis agriculteurs dans le Tarn qu’est née l’idée d’une association pour réfléchir à ce qu’ils feraient de leur pension d’ancien combattant, cela donnera l’Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre, 4ACG. En travaillant avec un groupe albigeois, le Collectif des Objecteurs du Tarn, ils décident de ne pas refuser cet « argent taché par tout le sang versé en Algérie » mais de le reverser à des causes utiles en Algérie et de soutenir des actions positives pour le rapprochement des peuples français et algérien. À la suite d’une émission de Daniel Mermet, sur France Inter Là-bas si j’y suis, l’association voit le nombre de ses adhérents exploser à la hausse. Lors d’une de la première Assemblée générale, était invitée Simone de la Bollardière, la veuve du général Pâris de Bollardière qui a été dégradé pour s’être opposé à la torture en Algérie. Son message aux anciens appelés en Algérie était : « Prenez la parole. Vous êtes aussi victimes de ce passé, ce que vous avez vécu n’est pas normal ». Cela n’a pas manqué de susciter des prises de parole des plus émouvantes. 

• Comment réussissez-vous à toucher les jeunes générations ?

• Philippe Czapla : Par les interventions dans les collèges et lycées, par un site internet qui s’appelle 4ACG.org, nous sommes en train de développer Facebook et Instagram. Ensuite, il y a des publications comme ce livre qui s’appelle Guerre d’Algérie, Guerre d’indépendance, Paroles d’humanité (1), un des rares livres qui regroupent tous les témoignages des anciens appelés, des harkis, des pieds-noirs, quasiment toutes les personnes concernées de près ou de loin par la guerre d’Algérie. Et ça montre bien tout le travail de d’humanité, de fraternité qui a été construit autour de l’association. 

(1) Collectif, Guerre d’Algérie, Guerre d’indépendance, Paroles d’humanité, l’Harmattan, 2012, 480 pages.

(propos recueillis par Cheikh Sakho)


« France-Algérie : ils chantent l’amitié entre nos peuples », un article de La Marseillaise


Voir aussi sur notre site histoirecoloniale.net

• Toulon, épicentre et bastion de l’idée coloniale, par François Nadiras. L’idée coloniale, une tradition ancienne et profonde à Toulon

• Mathématiques et vérités à dire : hommage à François Nadiras et Gérard Tronel, par Gilles Manceron

• Le site histoirecoloniale.net nourrit depuis cinq ans la réflexion sur le passé colonial et son héritage, publié le 4 septembre 2022

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Source : Histoire coloniale et postcoloniale – Édition du 15 octobre au 31 octobre 2025 https://histoirecoloniale.net/retour-sur-lhommage-a-francois-nadiras-a-toulon/

AG 2025 – Quelques images

Samedi 11 octobre 2025

Assemblée générale

Rapport moral (Jacques) et bilan financier (Hélène)

Votes à main levée

Introduction au débat d’orientation (Catherine) : https://anpnpa.fr/ag-2025-de-lanpnpa-debat-dorientation-l-etat-des-relations-franco-algeriennes/

Pause

Déjeuner avec, entre autres, nos amis de la 4ACG, Nils et Philippe …

… et également le réalisateur Mehdi Lallaoui et le politologue Nedjib Sidi Moussa

Rencontres-débats

Avec Nedjib Sidi Moussa, politologue

Avec Isabelle Merle, historienne de la colonisation

Soirée musicale

Avec Martial Pardo et Nacer Hamzaoui

Lendemain d’AG

Ça bosse de bon matin ! Réunion du CA

Visite de Toulon

… par le petit groupe encore présent dimanche guidé par Françoise

Merci aux photographes, Marie-Hélène, Michel, et Marcel !

AG 2025 – Introduction au débat d’orientation : « L’ état des relations franco-algériennes »

Introduction au débat d’orientation

« L’ état des relations franco-algériennes »

Toulon, le 11 octobre 2025

Relations en crise ouverte depuis un an.
Pour bien saisir la portée de cette crise, il convient de rappeler le caractère exceptionnel du
lien franco-algérien, conséquence de presque deux siècles de cohabitation (deux siècles dans
cinq ans).

De cette histoire, résulte la construction d’un pont humain entre les deux pays (environ 10%
de la population française a un lien direct avec l’Algérie), et une culture partagée (du couscous
à la littérature, en passant par le cinéma, et les arts en général). Bref, les deux sociétés sont complétement imbriquées.

Cette corrélation à forte charge émotionnelle est frappé d’intranquillité permanente.
Mais elle n’a jamais été aussi radicalement menacée qu’en ce moment.

La reconnaissance par Macron de la marocanité du Sahara occidental n’est que le déclencheur.
La crise est latente depuis 2021 en plusieurs points de tension : question de la mobilité des
Algériens (réduction drastique des visas de 50% en 2021) ; propos de Macron, en octobre
2021, sur « la rente mémorielle », et sa mise en doute de l’existence d’une nation algérienne
avant la colonisation ; accueil par la France, en octobre 2023, de l’opposante algérienne, Amira
Bouraoui, ce qui lui a permis d’échapper à une extradition de Tunis (où elle s’était réfugiée) vers
Alger.

Par la suite, la crise a été amplifiée par une série d’événements: citons, entre autres,
l’arrestation de Boualem Sansal (novembre 2024), celle des influenceurs TikTok de nationalité
algérienne appelant à des actes de violence en France contre des opposants algériens (janvier
2025) ; les OQTF que l’Algérie refuse de recevoir, comme le font d’ailleurs les autres pays du
Maghreb et subsahariens ; la visite de Rachida Dati, au Sahara occidental (février 2025), suivie
par celle de Gérard Larcher ; l’expulsion de diplomates ; la question toujours en suspens du
traitement par la France des déchets radioactifs dans le Sahara et de l’indemnisation des
victimes … (non exhaustif).

Quelle sont les fondements de cette crise ? Quelles en sont les spécificités ? Et quelles sont les
perspectives ? Pour répondre à ces questions, il nous faudra évoquer d’abord, la dimension historique qui l’éclaire ; ensuite, les facteurs contemporains qui la cimentent. En effet, cette crise intervient sur fond d’enjeux mémoriels, doublés d’une instrumentalisation à des fins de politique intérieure aussi bien en France qu’en Algérie.

Dimension historique
La cicatrice coloniale
En Algérie, le passé colonial est omniprésent. Le régime est adossé au récit de la guerre de libération érigé en mythe fondateur. En revanche, la France d’aujourd’hui s’est construite sur l’effacement de ce passé. Une amnésie collective a été fabriquée. Or la réflexion sur ce passé est essentielle à l’analyse de notre société qui a été façonnée par cette histoire.

Qu’en est-il de la politique mémorielle engagée par Emmanuel Macron?
Des avancées ont été faites. Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de l’État français
dans l’assassinat de militants pro-indépendance : l’avocat Ali Boumendjel, Maurice Audin,
Larbi Ben M’hidi. Il a rendu un hommage inédit aux victimes de Charonne. Il a également
qualifié de « crimes impardonnables pour la République » la violente répression du 17 octobre
1961, mais en l’attribuant à la seule responsabilité du préfet Maurice Papon, ce qui est
largement incomplet. De même, en matière d’insuffisance, le colonial n’est jamais évoqué.
Emmanuel Macron ne parle jamais du colonial.

Cette neutralisation du colonial crée de la confusion là où il faudrait faire œuvre de pédagogie.
Le clientélisme électoral a joué un rôle déterminant en matière de régression sur le sujet.
En 2017, le candidat Macron qualifiait la colonisation de « crime contre l’humanité ».
En 2021, devenu président, il se demandait « Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant
la colonisation française? Ça, c’est la question
». À force de donner des gages à l’extrême droite, Emmanuel Macron a fini par en diffuser, et en légitimer, la parole. Et son projet de politique mémorielle a viré à l’impasse.

Facteurs contemporains
Instrumentalisation des relations entre les deux pays à des fins de politique intérieure.

Chaque État puise dans le nationalisme pour consolider son pouvoir.
En France, parallèlement à la montée en puissance de l’extrême droite, le passé colonial ravive
des débats internes sur l’insécurité et l’immigration (sujets toujours évoqués conjointement).
En Algérie, ce passé est mis en avant pour renforcer l’unité nationale et la légitimité du
gouvernement.

On assiste à une forme d’effacement des frontières entre la politique intérieure et la politique
extérieure dans les relations entre Alger et Paris.

Quelles perspectives ?
Deux scénarios possibles : celui de l’apaisement, ou celui de la poursuite de l’escalade.
Jusqu’où ? Jusqu’à la rupture ?

La situation actuelle suscite de fortes inquiétudes parmi nous, et parmi les franco-algériens
qui sont désignés pour cibles. Valeurs actuelles (numéro du 26 mars 2025) qualifie de
« menace intérieure, la présence d’Algériens sur le territoire français susceptibles d’être
mobilisés par Alger
».

Une résolution à court terme de la crise paraît peu probable.
Quelle orientation adoptera le nouveau gouvernement à l’issue de l’élection de 2027 ?
Nous n’en savons rien, mais la causticité des discours actuels donne un aperçu de ce que serait
la configuration des relations franco-algériennes en cas d’accession au pouvoir de l’extrême
droite en 2027 (et par « extrême droite », nous ne faisons pas référence uniquement au FN/RN).
En fin de compte, le seul résultat effectif de cette offensive anti-algérienne est l’instauration
d’un climat empoisonné en France qui affecte les millions de Français en lien avec l’Algérie.
Seule la dimension humaine est en mesure de garantir la pérennité des relations entre les deux
pays. Et nous avons, en la matière, en tant qu’association, un rôle à jouer.

Perpignan se souvient : 80 ans après Sétif, Guelma et Kherrata

Commémoration délocalisée à Elne, près de Perpignan (pour des raisons évidentes)

Conférence-débat : Au centre, Jean-Pierre Peyroulou, historien, entouré de Jacki Malléa, co-fondateur de l’ANPNPA, et de Catherine Sicart, secrétaire de l’ANPNPA, ainsi que de Mohamed Moulay, Fédération franco-algérienne (à côté de Catherine), et de Mehdy Belabbas, Association Pour la mémoire, Contre l’oubli (à côté de Jacki)

Un public nombreux et réactif

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Couscous géant

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Avec nos remerciements à Claude Faber, librairie Oxymore, Port-Vendres