De l’algérophobie postcoloniale – Catherine Sicart
La permanence d’un racisme anti-algérien en France (et par porosité, anti-maghrébin) sous couvert d’islamophobie, son expression débridée dans les médias et le débat public, les violences de toute nature qui en découlent, puisent leur origine dans la question coloniale. Celle-ci, à défaut d’avoir été traitée politiquement depuis la fin de la guerre d’indépendance algérienne et déconstruite, ne cesse d’irriguer un imaginaire racial inégalitaire directement issu du régime répressif de l’indigénat. Nous entendons ici « indigénat » au sens large, c’est-à-dire englobant l’ensemble des pratiques appliquées aux sujets coloniaux.
À ce jour, le legs de cette privation de droits institutionnalisée se décline sous forme de discriminations dans tous les aspects de la vie quotidienne (éducation, emploi, logement, santé, religion, sécurité des biens et des personnes …). Il est étayé par de multiples offensives médiatiques, et dernièrement par un rapport, diffusé par le ministère de l’Intérieur, intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France » (02/05/2025)[1], par un sondage Ifop, dont les commanditaires sont liés aux Émirats arabes unis, « État des lieux du rapport à l’islam et à l’islamisme des musulmans de France » (18/11/2025)[2], par un rapport de la droite sénatoriale consacré à la lutte contre « l’entrisme islamiste » (24/11/2025)[3].
La question est éminemment politique. L’ algérophobie s’inscrit dans le prolongement de schémas coloniaux hérités de la Troisième République, fondés sur la théorie d’une hiérarchie des civilisations (cf. Jules Ferry, 28 juillet 1885), remise au goût du jour en 2012 par Claude Guéant alors ministre de l’Intérieur[4]. Elle est donc le produit de structures de pouvoir élaborées par l’État.
Elle s’exprime par une perpétuation du refus de l’égalité des droits, une ethnicisation des questions sociales, une criminalisation de l’immigré ou issu de l’immigration, ancien colonisé ou descendant de colonisés, ennemi d’hier et d’aujourd’hui, accusé d’abord de « séparatisme » et ensuite d’« entrisme », cible essentialisée qui serait en voie « d’islamiser la France », dans un renversement du rapport colonisateur/colonisé.
Ainsi la fabrique de cette continuité historique vise à légitimer le combat de l’extrême droite, et de ses relais au plus haut sommet de l’État, contre l’immigration, notamment algérienne (et de façon extensive, maghrébine), dite « musulmane », et soupçonnée d’islamisme.
Ce racisme systémique, structuré par le colonial passé sous silence, constitue l’un des carburants les plus puissants de la fascisation en cours de la société française.
Catherine Sicart, co-présidente de l’ANPNPA
[1] https://anpnpa.fr/freres-musulmans-decryptage-dun-rapport-qui-se-degonfle-lucie-delaporte-et-marie-turcan/
[2] https://anpnpa.fr/sondage-ifop-sur-les-musulmans-qui-parle-derriere-les-chiffres-hania-chalal/
[3] https://anpnpa.fr/rapport-senatorial-contre-lentrisme-islamiste-en-france-la-grande-mosquee-de-paris-denonce-une-stigmatisation-institutionnelle-mf-gaidi/
[4] « Toutes les civilisations ne se valent pas », déclaration faite à l’Assemblée nationale, dans le cadre d’un colloque organisé par le syndicat étudiant UNI, lié à la droite radicale (04/02/2012).
Ne-es ici ou venu-es d’ailleurs : pour une France de liberté, d’égalité et de solidarité
Appel collectif à mobilisation dans le cadre de la Journée internationale des migrant-es, le 18 décembre 2025, à Paris (18h, place de la République) et partout en France

Né-es ici ou venu-es d’ailleurs : pour une France de liberté, d’égalité et de solidarité
Restrictions drastiques des conditions d’accueil pour les demandeurs d’asile, refus de régularisation, refus de premier titre de séjour, refus de renouvellement de titre de séjour, remise en cause des APL pour les étudiant-es étranger-es, obligations de quitter le territoire français (OQTF) systématiques et généralisées, placements en rétention, cette politique migratoire, véritable fabrique de sans-papiers, attentatoire aux droits et à la dignité des personnes étrangères doit cesser.
La loi immigration du 26 janvier 2024 et la circulaire Retailleau du 23 janvier 2025, ont des conséquences humaines catastrophiques pour les personnes étrangères qui souhaitent travailler, étudier, se soigner, se marier, avoir une vie familiale en France. Tout est organisé pour leur rendre la vie impossible, en les soumettant quotidiennement à une violence sociale, administrative et institutionnelle incompatible avec la promesse démocratique de nos sociétés.
Les régularisations permettant d’obtenir un titre de séjour par le travail ou en raison de la vie privée et familiale, ont été réduites à un niveau tel qu’elles sont en pratique inaccessibles. Des dizaines de milliers de personnes étrangères, confrontées au blocage des préfectures et à la lenteur du renouvellement de leurs titres, se retrouvent dans des situations dramatiques, rupture de contrats de travail, de droits sociaux, perte de logement, sous prétexte de dématérialisation, mais en réalité en raison d’une politique discriminatoire et xénophobe.
Le nombre d’OQTF a encore augmenté, générant angoisses, stigmatisation, pertes de droits, basculement dans la précarité. La France détient le record du nombre d’OQTF prononcées en Europe, soit 120 000 à 130 000 OQTF en 2024, soit un quart des OQTF délivrées par les 27 états membres de l’Union Européenne. Or, la plupart de ces OQTF sont inexécutables. Celles mises en œuvre brisent des vies, des liens familiaux, renvoient des exilé·es vers des enfers qu’elles et ils ont fuis. Il s’agit, de fait, d’un outil de pression et de répression visant à mettre les personnes exilé·es dans une situation de profonde vulnérabilité administrative, sociale et économique, et de leur signifier qu’elles seraient indésirables en France.
Cette politique fait le jeu de l’extrême droite, alimente le racisme et la surexploitation des travailleuses et des travailleurs migrant-es, avec ou sans papiers, faisant du traitement inégalitaire et stigmatisant des personnes étrangères la norme. Tout ceci permet aux médias détenus notamment par le groupe Bolloré de déverser chaque jour leur haine et leurs affirmations mensongères suscitant la peur et la division, pour se placer en protecteurs contre des dangers fictifs.
Ce n’est pas la France que nous souhaitons !
Nous souhaitons une France de liberté et d’égalité ! Les droits à l’éducation, aux protections sociales, à la santé, au travail, au logement, aux loisirs, à la culture… doivent être les mêmes pour toutes et tous afin de permettre à chacune et chacun de construire librement son quotidien et son avenir.
Nous souhaitons une France accueillante, inclusive et solidaire ! Les personnes étrangères ne sont ni une menace ni une variable d’ajustement économique et électoraliste mais une richesse pour notre société. La diversité qu’ils et elles incarnent et leur contribution à la vie collective sont des atouts précieux.
Nous souhaitons que les personnes étrangères vivant en France, qui y ont des attaches familiales ou privées, y travaillent, étudient, puissent avoir accès à un titre de séjour stable et protecteur, pour contribuer, en toute légalité et en toute égalité, à la vie culturelle, sociale et économique de notre pays.
Les organisations du collectif né-es ici ou venu-es d’ailleurs appellent à une large mobilisation de la société civile, dans toute sa diversité, pour dénoncer cette nouvelle vague d’attaques extrêmement graves envers les personnes étrangères en France et pour défendre un autre projet de société, humaniste, solidaire et égalitaire.
Premiers signataires : Attac, CGT, La Cimade, Femmes Egalité, FSU, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Oxfam France, Mrap, Union syndicale Solidaires, SOS Racisme, Unef.
Autres signataires : Accueil Réfugiés Bruz (35), Accueil Solidaire Grenoble, Action catholique ouvrière (ACO), Aides, Amnesty International France, Les Amoureux au ban public, Arcolan Pau Béarn, L’Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (L’Acort), Association Douba, Association des familles victimes du saturnisme (AFVS), Association nationale d’assistance aux frontières pour les personnes étrangères (Anafe), Association des Marocains en France (AMF), Association d’accueil des demandeurs d’asile Mulhouse (AADA – Mulhouse), Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs ami.e.s (ANPNPA), Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita), Association Solidarité mamans (papas) solos, Association Unjourlapaix à Embrun, ATD Quart Monde, ATPAC Maison Solidaire, La Boutique d’écriture, CSBE La Place Santé, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (Cetedim), Centre de recherche et d’information pour le développement (Crid), CFDT Moselle, Collectif Accès au droit, Collectif accueil migrants Barbezieux, Collectif Chabatz d’entrar Limoges, Collectif Migrants 83, Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif saint-lois d’aide aux migrants (CSLAM), Comede (Comité pour la santé des exilé.e.s), Comité Nîmois des Soulèvements de la Terre, Comité de suivi du symposium sur les Sénégalais de l’extérieur (CSSSE), CRDE – Solidarité Migrants Pau Béarn (Collectif pour le respect des droits des étrangers), La Croisée des chemins, Cuisine sans frontières, Diaconat protestant de Grenoble, Dom’Asile, Une Ecole, un Toit, des Papiers – Pays dacquois (ETP-Pays dacquois ), Elena-France, Emmaüs France, Fédération des associations générales étudiantEs (Fage), Fédération Etorkinekin Diakité, Femmes de la Terre, Femmes Solidaires 93, France Amérique Latine (FAL), Groupe accueil et solidarité (Gas), Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·es), Grève Féministe, J’en suis j’y reste – centre LGBTQIAF de Lille (JSRS), Ligue de l’Enseignement de l’Isère, Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie (LFID), Madera, Maison de l’hospitalité Martigues, Médecins du Monde, Min’de Rien, Mouvement français pour le Planning familial, Mouvement de la Paix, #NousToutes, Observatoire des camps de réfugiés, Organisation de Solidarité Trans (OST) Pau Béarn, People’s Health Movement France (PHM France), Peuple et Culture (PEC), Polaris 14, Port d’attache Granville, La Pourtère, Les P’tits Papiers, RCI- Solidarité exilés, Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes (Raar), Réseau éducation sans frontières (RESF), Réseau Féministe « Ruptures », Réseau Louis Guilloux, Roya citoyenne, Solidarité-exil, Solidarité migrants Annecy, Rosmerta, SOS Refoulement Dijon, Sous le même ciel, Soutien Asile Nord 21, Soutien Migrants Redon, Sud Culture BNF, Sud OFII, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat de la magistrature (SM), Syndicat de la Médecine Générale (SMG), Toutes et tous migrants, Toutes Pour Une, Transmettre un horizon à tous (Thot), Union générale des Egyptiens de France, UniR Universités & Réfugié.e.s, Urgence Palestine Pau, Utopia 56, Watizat (Paris).
Source : LDH https://www.ldh-france.org/ne-es-ici-ou-venu-es-dailleurs-pour-une-france-de-liberte-degalite-et-solidarite/
Intervention auprès de lycéens – Modeste Alcaraz, co-fondateur de l’ANPNPA et membre du CA

Le 11 décembre 2025, l’institution Saint Alyre, à Clermont Ferrand, a organisé, comme dix fois auparavant, une journée consacrée à la guerre d’Algérie et ses mémoires.
Cette démarche s’inscrit dans le programme d’histoire de classe terminale, enseignement de spécialité HGGSP (Histoire, Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques). Le thème 3 porte sur « Histoire et Mémoires : La guerre d’Algérie et ses mémoires ».
Cela a été l’occasion d’une rencontre avec des témoins et des acteurs de la guerre d’Algérie :

Jacques Folliguet, ancien appelé, membre de la 4ACG; Saïd Merabti, fils de harki ; Marcel Pardo, pied-noir, membre de l’ANPNPA ; Michel Wilson, pied-noir, membre du CA de l’ANPNPA et vice président de Coup de Soleil Auvergne Rhône-Alpes; Nacer Hamzaoui, fils de combattant du FLN et membre de l’ANPNPA; Modeste Alcaraz, pied-noir, co-fondateur de l’ANPNPA et membre du CA.
Le public (plus de 60 lycéens) assidu et à l’écoute de l’histoire de la France sur l’Algérie, a dans un premier temps, écouté nos témoignages.
Dans un deuxième temps, il y a eu répartition des lycéens en plusieurs groupes. Les intervenants ont répondu aux questions personnelles et précises des jeunes. Cette proximité et ces échanges sont positifs, sincères et plein d’émotions. La fin de la matinée s’est soldée par un moment musical, interprété par Martial Pardo et Nacer Hamzaoui avec « AlgérieS, retours en musique ».
Après le repas de midi, Tramor Quememeur, historien, chargé des questions mémorielles sur la colonisation et la guerre d’Algérie, secrétaire général de la commission mixte franco-algérienne d’historiens, était invité par l’établissement scolaire pour une conférence sur les « Mémoires de la guerre d’Algérie ». Cette intervention auprès des lycéens a apporté un éclairage scientifique et historique sur les complexités de cette guerre.
En fin de journée, notre historien est intervenu pour une seconde conférence ouverte au grand public. Cette journée, la dixième, a tenu toute promesse.
Modeste Alcaraz, ANPNPA Clermont-Ferrand
Professeurs d’histoire et chefs d’établissement, contactez l’ANPNPA pour organiser des journées mémorielles sur la guerre d’Algérie
contact@anpnpa.fr
Journée d’inauguration du Collectif Citoyen France–Algérie – 22/11/2025 – 10h-17h

Journée d’inauguration du Collectif Citoyen France-Algérie
Réflexions pour un dialogue citoyen et solidaire entre les deux Pays
Samedi 22 novembre 2025 : 10h-17H00
Inscription obligatoire, sur invitation individuelle
À la suite de la publication, le 15 août dernier, de la « Lettre aux présidents Macron et Tebboune », les premiers signataires ont décidé de créer le Collectif Citoyen France-Algérie.
Ce Collectif a pour vocation, dans l’esprit de cette Lettre, de mettre en lumière les acteurs des sociétés civiles des deux pays, dans toute leur diversité. Il entend valoriser les liens qui les unissent, leurs réalisations communes et leurs aspirations partagées. L’apaisement des relations franco-algériennes et la fraternisation entre les deux peuples constituent les objectifs majeurs affirmés à la fois dans la lettre ouverte et dans la démarche du Collectif France-Algérie.
Lors de cette première Journée de rencontre, la matinée sera consacrée à une approche globale et plurielle permettant de mieux comprendre les deux pays et la nature de leurs relations.
L’après-midi sera dédiée aux acteurs associatifs, engagés sur le long terme dans des projets et des actions communes. Le débat s’ouvrira avec les associations pionnières, actives depuis de nombreuses années, avant de donner la parole à la jeunesse, autour des expériences menées, des initiatives en cours et des perspectives à venir.
La journée se clôturera par la projection d’un documentaire, suivie d’un échange avec le public.
MATIN
10h00 – 10h30 | Accueil et ouverture
Présentation des objectifs du Collectif et du déroulé de la journée. Ouverture par Lyazid Benhami, Nils Andersson et Jean-Louis Levet
10h30 – 11h45 | Séquence 1 – Enjeux géopolitiques et sociétaux France Algérie
Thème : Regards croisés sur les dynamiques régionales et la coopération franco-algérienne et leurs effets dans la Société.
Intervenants :
– Alain Ruscio, historien du fait colonial
– Adlene Mohammedi, docteur en géographie politique, enseignant à l’IRIS et à l’université de Paris 3, expert associé au CERI de Sciences Po Paris
– Brahim Oumansour, directeur de l’Observatoire du Maghreb à l’IRIS
Modérateur : Lyazid Benhami, président et cofondateur du Groupe de Réflexion sur l’Algérie (GRAL)
Échanges avec le public
11h45 -13h00| Séquence 2 – Économie, culture et coopération
Thème : Co-construire des projets économiques et socio-culturels entre les deux pays
Intervenants :
– Michel Wilson, vice-président fondateur de Coup de Soleil Auvergne-Rhônes-Alpes
– Nicole Lefour, attachée culturelle et audiovisuelle à l’Ambassade de France en Algérie de 2002 à 2006, présidente du Centre culturel de Chantilly
– Jean-Louis Levet, Haut responsable à la coopération technologique et industrielle franco- algérienne de 2013 à 2019, chercheur associé à l’Observatoire de la Francophonie économique
– Nacer Kettane, président-fondateur du média BEUR FM
Modérateur : Farid Yaker
Échanges avec le public
13h00 – 14h00 | Pause déjeuner
Après-midi
14h00 – 15h00 | Séquence 3 – Rencontre avec des associations pionnières
Thème : Mémoire, solidarité et transmission
Associations invitées :
– 4ACG – Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis-es contre la Guerre : Christian Travers
– Association Nationale des Pieds-Noirs Progressistes et leurs Amis-es : Jacques Pradel
– Association Coup de Soleil : Georges Morin
– Forum France–Algérie :Farid Yaker
– Association Femmes Berbères européennes : Louisa Ferhat
Modératrice : Nicole Lefour
Échanges avec le public
15h00 – 16h00 | Séquence 4 – Relations inter-générationnelles
Thème : Les nouvelles générations, acteurs du lien franco-algérien ; présentation des projets
– Bruno Laffort, sociologue des migrations, Université Marie et Louis Pasteur, Besançon
– Sonia Gassemi, artiste diplômée des Beaux-arts de Bourges, militante féministe
– Association Touiza Solidarité : Brahim Djellouadji
Modératrice : Tinhinane Kerchouche, Journaliste et artiste plasticienne-intervenante
Échanges avec le public
16h00 – 16h30 | Bilan de la journée, par Lyazid Benhami, Nils Andersson et Jean-Louis Levet
Synthèse, enseignements de la journée et perspectives
16h30 16h50 | Projection d’un documentaire suivi d’un débat
Film documentaire de Yohan Laffort (15′), « La photo et le pinceau comme seules armes » qui retrace la vie de Claude, appelé en 1958 dans un village perdu des Aurès et refusant de porter les armes
16h50 – 17h00 | Échanges avec le public et clôture
Grenoble – Commémoration du crime d’État commis en plein Paris le 17 octobre 1961

La commémoration du 17 octobre 1961 à Grenoble a regroupé plus de 200 personnes et 52 organisations signataires grenobloises, avec la présence de la ville de Grenoble, Alpes Métropole, du Consulat d’Algérie et des députés : Elisa MARTIN, Sandrine NOSBE.


Après une prise de parole d’Isabelle PETERS, première adjointe de la ville de Grenoble, et d’un vibrant discours de Nedjma BENDIAB au nom du Collectif du 17 Octobre 1961, les participants sont partis en cortège dans les rues de Grenoble pour rejoindre l’Isère et y jeter des fleurs.
Au cours de la manifestation, « La Casa Del Mouradia » a été chanté par la Chorale des Barricades.

Marcel Borg, ANPNPA Grenoble

Perpignan – Commémoration du crime d’État commis en plein Paris le 17 octobre 1961

Source : L’Indépendant – 15/10/2025 https://www.lindependant.fr/2025/10/15/commemoration-du-massacre-du-17-octobre-1961-15-organisations-appellent-a-se-rassembler-a-perpignan-12993703.php



Merci à Jacki pour les photos
Catherine Sicart, ANPNPA Perpignan
Montpellier – Commémoration du crime d’État commis en plein Paris le 17 octobre 1961

A18h00, sur le pont Zuccarelli qui franchit le LEZ s’est déroulée la commémoration du 17 octobre 1961. Cet évènement est organisé chaque année à l’initiative du MRAP et d‘un collectif d’associations, auquel s’est jointe, pour la première fois, notre association :
Les Amis de Jean-Luc Einaudi, Ceini Hnyei kanaky, Coup de Soleil, Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Ami.e.s (ANPNPA), Les Ecologistes de Montpellier (EELV), la FSU 34, la Gauche Ecosocialiste, Identité et Partage, l’Institut d’Histoire Sociale CGT, la Ligue des Droits de l’Homme de Montpellier (LDH), le Mouvement de la Paix, Le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples de Montpellier (MRAP), Rencontres Marx, le Réseau Université Sans Frontière 34, l’Union des Juifs Français pour la Paix 34 (UJFP), l’Union Locale CGT.

A la demande du Collectif, la mairie de Montpellier a accepté à cette occasion de poser une plaque mémorielle dénonçant ce crime d’Etat avec l’inscription suivante : « A la mémoire des Algériens tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961. Ce crime d’Etat est inexcusable pour la République ».


Gérard Norbert, ANPNPA Montpellier

Rencontre avec des lycéens de classe terminale – 14/10/2025 – Jacques Pradel, co-président de l’ANPNPA

La « Maison d’Histoire et de Mémoire d’Ongles » est un petit musée qui porte la mémoire de l’arrivée, le 6 septembre 1962, dans ce petit village des Alpes-de-Haute-Provence proche de Forcalquier, d’un groupe de 25 familles de harkis conduit par celui qui était leur lieutenant à Palestro, Yvan Durand.
L’association qui anime le musée organise des journées pédagogiques sur des thèmes relatifs à la colonisation/décolonisation de l’Algérie, en faisant intervenir des témoins devant un public scolaire.
La dernière, mardi 14 octobre , accueillait deux classes de terminale d’un lycée de Salon-de-Provence, avec en matinée la visite du musée, et dans l’après-midi, les interventions de trois témoins – X. Amar, fils de Harki ; X. Warin, ancien appelé français; J. Pradel, co-président de l’ANPNPA – sur le thème des circonstances dans lesquelles avait pris fin la guerre d’Algérie.
La rencontre s’est déroulée en plein air, devant le foyer rural Yvan Durand (cf. photo). Elle a duré près de trois heures, interventions suivies de débats, portant certes sur le thème choisi , les circonstances dans lesquelles …., mais plus largement sur comment cette question de l’héritage colonial agite aujourd’hui notre société, avec la réhabilitation du passé colonial, la montée du racisme anti-arabe/islamophobie et de l’antisémitisme, la menace de l’extrême droite, etc.
Belle rencontre ! Combien cette jeunesse est réceptive pour peu qu’on la sollicite !
Jacques Pradel, ANPNPA Marseille
Retour sur l’hommage à François Nadiras à Toulon

Photo tirée du site de l’ANPNPA : https://anpnpa.fr/ag-2025-de-lanpnpa-quelques-images/
L’assemblée générale de l’Association nationale des Pieds-noirs progressistes et leurs ami.e.s (ANPNPA) s’est tenue les 10 et 11 octobre 2025 à La Garde près de Toulon. Cette association est proche de l’Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre (4ACG). Un hommage a été rendu à François Nadiras, le créateur du site ldh-toulon.net, devenu à son décès en 2017 histoirecoloniale.net, en commun avec l’Association Histoire coloniale et postcoloniale, la section de la Ligue des droits de l’Homme de Toulon et le journal La Marseillaise.
Y sont intervenus : Jacques Pradel et Pierre Manaranche de l’ANPNPA, Roland Biache, président de la section LDH de Toulon, Elisabeth Nadiras, ancienne présidente de la section LDH de Toulon, Thierry Turpin, journaliste à La Marseillaise, et Gilles Manceron, co-délégué du groupe de travail « Mémoires, histoire, archives » de la LDH et co-responsable du site histoirecoloniale.net. Ont également pris la parole à distance : Françoise Dumont, présidente d’honneur de la LDH, Alain Ruscio, historien, et Fabrice Riceputi, historien et co-responsable de la rédaction du site histoirecoloniale.net.


La Marseillaise du 9 octobre 2025
Le samedi 11 octobre, des rencontres-débats ouvertes au public ont discuté sur la base des interventions de :
– Nedjib Sidi Moussa, politologue : « Comment la décolonisation de l’Algérie façonne les passions françaises ».
– Isabelle Merle, historienne de la colonisation, directrice de recherche au CNRS : « De l’Algérie à la Kanaky ».
– Mehdi Lallaoui, réalisateur et écrivain, après la projection de son film documentaire « Kanaky-Nouvelle-Calédonie, la trajectoire interrompue du Caillou ».

À cette occasion, histoirecoloniale.net a interrogé plusieurs participants membres de l’ANPNPA et des 4ACG qui ont été proches des engagements de François Nadiras.
Entretiens avec des militants de l’ANPNPA et des 4ACG
• Comment est née l’ANPNPA ? N’est-ce pas un oxymore que de parler de pieds-noirs progressistes ?
• Jacques Pradel, co-président, et Catherine Sicart, membre de l’ANPNPA : L’association est née en 2008. Tout d’abord, on en avait assez d’entendre les pieds-noirs nostalgiques du système colonial de l’Algérie française parler en notre nom. On a une vision de l’histoire, une analyse de l’histoire qui est totalement différente de la leur. En un mot, nous estimons que la lutte du peuple algérien pour se libérer du colonialisme était une lutte juste et légitime. La deuxième raison c’était de dire, nous sommes des enfants d’Algérie et on veut dire notre fraternité avec les autres enfants d’Algérie. Lors de la création en 2008, nous étions un groupe d’amis dans la région avec des origines politiques ou des sensibilités différentes, il y avait des communistes, ceux de la mouvance libérale des Européens d’Algérie, des Chrétiens de gauche… et la question de l’appellation de l’association posait naturellement problème. Nous avons donc retenu ces deux termes qui sont très connotés politiquement mais qui s’équilibrent d’une certaine manière.
L’élément déclencheur a été ce qui se passait à Perpignan, où à l’instigation du Cercle algérianiste de Perpignan, une organisation nostalgérique, avait été érigé un Mur des disparus pour l’Algérie française et il se trouve que sur ce mur étaient gravés les noms de membres de la famille d’un des fondateurs de l’association qui vivait à La Ciotat, Yvan Donnat. C’était une famille de communistes et militants anticolonialistes algérois qui avaient lutté et s’étaient engagés dans le FLN. Le nom de son père, Gaston Donnat, figurait sur ce mur alors même qu’il avait été victime d’un attentat perpétré par l’OAS.
Yvan Donnat était en relation avec François Nadiras qui avait monté le site ldh-toulon.net, ce site formidable dans lequel il avait compilé une masse de renseignements et de documents historiques sur la colonisation. Donc, l’association est née de cette imposture des mouvements nostalgériques à Perpignan.
• Est-ce que votre association s’ouvre aux jeunes ?
• Jacques Pradel : C’est une question compliquée à laquelle je répondrai par une anecdote. Il y a plus de dix ans maintenant, les jeunes de ma famille (une cinquantaine) , avaient décidé de faire une cousinade entre jeunes qui excluait les parents. Et je leur avais envoyé un mot pour présenter l’association et leur dire : « voilà, c’est ça aussi vos racines ». Ils avaient tous, sauf un, adhéré à l’Association, par sympathie parce qu’ils se reconnaissaient dans notre démarche et étaient absolument d’accord pour dénoncer et lutter contre le racisme. Mais toute la question de se battre contre les nostalgiques de l’Algérie française, quelque part, les intéressait beaucoup moins. Ils étaient en prise avec la réalité de ce qu’ils vivaient et la référence au passé était moins importante pour eux. Néanmoins, cette question de la transmission à la génération vient s’appuyer sur la réalité que l’on vit aujourd’hui avec la montée des idées d’extrême-droite, la montée du racisme ambiant, du racisme anti algérien, qu’il ne faut pas déguiser sous le terme d’islamophobie. Et là, ils se reconnaissent dans ce combat.
• Pouvez-vous nous parler de François Nadiras, des réseaux et des liens qu’il a tissés avec les associations comme la vôtre ?
• Nils Balanche, co-président de l’Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre (4ACG) : Je l’ai connu quand j’avais 20 ans, dans les années 1967-1968, j’étais en classe de mathématiques, préparation aux concours au Lycée Dumont d’Urville à Toulon. Est arrivé ce jeune professeur de 27 ans, François Nadiras. Il était très compétent et très pédagogue. On allait dans ces cours avec beaucoup de bonheur et il m’a beaucoup guidé dans mon orientation et mes études. Bien plus tard, à la retraite, j’ai pu retrouver François à la Ligue des droits de l’homme et suivre le site ldh-toulon.net où s’exprimaient ses combats et ses valeurs que je partageais entièrement. C’est le sens de l’hommage que j’ai voulu lui rendre lors de l’Assemblée générale de l’ANPNPA car cette assemblée des pieds-noirs progressistes était vraiment le moment le plus approprié pour cet hommage.
• Philippe Czapla, de l’Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre (4ACG) : L’association a été fondée en 2004, au moment où plusieurs anciens appelés en Algérie ont commencé à avoir le statut d’ancien combattant et de recevoir une pension d’ancien combattant. La plupart d’entre eux sont revenus d’Algérie très traumatisés. Ils ont compris sur le terrain qu’on leur faisait faire une guerre coloniale. Mais beaucoup d’entre eux sont tombés amoureux du pays et ensuite amoureux des gens, du peuple algérien et ils n’ont pas compris qu’on leur fasse faire quelque chose qui était contre leurs valeurs. Donc, ils sont revenus complètement démolis, et pendant une vingtaine d’années au moins, ils n’ont rien pu dire pendant vingt, quarante ans pour certains. Ils n’ont rien pu lire parce que c’était une période dont les Français ne voulaient pas parler à l’époque et ensuite ce n’était pas partageable avec des enfants. Pas possible d’en parler ! On peut citer le cas de Rémi Serres en particulier, le fondateur de l’association, qui a été amené à témoigner parce que son fils était objecteur de conscience et qu’il a été poursuivi par la justice. C’est à ce moment-là qu’il a commencé à parler de la guerre d’Algérie, même si c’était c’est très difficile pour lui car cela faisait remonter des choses très compliquées.
Dans les années 2000, c’est avec des amis agriculteurs dans le Tarn qu’est née l’idée d’une association pour réfléchir à ce qu’ils feraient de leur pension d’ancien combattant, cela donnera l’Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami.e.s Contre la Guerre, 4ACG. En travaillant avec un groupe albigeois, le Collectif des Objecteurs du Tarn, ils décident de ne pas refuser cet « argent taché par tout le sang versé en Algérie » mais de le reverser à des causes utiles en Algérie et de soutenir des actions positives pour le rapprochement des peuples français et algérien. À la suite d’une émission de Daniel Mermet, sur France Inter Là-bas si j’y suis, l’association voit le nombre de ses adhérents exploser à la hausse. Lors d’une de la première Assemblée générale, était invitée Simone de la Bollardière, la veuve du général Pâris de Bollardière qui a été dégradé pour s’être opposé à la torture en Algérie. Son message aux anciens appelés en Algérie était : « Prenez la parole. Vous êtes aussi victimes de ce passé, ce que vous avez vécu n’est pas normal ». Cela n’a pas manqué de susciter des prises de parole des plus émouvantes.
• Comment réussissez-vous à toucher les jeunes générations ?
• Philippe Czapla : Par les interventions dans les collèges et lycées, par un site internet qui s’appelle 4ACG.org, nous sommes en train de développer Facebook et Instagram. Ensuite, il y a des publications comme ce livre qui s’appelle Guerre d’Algérie, Guerre d’indépendance, Paroles d’humanité (1), un des rares livres qui regroupent tous les témoignages des anciens appelés, des harkis, des pieds-noirs, quasiment toutes les personnes concernées de près ou de loin par la guerre d’Algérie. Et ça montre bien tout le travail de d’humanité, de fraternité qui a été construit autour de l’association.
(1) Collectif, Guerre d’Algérie, Guerre d’indépendance, Paroles d’humanité, l’Harmattan, 2012, 480 pages.
(propos recueillis par Cheikh Sakho)
« France-Algérie : ils chantent l’amitié entre nos peuples », un article de La Marseillaise
Voir aussi sur notre site histoirecoloniale.net
• Mathématiques et vérités à dire : hommage à François Nadiras et Gérard Tronel, par Gilles Manceron
___________________________________________________________________________________________________
Source : Histoire coloniale et postcoloniale – Édition du 15 octobre au 31 octobre 2025 https://histoirecoloniale.net/retour-sur-lhommage-a-francois-nadiras-a-toulon/







