Sur l’appellation « Pied Noir », par Roger Hillel

Sur l’appellation « pied noir »

Par Roger Hillel, membre de l’association au titre d’ami

L’idée d’une association de pieds noirs se démarquant de celles existantes a pris corps après l’affaire des noms de la famille Donnat-Galléa gravés sur le mur des disparus de Perpignan*. Cette « erreur » est une preuve supplémentaire de l’aveuglement des associations de pieds noirs, en particulier du cercle algérianiste, qui, pour être l’une des plus politiques, a été à l’origine du mur des disparus et en a dirigé la réalisation.

A partir du moment où il a été question de créer une association, si l’appellation « pieds noirs progressistes » s’est imposée à ses initiateurs, elle a été diversement perçue par les progressistes, PN ou amis, que nous avons sollicités. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a été comme un déclencheur de sentiments souvent enfouis. Les uns se sont offusqués de se voir attribuer le terme de PN, estimant ne se reconnaître que dans le qualificatif de « progressistes », les autres se sont sentis soulagés d’être désignés comme tels, et les a décidés à en assumer les interprétations contradictoires.

Pourquoi ces réactions contraires ? Pour en savoir plus, nous avons interrogé les historiens qui ont travaillé sur l’origine de cette appellation, sur la façon dont elle s’est répandue en Algérie et en métropole et sur les connotations qu’elle véhicule.

L’historien Gilbert Meynier, membre de l’association en tant qu’ami, qui, sans pour autant avoir travaillé sur ces questions, m’a suggéré des pistes. Je les ai suivies, pris des contacts avec d’autres chercheurs. Plusieurs ont répondu à mes courriels. De fil en aiguille, avec l’aide précieuse du site de la LDH Toulon et du passionnant  opuscule de Gaston Donnat « l’Algérie coloniale : algériens et pieds noirs », j’ai rédigé ce texte.

N’étant pas historien, il n’était pas dans mes intentions de faire une recension de tout ce qui a été écrit à ce sujet et d’en faire un bilan critique. D’autre part, ces notes ne reproduisent pas des témoignages de PN, que l’on trouvera dans les travaux des historiens dans lesquels j’ai puisé. On sait qu’ils en  font un usage fréquent, les mettent en perspective pour leur donner du sens, les confrontent à d’autres sources pour produire des analyses. Il conviendra donc de lire ce texte en ayant en tête cet avertissement.

1- Les dénominations : Européens, algériens, indigènes, arabes et musulmans entre 1830 et 1962

Les questions que nous nous posons rejoignent inévitablement une problématique qui préoccupe beaucoup les historiens, celle qui relève des « enjeux de nomination », ainsi abordée par  Eric Savarese (1) « La concurrence des mémoires se traduit, aussi et surtout, par des enjeux en terme de dénomination des groupes : la question du vocabulaire permettant de les nommer et de les présenter est donc fondamentale. ».

Après la conquête de l’Algérie, le colonisateur a longtemps distingué d’un côté les « européens » (catégorie juridique créée en 1831) et de l’autre les « indigènes » régis par le code de l’indigénat. Il ne faut pas oublier que l’Algérie a été une colonie de peuplement et que la France fit appel, d’abord à des français, puis, à des espagnols, italiens et maltais, et dans une moindre mesure à des suisses et des allemands du sud (3). Pour ces immigrés, elle institua la naturalisation automatique par les lois du 26 juin 1889 et du 22 juillet 1893 (7), les faisant tous basculer dans la catégorie des « européens ».

Tous ces européens, se sont très vite désignés comme « algériens », alors que dans le même temps, « la masse des «  indigènes  » se confondait avec les dénominations «  d’arabe  » (qui incluait dans l’usage courant les berbérophones) et de musulman. » (3). Albert Camus n’a pas dérogé à la tradition langagière dominante. Jacques Frémeaux (9) rappelle que : « Dans « Des bateaux et de la justice » (16 mai 1945, Essais, Gallimard, coll. Pléiade, p. 947), il oppose « indigène » et « européen », puis plus bas « Français »  et « Arabe ». Dans « Lettre à un militant algérien (octobre 1955) », il évoque aussi les « Français d’Algérie » et les « Arabes » (p. 963). Dans Trêve pour les civils (janvier 1956, p. 984), il évoque, de même, « l’Algérie de la justice, où Français et Arabes s’associeront librement ». Dans sa préface de 1960 à Actuelles (mars-avril 1958), il parle de « Français d’Algérie » et d’« Arabes d’Algérie»  mais plus bas d’ « Européens » »

Un mot à propos des juifs sur lesquels, Gaston Donnat a écrit des pages forts stimulantes en s’inspirant en particulier du livre d’André Chouraqui « Histoire des juifs en Afrique du Nord » (1951, Hachette littérature). Ce qu’il faut retenir, c’est, qu’ils aient été des juifs maghrébins (présents en Algérie avant les conquêtes française, turque et arabe et longtemps classés dans la catégorie des indigènes) ou des juifs issus de l’immigration après la conquête française, ils seront intégrés à la catégorie des « européens », après diverses péripéties (dont la citoyenneté française accordée aux « indigènes israélites » en octobre 1840 par le fameux décret Crémieux,  puis la perte en octobre 1940 sous le régime Vichy et la restitution en octobre 1943).

« Il se dégage, de toutes ces dénominations, un apparent manque de rigueur :  le vocable « européen » englobe ou non les Juifs ; il désigne des gens nés en Afrique pour leur majorité ; et un manque de logique de découpage selon les catégories, puisqu’il n’y a pas de véritable couple religieux (« Européen » étant opposé à « Musulman »), ni de couple national (« Français » s’opposant à « Arabe »), ni de couple ethnique (« Européen » s’opposant à « Africain »). » (9)

En fait, ces distinctions sémantiques ne doivent rien au hasard. Celle « arabe –européen » est évidemment le signe du clivage fondamental de la société coloniale. En Afrique noire, le contraste physique était tel qu’on avait « le blanc et le nègre », dans le Maghreb, où la distinction physique était moins flagrante, cela donnait « arabe-européen » dont la connotation raciale, comme l’a fort bien analysé Gilles Manceron (8), n’en était pas moins évidente.

Quant à la confusion sur le vocable « algérien », elle va perdurer pendant près d’un siècle jusqu’à ce que le nationalisme algérien s’affirme et « identifie le « peuple algérien » à la masse des «  indigènes  » assujettis, et lui attribue une identité nationale antérieure à la conquête coloniale. » (3). Preuve supplémentaire que « dans la situation coloniale, comme dans bon nombre d’autres cas, les enjeux de nomination sont aussi des enjeux de pouvoir, et les mots font l’objet de luttes : tandis que les Français d’Algérie se proclamaient « Algériens », en tant que résidents d’une « province française », les anciens « indigènes » se proclament « Algériens » lorsque, investis dans la guerre d’indépendance, ils visent à se définir comme les occupants légitimes du territoire » (1)

En l’espace d’un peu plus d’un siècle,  c’est donc opéré ce que Guy Pervillé appelle un « phénomène de mutation et d’inversion sémantique » : « Le nom « Algériens » devint de plus en plus suspect parmi les français d’Algérie, puis la revendication d’un Etat national algérien indépendant par l’insurrection du FLN acheva de rendre insupportable son ambiguïté. Les anciens « Algériens » pouvaient alors se proclamer Français, comme ils l’avaient toujours fait pour se distinguer des « Arabes », et pour revendiquer contre eux la solidarité de leurs compatriotes de France »(4). Ce que Michèle Baussant explique en ces termes : « Lorsque le mot « Algérien » reprit l’application qu’on lui connaissait au XVème siècle, il cessa de désigner les Européens pour être désormais destiné aux seuls «Musulmans ». Les premiers faisaient ainsi l’amère expérience du sens d’un terme qu’ils s’obstinaient à ne pas reconnaître et devenaient alors des pieds-noirs. En remettant en cause la domination de la France et en se réappropriant le terme d’«Algérien » pour se nommer eux-mêmes, les seconds redéfinissaient leur propre place dans le système. Cette place allait leur être peu à peu reconnue, au contraire des Européens qui ne pouvaient désormais plus se prétendre« Algérien » (5)

2- Les dénominations des français d’Algérie à leur arrivée en France en 1962

C’est une confusion analogue qui prévaut quant aux appellations des européens qui fuient l’Algérie en 1962 et viennent s’installer en France. Valérie Morin (2) fait à ce propos les commentaires suivants : « En 1967, la métropole avait accueilli environ 1 400 000 Français dont 90 % venaient d’Afrique du nord. Au niveau du vocabulaire, l’administration française les a appelés des rapatriés, ce qui n’est pas sans poser des problèmes de définition. Le terme  » rapatrié  » signifie être de retour dans sa patrie. Or, si pour certains cela était vrai, pour un grand nombre, venir – et non pas revenir – en France ne signifiait rien : les conjoints indochinois de français ou leur parentèle, les immigrés européens du Maghreb, naturalisés français par la suite, les Français nés au Maghreb qui n’avaient jamais fait le voyage en France (sauf lors de la guerre pour les hommes l’ayant faite), les juifs du Maghreb, implantés depuis 400 ans… La communauté juive, française ou non, a, en effet, majoritairement quitté les pays du Maghreb, au moment des décolonisations ou peu après lors des conflits nés des guerres israélo-arabes (surtout en 1967). Le terme  » rapatrié  » donne aux Français du Maghreb un statut juridique. Pour l’Etat français, ils sont reconnus  » rapatriés  » par la loi du 26 décembre 1961 qui leur offre alors un cadre juridique pour s’installer en métropole mais aussi des avantages sociaux (S.S ou allocations familiales) et financiers (aides, prêts à des taux intéressants) liés à ce statut(…) Le terme  » rapatrié « , quoique parfaitement impropre dans la plupart des cas, est donc essentiellement juridique et il a l’avantage de nommer précisément cette catégorie de Français installés en France après les indépendances. Mais ces Français d’outre-mer seront aussi nommés  » repliés  » par le général de Gaulle notamment,  » réfugiés « , certains se préférant « expatriés » ou  « exilés » Pour Michèle Baussant (5) « Ces derniers ne pouvaient pas être considérés comme des «personnes déplacées» ou des «réfugiés », puisqu’ils n’étaient pas citoyens algériens. Dans la législation française, ce terme s’appliquait à tout Français, «ayant dû ou estimé devoir quitter, par suite d’événements politiques, un territoire où il était établi et qui était antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat ou la tutelle de la France. ». Progressivement se met en place un langage officiel et des textes juridiques, qui n’échappent pas aux clivages établis par le système colonial. On y distingue les «rapatriés de souche européenne» des «rapatriés de confession islamique » ou «Français musulmans rapatriés »(3).

3 – Sur la dénomination « pied noir »

C’est peu de dire qu’avec les dénominations précédentes, les équivoques sont patentes, mais ce n’est rien en comparaison du terme « pied noir » que Michèle Baussant (5) nomme « un étrange « ethnonyme » qui recouvre des représentations confuses et superposées ». Jean-Jacques Jordi, estime quant à lui, que « les éléments fondateurs de l’identité “pied-noire” sont relativement récents, et tant y abondent des lieux communs parfois falsificateurs » (7). Dans son courriel, Yann Scioldo-Zurcher le présente comme « un terme polysémique, qui désigne aussi bien les Français d’Algérie que les Algériens ».

Sur son origine, de nombreuses interprétations ont été répertoriées par Michèle Baussan (5) et Guy Pervillé (4), dont certaines qu’ils jugent « fantaisistes » ou « invraisemblables ». Certains ont privilégié des explications qui « renvoient aux premiers contacts des groupes en Algérie et à leur différenciation, découlant d’éléments culturels et stéréotypés, extérieurs et visibles »(5). Mais, au-delà des aspects anecdotiques, (souliers ou godillots noirs, pieds sales, pieds hâlés…), il ne semble pas faire de doute que durant des décennies, jusqu’aux années 40, le terme « pied noir » est une injure anti arabe utilisée par les européens (4 et 5).

Comment expliquer alors son retournement progressif de sens pour devenir en 1962 l’appellation dominante des « rapatriés » d’Algérie ? Une des explications est certainement fournie par l’analogie avec le sort qu’à subi le terme d’ « algérien », dont on a vu que, dans un premier temps il est accaparé par les européens, puis progressivement, les algériens légitimes se l’approprient et finalement, qu’après quelques années de coexistence, un peu avant 1954, les premiers finissent par l’abandonner aux seconds, signe de la fin annoncée de l’Algérie coloniale. Ce n’est certainement pas par hasard si le retournement de sens du terme pied noir commence à s’opérer, selon les historiens vers la première moitié des années 50 (4 et 5) et va s’accélérer à partir du déclanchement de l’insurrection algérienne. Dans un courriel, Bachir Hadjadj, l’auteur de « Les voleurs de rêve » nous livre le témoignage suivant : « Pour moi qui avais 17 ans au déclenchement de la lutte armée, et au lycée de Sétif où j’étais, j’ai toujours entendu mes camarades français d’Algérie utiliser le mot de Pied Noir pour se désigner eux mêmes, et ce n’était pas un mot péjoratif. » Dans son courriel, Michèle Baussant indique que « le terme se serait répandu au moment de la guerre d’Algérie, utilisé par les Français dit de Métropole pour qualifier les « Européens » d’Algérie (d’où exonyme) », alors que pour Guy Pervillé (4), ce sont les français d’Algérie qui auraient revendiqué ce terme car, « L’explication doit partir du fait que les futurs « Pieds-noirs » s’étaient d’abord appelés « Algériens », en définissant ce nom comme celui d’un peuple nouveau, né de la fusion des « races » européennes en Algérie à la fin du XIXe siècle, pour se distinguer des Français de France (appelés « Francaouis » ou « Patos ») (4). Les deux explications sont peut être complémentaires, car selon Yann Scioldo-Zürcher (courriel) : « Ce n’est qu’avec la guerre d’Algérie que son usage va changer. Le nom va commencer à désigner l’ensemble des Français d’Algérie  » européens  » (le terme français ne suffisant pas à désigner les européens puisque les » musulmans  » comme on les nomme alors sont aussi Français). Le terme va se diffuser des deux côtés de la Méditerranée.  Pour les Français de métropole, le terme pied-noir va représenter les Français  » européens  » d’Algérie, tous sans exceptions. Par la suite, il servira à désigner les rapatriés.  Chez les Français d’Algérie, les choses sont un peu différentes. Le terme va être redécouvert et va tout d’abord être perçu comme péjoratif. Cependant, dès 1959, il se diffuse dans les rangs des partisans de l’Algérie française, car il permet à la fois de revendiquer une filiation avec la France (le nom étant un nom de langue française) et à la fois, permet de distinguer les Français d’Algérie des autres métropolitains. Plus encore, comme on le sait, à la fin de la guerre, dès les années 1960-1961, les Français d’Algérie vont de plus en plus être confondus par les métropolitains  avec les ultras de l’Algérie française et le terme pied-noir, un temps, va servir à désigner les Français d’Algérie et par extension, par synecdoque, ceux qui sont partisans de l’OAS. Conclusion : Le terme a été revendiqué par les Français d’Algérie ultra, au terme de la guerre mais dans le même temps, il a été unanimement utilisé par les métropolitains et le pouvoir politique (toutes tendances confondues)  pour désigner les rapatriés. Ainsi, dans les années 1960, il ne désigne plus que ceux nés en Algérie  et « revenus » en France métropolitaine. » Ces dernières réflexions ont l’avantage de ne rien gommer et seront des plus fructueuses pour notre association, d’autant que l’historien a ajouté des remarques plus personnelles que je crois utile d’introduire dans ma conclusion.

Conclusion :

Yann Scioldo-Zürcher, se pose la question : « Que faire donc avec ce fatras de sens, d’histoires personnelles et collectives et de revendications qui volent autour de ce nom ? » Il y répond en ces termes : « Ce n’est pas l’historien qui vous écrit désormais mais le citoyen que je suis et qui se permet de vous donner -modestement- un ou deux conseils :

– Ne laissez pas le terme pied-noir être utilisé par les seuls partisans d’une France raciste et xénophobe. Gardez donc ce nom ! Il a une histoire difficile, qui est celle de la colonisation, des départs et des manques de l’Algérie, mais c’est-là un résumé de l’histoire humaine. Ce nom à acquis un sens : il appartient à tous ceux qui ont connu l’Algérie qui y sont nés par les hasards de la vie et de l’histoire et à l’image des pieds-noirs d’aujourd’hui, ce nom est multiple. Il désigne un passé commun, mais en rien une seule tendance politique. C’est un nom difficile, mais c’est un nom historique. Parmi les rapatriés tous n’étaient pas les immondes salauds qui ont suivi les violences de l’OAS, nous le savons bien. Gardons-nous donc à notre tour de faire des réductions historiques grotesques. Que votre association rappelle donc aussi que des pensées progressistes animaient aussi des pieds-noirs et leurs amis ! » Un encouragement qui rejoint celui formulé dans le courriel de Bachir Hadjadj : « Concernant le fond des choses : Je crois que le terme de pieds noirs s’est imposé et il désigne sans aucun doute possible les français d’Algérie. Secondo, il n’est pas péjoratif même si l’image qu’il colporte est marquée à droite parce que la majorité des pieds noirs n’était pas pour l’émancipation de la colonie. Personnellement je crois qu’il faut garder le terme de pied noir pour désigner les français d’Algérie. Et comme dans toute société humaine il y aura des pieds noirs de gauche qui se revendiqueront de gauche, et des pieds noirs de droite pour ceux qui se revendiquent de l’OAS ou toujours partisans de l’Algérie Française. Je souhaite longue vie à L’APNPA. »

Roger Hillel (6 août 2008)

1- Eric Savarese, Maître de conférences, Université de Perpignan-Via Domitia :  Journée d’Etudes Montrer l’Algérie au public. Pour en finir avec les guerres de mémoires algériennes qui s’est tenue à Narbonne, le 19 avril 2007, sous l’égide du CERTAP, UPV. rapport rédigé par Eric SAVARESE, Maître de conférences, Université de Perpignan-Via Domitia, qui intègre les contributions, réflexions et propositions de Raphaëlle BRANCHE, Maîtresse de conférences, Université de Paris I, Jean Robert HENRY, Directeur de recherche, CNRS, Jean – Charles JAUFFRET, Professeur, IEP d’Aix en Provence, Claude LIAUZU, Professeur émérite, Université de Paris VII, Gilbert MEYNIER, Professeur émérite, Université de Nancy II, Valérie MORIN, Docteure en histoire, Université de Paris VII, Guy PERVILLE, Professeur, Université de Toulouse Mirail, Eric SAVARESE, Maître de conférences, Université de Perpignan Via Domitia, Yann SCIOLDO – ZURCHER, Docteur en histoire, EHESS, Benjamin STORA, Professeur, I.N.A.L.C.O., Sylvie THENAULT, Chargée de recherche, CNRS

2- Valérie Morin, dont j’ai utilisé le texte publié en 2002 sur le site Hermès, Historiographie des décolonisations et des nationalismes du Maghreb.

3- Guy Pervillé Comment appeler les habitants de l’Algérie avant la définition légale d’une nationalité algérienne ? (1996) colloque Mots et migrations organisé par le Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine (CMMC). Texte publié dans les Cahiers de la Méditerranée, Nice, CMMC, n° 54, juin 1997, pp. 55-60.

4-Guy Pervillé : Pour en finir avec les « Pieds-Noirs », présentée lors du colloque Les mots de la colonisation, Bordeaux III, 22-24 janvier 2004.

5- Michèle Baussant, sociologue (EHESS), qui a répondu à mon courrier et m’a fait parvenir des extraits de son ouvrage «Pieds noirs,  mémoires d’exil » 2002, Stock,

6- Yann Scioldo-Zurcher, auteur d’une thèse sur l’indemnisation des Pieds noirs, dirigée par Nancy Green (EHESS). La rémanence des stéréotypes coloniaux dans le discours politique, 1962-2005, « Existe-t-il une vision pied-noir des rapports franco-algériens ? », colloque Pour une histoire critique et citoyenne. Le cas de l’histoire franco-algérienne, 20-22 juin 2006, Lyon, ENS LSH, 2007, http://ens-web3.ens-lsh.fr/colloque….

7- Jean-Jacques Jordi, historien, UMR-Telemme, Maison méditerranéenne des sciences de l’homme les pieds-noirs, constructions identitaires et réinvention des origines, [ Hommes et Migrations n°1236 – mars avril 2002 ]

8- une cascade de mépris extrait de l’ouvrage « d’une rive à l’autre – la guerre d’Algérie de la mémoire à l’histoire » de Gilles Manceron et Hassan Remaoun (éd. Syros, Paris 1993).

9- Texte de Frémeaux : L’européen d’Algerie : une identité fugitive ? dans Carbonell (Ch.-O.), dir., De l’Europe, identités et identité, mémoires et mémoire, Presses de l’Université des sciences sociales de Toulouse, 1996, p. 43-49.

* Note concernant le mur des disparus de Perpignan (juin 2008)

« C’est en 2004 que la mairie de Perpignan accède à la demande du cercle algérianiste d’ériger un mémorial en hommage, selon les termes d’un récent communiqué de cette association, aux « milliers de Français d’Algérie, de Harkis, de militaires, enlevés sans laisser de trace, entre 1954 et 1963 ».

Pourquoi avoir choisi cette période alors que le cessez le feu date du 19 mars ?

a- On a pu établir (Guy Pervillé La guerre d’Algérie, Que sais-je ? mars 2007) qu’avant cette date le nombre de civils européens disparus morts sans sépulture est 375 et de 1773 après cette date soit un total de 2148.  Ce chiffre est très proche de celui établi par le ministère des Affaires étrangères (Liste datant du 5 juillet 2005 avec 2280 noms puis révisée le 25 février 2008 et sur laquelle ne figurent plus les 5 noms de la famille Donnat-Galléa ) .

Sur le mémorial du cercle algérianiste, figurent 2616 noms (dont les 5 noms de la famille Donnat-Galléa), ce qui correspond à quelque chose près aux 2280 noms de la liste du 5 juillet du ministère et aux 400 noms de soldats annoncés par Mme Simon-Nicaise, la présidente du Cercle algérianiste. Mais, pourquoi 400, alors que les historiens avancent le chiffre de 1000 ? Nous n’avons pas la réponse.

b-A propos de la liste du  ministère des affaires étrangères.

Cette liste diffère de celle du CICR (Comité international de la Croix Rouge)
à laquelle il ne faut plus se fier. Celle du ministère qui nous sert désormais de référence a  été publiée sous l’intitulé,  liste « concernant les personnes disparues ou présumées disparues en Algérie pendant les derniers mois de la souveraineté française (1962), ». Il ne s’agirait donc pas de tous les disparus depuis le début de la guerre d’Algérie. La note ajoute que 3781 dossiers ont été examinés et que 1551 concernaient des personnes ayant été retrouvées ou libérées ce qui donne 2230 (mais la liste comprend 2281 noms).  On rapprochera ce chiffre des 2148 de Guy Pervillé.

c- Des OAS avérés figurent sur la liste des disparus du ministère des affaires étrangères et donc sur le mémorial.

Dans une interview donné dans l’indép du 23 nov, J-M Pujol a déclaré :  » la liste des personnes disparues est œcuménique, sa composition prouve que toutes étaient d’innocentes victimes  »  C’est faux ! Il suffit de consulter les 2 listes publiées par l’ADIMAD.  Sur celle consultable sur son site, on a  les noms d’OAS tués au cours d’actions terroristes et dont certains sont donnés comme disparus : 3 d’entre eux figurent sur la liste du ministère : Peny Henri, Arbassette Marcel et Aoustin Pierre. Une autre liste correspond aux 105 tueurs de l’OAS pour lesquels la stèle du cimetière de Perpignan a été érigée. On en retrouve 2 sur la liste du ministère : Cortès Gilbert, Morère Roger et donc sur le mémorial. Cela fait donc 5 OAS dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne sont pas « d’innocentes victimes » auxquelles le mémorial de Perpignan rend hommage

Un travail plus fouillé qui relève des historiens, permettrait de vérifier si d’autres noms d’OAS sont inscrits sur le mur

II : le mur des disparus

C’est en 2004 que la mairie de Perpignan accède à la demande du cercle algérianiste d’ériger un mémorial en hommage, selon les termes d’un récent communiqué de cette association, aux « milliers de Français d’Algérie, de Harkis, de militaires, enlevés sans laisser de trace, entre 1954 et 1963 ».

Pourquoi avoir choisi cette période alors que le cessez le feu date du 19 mars ?

a- On a pu établir (Guy Pervillé La guerre d’Algérie, Que sais-je ? mars 2007) qu’avant cette date le nombre de civils européens disparus morts sans sépulture est 375 et de 1773 après cette date soit un total de 2148.  Ce chiffre est très proche de celui établi par le ministère des Affaires étrangères (Liste datant du 5 juillet 2005 avec 2280 noms puis révisée le 25 février 2008 et sur laquelle ne figurent plus les 5 noms de la famille Donnat-Galléa ) .

Sur le mémorial du cercle algérianiste, figurent 2616 noms (dont les 5 noms de la famille Donnat-Galléa), ce qui correspond à quelque chose près aux 2280 noms de la liste du 5 juillet du ministère et aux 400 noms de soldats annoncés par Mme Simon-Nicaise, la présidente du Cercle algérianiste. Mais, pourquoi 400, alors que les historiens avancent le chiffre de 1000 ? Nous n’avons pas la réponse.

b-A propos de la liste du  ministère des affaires étrangères.

Cette liste diffère de celle du CICR (Comité international de la Croix Rouge)
à laquelle il ne faut plus se fier. Celle du ministère qui nous sert désormais de référence a  été publiée sous l’intitulé,  liste « concernant les personnes disparues ou présumées disparues en Algérie pendant les derniers mois de la souveraineté française (1962), ». Il ne s’agirait donc pas de tous les disparus depuis le début de la guerre d’Algérie. La note ajoute que 3781 dossiers ont été examinés et que 1551 concernaient des personnes ayant été retrouvées ou libérées ce qui donne 2230 (mais la liste comprend 2281 noms).  On rapprochera ce chiffre des 2148 de Guy Pervillé.

c- Des OAS avérés figurent sur la liste des disparus du ministère des affaires étrangères et donc sur le mémorial.

Dans une interview donné dans l’indép du 23 nov, J-M Pujol a déclaré :  » la liste des personnes disparues est œcuménique, sa composition prouve que toutes étaient d’innocentes victimes  »  C’est faux ! Il suffit de consulter les 2 listes publiées par l’ADIMAD.  Sur celle consultable sur son site, on a  les noms d’OAS tués au cours d’actions terroristes et dont certains sont donnés comme disparus : 3 d’entre eux figurent sur la liste du ministère : Peny Henri, Arbassette Marcel et Aoustin Pierre. Une autre liste correspond aux 105 tueurs de l’OAS pour lesquels la stèle du cimetière de Perpignan a été érigée. On en retrouve 2 sur la liste du ministère : Cortès Gilbert, Morère Roger et donc sur le mémorial. Cela fait donc 5 OAS dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne sont pas « d’innocentes victimes » auxquelles le mémorial de Perpignan rend hommage

Un travail plus fouillé qui relève des historiens, permettrait de vérifier si d’autres noms d’OAS sont inscrits sur le mur

Gaston Donnat: Peuple Pied Noir

Un document inédit de Gaston Donnat

Gaston Donnat a écrit un opuscule de 93 pages, auquel il a donné le titre : « L’Algérie coloniale : algériens et pieds noirs ». Il en avait achevé la rédaction le 15 juillet 1987, donc plusieurs mois après celle de son ouvrage majeur « Afin que nul n’oublie » publié une première fois en 1986 chez L’harmattan puis réédité l’an dernier chez le même éditeur. Le dernier paragraphe de son document, intitulé : « la fusion des ethnies européennes », est consacré à justifier la terminologie « peuple pied noir », qui selon lui « correspond à une réalité ». Il y écrit « 1950 : la fusion est pratiquement terminée, le Peuple Pied Noir est né. Le nom de Pied Noir à l’origine indéterminée, a été adopté par les Européens d’Algérie. Pourquoi ne pas l’admettre et le revendiquer. Quel autre nom, en effet, pourrait-on donner à ce Peuple? »

V 1-1 – : La fusion des ethnies européennes

Les cinq ethnies principales : Espagnole~ Française, Israélite, Italienne, Maltaise seront loin de former rapidement une communauté homogène. Pendant longtemps, elles resteront repliées sur elles- mêmes et sur leurs cultures respectives.

Une vil1e comme Alger où on les retrouvait toutes, permet de mieux saisir le processus de fusion qui va s’opérer. Il faudra plusieurs générations après l’arrivée des familles en Algérie et aussi des évènements historiques impulsant ou nécessitant leur solidarité pour que cette fusion s’accélère puis se termine.

Un rapide et grossier croquis de l’Alger des années 1930 ( voir page précédente) montrera qu’en ces temps-là encore, sauf exception-, chacune des ethnies possédait des quartiers dans lesquels elle était dominante. Les mariages mixtes n’étaient pas encore la règle générale. Ici, la langue espagnole n’avait pas disparu, là, c’était l’italien, ailleurs l’Hébreu ou le patois judéo arabe, le Maltais … mais le. Français était connu de tous, c’était devenu. indispensable.

Mais pendant combien de temps, les quartiers furent-ils bilingues’? Combien de temps a-t-on parlé un charabia qui n’était ni le Français ni la langue d’origine » comme le célèbre Pataouët de Bab el Oued’?

Ce Pataouët a trouvé une illustration dans la publication, en fin du XIX ème siècle, des aventures de Cagayous sous la signature de Musette, pseudonyme sous lequel se cachait un nommé Robinet. Ces publications s’étalèrent de I894 jusqu’en 1920. L’auteur, tout en les exagérant, utilisait les déformations du Français ou les introductions de vocables espagnols, italiens, occitans, arabes. Il caricaturait ainsi le langage réellement parlé par le petit peuple de son quartier, celui de la Marine, à Alger. Cagayous a été antijuif. Il a exprimé aussi les sentiments des immigrés espagnols ,italiens, maltais vis à vis des « Français de France » qui les méprisaient, les traitant de « Français à un Franc », prix de l’acte de naturalisation. Ces immigrés quand ils disaient « Nous autres » (Nosotres), c’était par opposition aux Français de France ridiculisés par Cagayous

prenant comme tête de Turc, Mr Brun, le Lyonnais, le godiche, le dindon de la farce. « Nous autres.’ … dans leur bouche signifiait « les Algériens » … c.ar dans leur esprit, ils étaient les véritables Algériens, …Les « Arabes », ça ne comptait pas.

On pouvait voir au travers de cette mentalité, sourdre le désir confus d’un séparatisme d’avec la France, d’une future »Algérie libre »,… d’une Algérie « algérienne … l’Algérie pour « Nous autres » …mais pas pour les vrais Algériens. C’était une solution du type de l’apartheid d’Afrique du Sud.

Nous ne pouvons résister au plaisir de citer deux petits ex traits caractéristiques des aventures de Cagayous :

 » Si les Algériens y z’ avaient pas gueulé à la Cause de l’affaire Dreyfus, les Français de France y s’arraient pensé que c’est.des étrangers et des champoreaux, moitié italiens, moitié espagnols, qui sont ici « .

 » On se voulait tout casser . L’ hasard. il a voulu, que juste y passe un tramvaille ousqu’y avait deux juifs dessur. Ma, si vous aviez vu cette baroufe ! Le même chose que si une bande de toros de muerte elle serait lâchée contre deux carcans  » .

( Ces éléments sur Cagayous sont tirés d’une étude de Paul Siblot, Professeur à l’Université III, Paul Valéry de Montpellier)

C’est la poussée du Front Populaire, en 1936,. qui va donner une grande accélération au processus de fusion entre toutes les ethnies européennes. En effet, un facteur prolongeant la séparation de ces ethnies était l’ignorance, la pauvreté dans laquelle vivaient des couches nombreuses, dans leurs quartiers. Ces couches formeront la base de masse du Front Populaire. Elles revendiquaient de meilleures conditions de vie, la fin du chômage, des acquis sociaux calqués sur ceux de France, connus grâce aux syndicats C. G. T. U., dans les années 1930 . Leur adhésion au mouvement s’inscrivait dans le même sens que celui qui avait explosé en France …

La Bab el Oued des Espagnols devint Bab el Oued la Rouge. Les Espagnols regroupés à Belcourt, au Ruisseau, Hussein-dey étaient aussi dans le Mouvement ainsi que des Italiens de la Marine et des Israélites de la rue du Divan ou Bab Azoun. Ces derniers ajoutaient à leurs revendications un réflexe de défense contre un fascisme qu’ils savaient dangereux pour eux. Les Français de la fonction publique, enseignants en particulier, ceux des petits cadres du secteur privé ou des transports, des intellectuels, avaient aussi des inquiétudes concernant leur situation et craignaient le fascisme car ils étaient peu aimés des colons. Le fascisme signifierait un renforcement du pouvoir colon qui s’était quelque peu relâché. Et ce pouvoir colon autoritaire n’aurait pas ménagé fonctionnaires et salariés européens. Le passé l’avait montré. Il y avait aussi dans ces couches, la crainte de la guerre.

Dans l’ambiance créée par les manifestations, les grèves, les meetings, dans la cohabitation au sein des syndicats devenus plus nombreux, plus puissants, avec la montée d’un mouvement communiste important, les conditions de fraternisations, de communion d’idées, d’intérêts allaient rapprocher tous ces Européens des divers quartiers, les jeunes surtout, se retrouvant, de plus, dans les Auberges de la Jeunesse.

Les mariages mixtes se firent de plus en plus nombreux… Les parents n’y mettaient plus obstacle et les jeunes étaient bien plus indépendants.

En 1939, la fusion était déjà bien avancée.

Après la séquence vichyste, le débarquement américain et les dernières batailles de la guerre mondiale à laquelle participèrent les Européens d’Algérie dès le début de 1943, allaient encore accélérer ce processus. Les mois des années 1944 et début 1945 ont beaucoup compté aussi car ils ont donné lieu à une importante poussée démocratique et une montée du Parti communiste algérien chez les Européens de toutes origines qui se traduisit par un nombre appréciable d’élus dans les municipalités, les Conseils généraux, l’Assemblée constituante française.

Le journal « ALGER REPUBLICAIN », largement diffusé chaque jour, était lu par de nombreux Européens… et certains même ne l’abandonneront pas lorsqu’ils n’approuveront pas les positions prises par le journal concernant le problème national algérien. Son influence était grande. ALGER REPUBLICAIN, nous l’avons vu avait une large audience aussi parmi les Algériens. Ceux-ci, d’ailleurs, 25 ans après sa disparition, ne l’ont pas oublié. Dans un numéro d’avril 1987, la revue officielle de l’Amicale des Algériens en Europe lui consacre une page émouvante faisant état notamment du rôle joué par son Directeur, Henri Alleg se trouvant à la tête d’ un collectif de journalistes comprenant des démocrates, des communistes européens et’ algériens, mais surtout des patriotes. -La revue algérienne note « ses positions courageuses face au pouvoir colonial » et précise qu’il informa avec courage et obstination sur la répression d’un Peuple en colère » …’

Boualem Khalfa, Henri Alleg, Abdelhamid Benzine viennent de publier  » La grande aventure d’ALGER REPUBLICAIN » : nous conseillons vivement la lecture de ce livre qui retrace un évènement historique important.

Puis, ce fut mai 1945 . . .

Et à partir de là, la fusion sera basée sur une atmosphère de peur attisée par la colonisation.

On ne peut nier, dans les années 1945-50, une accession de ceux des Européens qui étaient pauvres, mêmes très pauvres avant 1936 à un niveau social beaucoup plus élevé. Nous l’avons vu à l’occasion de l’ethnie espagnole. Rares seront ceux qui dans les années 1950, n’ auront pas un emploi stable, un habitat convenable, voire une villa et même une automobile. Pour eux, l’Algérie sera devenue un pays ou l’on vit bien, jouissant d’un climat agréable, permettant des loisirs variés avec ses plages splendides, ses montagnes si belles. Cela était nettement perceptible pour quelqu’un qui avait quitté l’Algérie en 1944 pour la retrouver en 1952.

On ne peut nier les chiffres officiels qui donnent un revenu moyen de 360 000 francs de l’époque par an et par Européen contre 275 000 francs en France et 30 000 francs par Algérien dont 20 000 francs pour 90 % de ces Algériens.

1950 : la fusion est pratiquement terminée, le Peuple Pied Noir est né . Le nom de Pied Noir à l’origine indéterminée, a été adopté par les Européens d’Algérie. Pourquoi ne pas l’admettre et le revendiquer. Quel autre nom, en effet, pourrait-on donner à ce Peuple?

Les Pieds Noirs, nés de cette fusion ont formé une communauté spécifique riche des apports de toutes ses composantes.

A la culture française de base acquise progressivement par les non Français se sont superposées des impulsions, des mentalités, des habitudes alimentaires, des gouts artistiques et musicaux, une conception des loisirs des expressions passées dans la langue, des gestes, des manières d’être collective, empruntés à chacune des ethnies d’origine.

Nous pensons que la terminologie Peuple Pied Noir correspond à une réalité. Elle répond à la définition que donnent du mot « peuple » les dictionnaires et en particulier le Bordas-Logos où l’on peut lire à cette rubrique: PEUPLE : Ensemble des hommes qui habitent un même pays et qui ont entre eux un certain nombre de points communs (moeurs, langue, histoire, tradition …) ; le mot peuple ne précise pas le degré de conscience et d’organisation de l’ensemble considéré comme le précisent les mots nation, patrie.  »

Ce peuple, nouveau né, n’était ni Français ni Algérien.

Pour sa majorité, ses origines ethniques étaient en grande partie espagnoles,. italiennes, israélites, maltaises, etc .. Pour des raisons démographiques, les Pieds Noirs d’origine française étaient devenus minoritaires et de plus, parfaitement intégrés eux aussi à la mentalité collective. C’était un peuple méditerranéen avec une teinte

d’orientalisme. N’est-il pas curieux de constater, après cette petite étude, que parmi les composantes du peuple pied noir,… la presque totalité ces ethnies est véritablement méditerranéenne. Les Français eux-mêmes, étaient en grande majorité des Occitans, il y a 70 mots occitans dans le parler populaire pied noir. Or,  tout autour de la Méditerranée, Espagnols, Italiens, Maltais, Occitans ont connu un lointain passé présentant des situations similaires et l’on peut y ajouter les Israélites algériens. Après les civilisations néolithiques de base, (souvent cousines), toutes ont bénéficié des apports grecs, phéniciens romains, gothiques, arabes (Languedoc, Arles, Haute-Provence, Estérel pour la France).

Ceux qui ont lu le livre de Jean Giono  » Un de Beaumugne » dont Marcel Pagnol a tiré le merveilleux film « Angèle », auront reconnu dans ce père qui enferme sa fille dans une cave pour que l’honn.eur de la famille reste secret, un trait typique du concept familial commun aux Espagnols, Italiens, Maltais, provençaux, Algériens et certainement Israélites …

L’attitude de ce père, ses gestes, les paroles qu’il prononce, ses tirades finales d’allure théâtrale auraient pu, aussi être attribuées à un père sicilien, maltais, espagnol.

Par ses composantes et son voisinage algérien, le Peuple Pied Noir est un condensé des mentalités méditerranéennes … bien sur aujourd’hui édulcorées par la rapidité des transformations modernes.

Jusque vers les années 1950, beaucoup d’entre eux n’étaient jamais venus en France, une France qu’ils ne connaissaient pas, une 1 France dont ils ne pouvaient s’imprégner ni de son passé historique multi centenaire, ni de sa mentalité. D’autant qu’ils étaient enfermés dans leur propre espace : l’Algérie.

Ils ne pouvaient pas se sentir vraiment Français et d’ailleurs, le langage pied noir contient des mots comme  » Français de France », « Frangaoui », « Patot’ … Il est même certains d’entre eux, en Oranie, qui n’auraient pas vu d’un mauvais oeil leur rattachement à l’Espagne. Il existe, aujourd’hui, à Alicante, un quartier Pied Noir comprenant 30 000 habitants, il s’en trouve aussi dans toute l’Espagne. Ce qui confirme la tendance espagnole à rester fidèle à ses origines.

Pendant la période vichyssoise, ils n’ont pas pu ressentir comme les Français, l’occupation allemande invisible en Algérie.

Les seules occasions de se montrer réellement Français, et très honnêtement, il faut dire qu’ils l’ont fait avec beaucoup de courage et sans hésiter, ont été les guerres de 1914-18 et de 1939- 45 (avec, pour eux, une reprise en 1943-45). En 1914, les volontaires non citoyens français ont été nombreux. En 1943, beaucoup de Pieds Noirs ont demandé à être intégrés dans les Corps Francs. Disons à cette occasion, que de nombreux Algériens aussi ont participé aux différentes guerres et y ont laissé de nombreuses victimes.

Mais, cet engagement des Pieds Noirs et les victimes qui en résultèrent sont à verser au compte des malheurs subis par ce Peuple, ils ne peuvent pas modifier sa nature, pas plus que le rôle historique qu’on lui a fait jouer en Algérie.

LE ROLE ET LA PLACE DU PEUPLE PIED NOIR EN ALGERIE.

Et c’est là qu’il faut vraiment dépasser toute l’affectivité qui a marqué les Pieds Noirs pendant les dernières années qu’ils ont vécues en Algérie et surtout celle qui est encore vivante aujourd’hui chez un grand nombre d’entre eux, celle qui a connu leur exode. Le moment est venu, pour eux, de bien évaluer, en se basant sur des réalités historiques et non plus sur tous les mensonges dont on les a entourés, le pourquoi de leur présence en Algérie.

Quelques redites sont nécessaires car il s’agit des réalités fondamentales dont l’éclairage conditionne toute la compréhension du problème de l’Algérie coloniale.

Avant 1930, l’Algérie possédait un Etat. C’était un Pays indépendant, peuplé par des habitants qui, pour l’essentiel, étaient les descendants de populations autochtones y ayant vécu depuis l’époque préhistorique, le néolithique, pour le moins. Dans ce Pays, toutes les terres étaient occupées et constituaient des propriétés le plus souvent collectives: il n’y avait donc pas de place pour une installation massive d’éléments étrangers. De plus, le niveau de vie général de ces populations, en 1830, n’était pas du tout inférieur à celui des paysans français de cette époque … et bien entendu aussi de celui des paysans espagnols, italiens, maltais.

La présence d’un Peuple nouveau créé en Algérie ne pouvait résulter que d’un rapt de terres appartenant aux Algériens, que de l’installation d’une Administration autoritaire destinée à tenir les Algériens à l’ écart de la direction de leur Pays.

Les responsables de cette situation sont essentiellement les divers Gouvernements français depuis 1830 jusqu’à 1962 ; ils n’étaient que les exécutants de la grosse finance française et bientôt de celle qui naitra en Algérie même. Lorsque ces gens se sont rendus compte que les Algériens ne seraient jamais réellement soumis, jamais sûrs, alors, ils ont facilité l’immigration d’éléments européens vers l’Algérie.

La stratégie de la haute finance a consisté à se créer une masse humaine étrangère au Pays destinée à préserver ses intérêts, à protéger ses entreprises. Munis de tous les moyens nécessaires y compris l’école publique, ils ont réussi, dès les débuts, à circonvenir les premiers arrivés en les convainquant. d’être des civilisateurs ; puis avec les arrivages successifs, en les maintenant dans la croyance que l’ Algérie était légitimement française. Ils appuyaient leur. thèse sur cette contre vérité selon laquelle les « Arabes » n’étaient que des envahisseurs et que la richesse du Pays ne résultait que de la ténacité, du savoir-faire des  européens .

Pendant de nombreuses décades, la majorité des Européens sera exploitée par le colonat et la bourgeoisie coloniale. Puis, à partir de 1936 et de 1945, sous la pression des travailleurs organisés dans leurs syndicats, confrontés à l’action des communistes et devant la montée du Mouvement National, les capitalistes se décidèrent à satisfaire certaines revendications des salariés européens et algériens. Les Européens les plus pauvres connurent une élévation importante de leur niveau de vie ainsi qu’une mince couche de la population algérienne représentant moins de 10 % de l’ensemble. Les 90 % des Algériens étaient maintenus dans leur état de misère et d’ignorance. Malgré les souhaits de certains colonialistes, ceux-là existaient et n’avaient pas disparu. Leur nombre avait même augmenté: ils étaient plus de 8 millions en 1958 . A cette date, la couche ayant quelque peu bénéficié des « richesses » algériennes devait comprendre environ 600 000 Algériens, familles comprises.

Nous avons donné les raisons qui ont fait que les Algériens n’ont pas subi le sort des Indiens d’Amérique.

Les évènements gigantesques ayant secoué le Monde de 1917 à 1945, surtout à partir de 1936 se répercutèrent jusqu’au coeur des montagnes et jusqu’au centre des bidonvilles. Nul ne pouvait ,arrêter l’histoire . Ces Algériens-là,  n’acceptaient plus leur misère, leur indignité et le gommage de leur identité..

Ce fut l’explosion de 1954.

Le Peuple Pied Noir, déjà très effrayé par les manifestations et émeutes de 1945, fut stupéfié par ce qui arrivait. Excepté les communistes, personne, aucun journal, aucun parti politique ne leur avait laissé présager qu’un jour arriverait où, problème même de leur présence en Algérie serait contesté.

Depuis 1920, on le sait, les communistes dénonçaient le régime colonial sous toutes ses formes; ils décrivaient la situation insoutenable des larges masses algériennes et ils ne cessaient de démontrer les dangers d’explosion qui s’accumulaient en Algérie. Ils savaient qu’on ne peut pas détourner le sens de l’histoire et qu’un jour ou l’autre, les Algériens récupèreraient leur Pays. Si on les avait écouté, sans doute, cela aurait pu se faire en évitant le drame affreux qui ensanglanta l’Algérie pendant 8 ans… et se termina par un exode douloureux.

D’ailleurs, fidèles à eux-mêmes, les communistes, sous la direction de leur Parti, s’engageront, dès la fin 1955, dans le combat armé qui opposait les Algériens à l’Armée française. Beaucoup, parmi eux, payèrent cet engagement de leur vie, de leur liberté, de leur santé définitivement compromise. Plusieurs centaines de Pieds- Noirs communistes ont ainsi été tués (Maillot, Iveton, Audin, Laban; Raymonde Peschard, Raffini, Counillont etc …), torturés (Henri Alleg, Célestin Moréno, Tiffou, etc ), emprisonnés, internés dans des camps, expulsés … Ils ne se battaient pas contre leurs compatriotes pieds noirs chez lesquels se trouvaient leurs parents, leurs amis, sachant bien que le Peuple Pied Noir était trompé par la propagande colonialiste, terrorisés par l’O.A.S. . Ils se battaient contre un système basé sur le racisme, l’oppression, l’exploitation de tout un Peuple. Ils savaient que les vrais responsables des massacres n’avaient rien à voir avec l’ouvrier de Bab el Oued, le petit commerçant de Tizi Ouzou, l’instituteur, etc Les vrais responsables, eux, étaient à l’abri, c’étaient les gros profiteurs de la colonisation.

Par contre, les autres partis ont poussé les Pieds Noirs au jusqu’auboutisme. Ils les ont maintenus dans l’idée que la France industrielle, pourvue d’une Armée ultra moderne, assurant la sécurité parfaite de l’Algérie…qu’elle aurait tôt fait d’écraser ces « rebelles ». Ils les ont, sans cesse, enfermés dans cette idée mensongère proclamée depuis plus d’un siècle selon laquelle l’Algérie était » Française. Les Pieds Noirs ont été trompés, utilisés jusqu’à la dernière heure.  On ne leur a jamais dit que les Rois de la colonisation avaient depuis longtemps imbriqué leurs capitaux dans, les grandes Sociétés françaises ou étrangères ayant leurs sièges à Paris, New York ou ailleurs … que ces capitaux, désormais, leur rapportaient davantage là bas qu’ici, en Algérie. On ne leur a pas dit que sur le plan du capitalisme français, le système colonial classique devenait trop couteux et qu’à Brazzaville, déjà, en 1944, sous la présidence du Général De Gaulle, une Conférence avait jeté les bases d’une autre forme d’exploitation de ces Pays.

On ne les avait guère informés, non plus, des sentiments du Peuple Français à l’égard des situations coloniales.

Le Peuple Pied Noir ne pesait pas lourd parmi tous ces impératifs. Et quand on n’eut plus besoin de lui en Algérie, on l’abandonna à son sort, on se contenta d’une aide plus ou moins efficace au cours de son exode et d’une réinstallation très difficile après une dispersion sur tout le territoire français, un territoire in- connu pour beaucoup.

L’Armée française de I830 avait commencé l’aventure algérienne dans le déshonneur d’une guerre imposée à un Pays plus faible, elle la terminait dans le déshonneur du sang versé pendant 8 ans, sang essentiellement, algérien mais aussi Pied Noir et Français.

La création du Peuple Pied Noir fut un crime historique dont fut victime le Peuple Algérien. Mais, ces fils, petits fils, arrières petits fils de paysans, de proscrits, d’ouvriers français… de villageois ou pauvres citadins espagnols, de misérables pêcheurs italiens, de Maltais besogneux, d’Israélites, fils de l’Algérie …

que l’on a utilisés pendant plus d’un siècle pour aider la colonisation, ont été, eux aussi, des VICTIMES. Ils ont perdu tout ce que des mensonges habilement distillés avaient réussi à faire d’eux: des gens ayant cru sincèrement se trouver chez eux, dans ce Pays tel qu’il était; ayant cru sincèrement que leur rôle dominant était la condition indispensable au maintien de la prospérité et de la sécurité de l’ « Algérie Française » . .. et pour les meilleurs d’entre eux, ne sachant pas qu’avec d’excellentes intentions même, « on ne peut pas imposer un bonheur quelconque à un Peuple étranger ».

L’Histoire a tranché définitivement.

Aujourd’hui, il faut faire taire les affectivités. Bientôt, la première génération de rapatriés aura disparu. Pour ceux qui survivent, pour leurs enfants, il n’existe qu’une solution: leur intégration parfaite et sans complexe dans la société française. Et notamment, que les fils de Bab el Oued la Rouge, de Belcourt, de la Marine d’Oran, de tous les quartiers ouvriers des villes, que tous ceux qui avaient fait confiance aux communistes et progressistes d’Algérie rejoignent les rangs de ceux qui poursuivent le même but: aller vers plus de justice, de solidarité, de liberté, de bien être, de Paix .

Les autres aussi doivent prendre en compte le fait historique qu’ils ont été trompés, sacrifiés … Que tous les Partis politiques de Droite et d’une certaine Gauche (y compris le Parti Socialiste) ont participé à cette tromperie. Cela doit inciter à comprendre enfin les Pieds Noirs qui, en Algérie, leur ont toujours dit la vérité, notamment les communistes. Ils ont pu se tromper parfois mais ils ont eu le courage de le reconnaitre publiquement .Ils.ont toujours oeuvrer pour que la fin inéluctable du système colonial soit la moins douloureuse possible pour tous. Ils sont les seuls à avoir tenter cette démarche.

Les Pieds Noirs ne peuvent pas l’oublier ou l’ignorer.

DONNAT Gaston   – Enseignant (élève de l’Ecole Normale de Bouzaréah) Décédé le 7/2/07

Il y a 50 ans mourait Albert Camus (28 janvier 2010)


Les membres de l’Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis s’associent à l’hommage rendu à l’immense écrivain que fut Albert Camus, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort accidentelle.

Albert Camus témoigne par ses origines familiales et son parcours que les européens d’Algérie, comme ils étaient alors appelés, n’étaient pas tous, tant s’en faut, des colonialistes exploiteurs. Reporter au quotidien « Alger Républicain » il dénonça dès les années 30 les injustices du système colonial dont il décrivit sans complaisance les conséquences sur les conditions de vie des populations de Kabylie.

Plus tard et face à la guerre, Camus, philosophe humaniste, mit la morale et la non-violence avant la politique et l’engagement pour l’indépendance. Victime lui-même de l’enfermement que le système colonial imposait à chaque communauté, il se voulut passeur de compréhension et d’amitié, et rêva l’utopie d’une Algérie fédérale qui au sein d’une fédération française aurait permis à tous ses habitants de vivre dans l’égalité et la justice. Le rêve d’une Algérie pleinement indépendante et souveraine, où les différentes communautés auraient forgé des rapports nouveaux débarrassés de l’empreinte coloniale, aurait sans doute pu se réaliser sans l’aveuglement des politiques et la folie meurtrière de l’OAS.

Les membres de l’ANPNPA affirment leur profond attachement à l’écrivain Pied Noir qui dénonçait la domination coloniale ; à l’homme honnête, d’abord face à lui-même, qui, ayant fait le choix du silence une fois déclenchée la guerre de libération, intervint pour sauver de la mort des militants Algériens condamnés ; à l’homme méditerranéen complexe et torturé qui illustrait tant des contradictions qui furent les nôtres dans ce moment terrible de l’histoire.

Le véritable hommage que le président de la république, Nicolas Sarkosy, pourrait aujourd’hui rendre à Albert Camus serait de mettre en œuvre les valeurs de justice et de progrès que celui-ci ne cessa de défendre, pour poser enfin les bases d’un avenir de réconciliation et de solidarité entre les peuples des deux rives de la Méditerranée. C’est à quoi appellent les Pieds Noirs et leurs Amis qui se sont rassemblés au sein de l’ANPNPA.

Communiqué commun ANPROMEVO-ANPNPA (19 janvier 2010)

Communiqué de l’ANPROMEVO et de l’ANPNPA

Paris, Marseille, le 19 janvier 2010

Le cinquantenaire des Barricades d’Alger en PACA : une mémoire décomplexée

Le week-end prochain, d’anciens activistes de l’OAS envisagent de commémorer le cinquantième anniversaire de la journée des Barricades d’Alger, au cours de laquelle les insurgés, en signe de déclaration de guerre contre l’État, ont tiré sur les gendarmes mobiles venus rétablir l’ordre, tuant quatorze d’entre eux et déclenchant alors la première crise grave de la Vème République.

À l’instigation du président du groupe « Front national » au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, deux cérémonies, marquées par des discours et dépôts de gerbes, sont prévues : l’une, le samedi 23 janvier 2010 à Cagnes-sur-Mer ; la seconde, le lendemain, à Toulon, en prélude à un meeting de Jean-Marie Le Pen.

Cette initiative n’a d’autre objet que de valoriser les crimes de guerre commis en Algérie par ceux qui devaient, lors du putsch du 21 avril 1961, tourner contre la République les armes qu’ils en avaient reçues.

En visant les villes de Cagnes-sur-Mer et de Toulon, ces manifestations commémoratives constituent une double provocation : en effet, Gabriel Anglade, actuel adjoint au maire de Cagnes en charge des rapatriés et co-organisateur de la première de ces célébrations, figurait parmi les membres du commando de l’OAS qui, le 15 mars 1962, assassina collectivement six inspecteurs des centres sociaux éducatifs à Alger ; quant à la deuxième cérémonie, elle tend à défier, sur le territoire de sa commune, le maire de Toulon, Hubert Falco, qui, en sa qualité de secrétaire d’État à la défense et aux anciens combattants, aurait naturellement vocation à instaurer un hommage national à l’intention de ces quatorze militaires tombés, victimes du devoir, le 24 janvier 1960.

L’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO) a statutairement pour objet de lutter contre toute forme de révisionnisme concernant les faits imputables à cette organisation terroriste. L’Association nationale des pieds noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA), pour sa part, rassemble ces pieds noirs qui ont affirmé le droit du peuple algérien à la libre autodétermination que le discours du général de Gaulle venait enfin de reconnaitre et à l’exercice duquel les factieux des barricades ont tenté de s’opposer.

Elles entendent intervenir auprès des ministres de la défense et de l’intérieur ainsi qu’auprès de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour que soit prévenu tout risque d’injure publique à l’égard de la mémoire de ces soldats de la République et pour que l’État et la Nation leur expriment officiellement leur reconnaissance le 24 janvier 2010.

L’ANPROMEVO et l’ANPNPA appellent notamment le monde combattant à soutenir leur démarche en dénonçant la commémoration d’événements qui ont conduit à la politique de violences suicidaire de l’OAS.

Elles mettent en garde contre le développement des discours décomplexés sur la colonisation de l’Algérie, d’où qu’ils émanent, dans la mesure où ils portent en germes les formes les plus insidieuses de l’apologie du crime organisé contre l’État.

Pour l’ANPROMEVO et l’ANPNPA

Leurs présidents, 
Jean-François Gavoury et Jacques Pradel

A propos des relations franco-algériennes (16 décembre 2009)

Le bureau national de l’ANPNPA s’est réuni à Marseille le 16 Décembre 2009 sous la présidence de Jacques Pradel.

Les membres du bureau ont procédé à un examen des relations franco-algériennes et ont marqué leur étonnement devant le retard pris par les instances parlementaires françaises dans la ratification de la convention de partenariat signée par les Présidents Abdelaziz Bouteflika et Nicolas Sarkozy le 5 décembre 2007 à Alger à l’occasion de la visite d’Etat du Président de la République. L’Assemblée Nationale Algérienne a ratifié la convention dès le mois d‘avril 2008. L’Assemblée Nationale Française n’a toujours pas statué, puisque le projet de loi autorisant la ratification de cette convention n’a été adopté par le sénat que le 20 juillet 2009 et n’a été examiné par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée Nationale que le 21 octobre dernier.

Un tel retard n’est pas conforme à la volonté affirmée de développer avec l‘Algérie le  partenariat d‘exception proclamée par les Présidents Chirac et Bouteflika dans  leur déclaration commune du 2 Mars 2003, partenariat auquel l’ANPNPA reste pour sa part attachée.

Les membres du bureau ont adopté une motion de félicitations à l’adresse des membres de l’équipe nationale algérienne pour sa qualification en coupe du monde de football. Ils ont exprimé leur satisfaction de voir figurer dans cette prestigieuse compétition les  équipes des deux pays chers à leur cœur la France et l’Algérie.

Ils appellent tous les pieds noirs de bonne volonté qui, malgré les drames qu’eux-mêmes ou leurs parents ont vécu, estiment que la France et l’Algérie doivent savoir s’engager dans un avenir de réconciliation et de solidarité, à les rejoindre.

Pour le bureau le vice-président Jean Pierre Gonon <jpg17@wanadoo.fr >

Assemblée Générale du 5 octobre 09

Communiqué ANPNPA du 5 octobre 2009

L’Association Nationale des Pieds noirs Progressistes et leurs Amis a tenu sa première Assemblée Générale le 3 Octobre à la CIOTAT.

L’assemblée générale a approuvé à l‘unanimité le rapport moral présenté par le Président M. Jacques Pradel et le rapport financier présenté par le Trésorier M. Pascal Grebet.

L’Assemblée Générale a élu le Conseil d’Administration de l’Association qui a confirmé dans leurs fonctions les membres du bureau provisoire désigné lors de la création de l’Association, et élu comme membre supplémentaire du bureau Mme Michelle Ballanger.

Au cours du débat d‘orientation générale, qui a été très riche, les membres de l’Association ont réaffirmé :

– Leur détermination à dénoncer les résurgences idéologiques sur les aspects positifs de la colonisation, à lutter contre la réhabilitation des anciens OAS, et, notamment sur ces questions, à se démarquer  des nostalgéristes. Ils entendent contribuer par leurs témoignages et analyses aux travaux que mènent les historiens sur la colonisation et la libération de l’Algérie ;

– Leur engagement à oeuvrer au renforcement des liens d’estime et d’amitié entre les peuples algérien et français, en multipliant en toute occasion les rencontres et les échanges entre ressortissants des deux pays. Ils ont particulièrement insisté sur la nécessité de mener des actions en direction de la jeunesse, et appellent à la création d’un office franco-algérien de la jeunesse.

– Leur attachement à une coopération active et sincère entre la France et l’Algérie, libérée du poids d’un passé douloureux consciemment assumé de part et d’autre ;

– Leur volonté de travailler avec d’autres associations qui en France ou en Algérie agissent dans le même esprit qu’eux.

L’association souhaite s’ouvrir à tous les pieds noirs qui adhérent à ces objectifs. Le qualificatif de « progressistes » ne correspond à aucune étiquette politique. Il signifie que les membres de l’ANPNPA sont partisans d’un avenir de progrès, de réconciliation entre les peuples des deux rives de la Méditerranée.

C’est pourquoi nous en appelons à tous les pieds noirs qui reconnaissent, une fois pansées les plaies ouvertes par la guerre et par l’exode, la nature fondamentalement injuste du système colonial qui fut imposé à l’Algérie et le bien fondé de la guerre de libération. A ces pieds noirs qui restent attachés à leur terre d’origine, et  souhaitent, au fond d’eux-mêmes que la France et l’Algérie sachent bâtir  ensemble, pour le bien de tous, un avenir de paix et de prospérité partagée, nous proposons de rejoindre et enrichir notre association (anpnpa@orange.fr).

Manifestation OAS de Béziers (29 juin 2009)

COMMUNIQUÉ

DE L’ASSOCIATION NATIONALE DES PIEDS NOIRS PROGRESSISTES ET LEURS AMIS (ANPNPA)

Des associations qui regroupent anciens terroristes de l’OAS et nostalgiques bornés de l’Algérie Française appellent à une manifestation le 5 juillet 2009 au cimetière neuf de Béziers. Cette manifestation camoufle, derrière le prétexte d’un hommage aux victimes des événements dramatiques survenus à Oran  le 5 juillet 1962, la glorification des assassins de l’OAS, condamnés par la république, dont les noms figurent sur la stèle érigée au cimetière neuf.

Pour nous tous qui savons combien la fin tragique de la guerre d’Algérie et l’exil du peuple pied-noir ont pour cause première la folie meurtrière de l’OAS, il s’agit là d’un amalgame inacceptable, autant qu’ignoble, et une insulte aux morts d’Oran.

L’ANPNPA dénonce avec force cette manifestation. Elle demande aux autorités compétentes de prendre toutes les mesures nécessaires pour interdire qu’hommage soit rendu à l’OAS le 5 juillet 2009 à Béziers, et ternisse ainsi le respect dû aux victimes du 5 juillet 1962 à Oran. L’ANPNPA a envoyé dans ce sens un courrier au maire de Béziers et au préfet de l’Hérault.

L’ANPNPA appelle tous les pieds-noirs qui ne se reconnaissent pas dans ces associations factieuses à se mobiliser contre cette manifestation honteuse. Elle prendra toute sa part dans la mobilisation des forces et organisations démocratiques  qui s’y opposent.

Jacques Pradel

Président de l’ANPNPA

Ci-dessous, le tract distribué devant le cimetière neuf de Béziers

Non à l’instrumentalisation des Oranais morts le 5 juillet 1962 par d’anciens membres de l’OAS !

L’Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis (ANPNPA) compte de nombreux Oranais parmi ses adhérents. Nous tous, mais eux plus profondément encore, gardons au cœur la blessure infligée par la mort de nos compatriotes Oranais survenue lors des événements dramatiques du 5 juillet 1962 à Oran.

Nous savons aussi que la fin tragique de la guerre d’Algérie, y compris les assassinats du 5 juillet à Oran, et l’exil de la quasi-totalité du peuple Pied Noir ont pour cause première la spirale infernale déclenchée par la folie meurtrière de l’OAS.

La manifestation organisée le 5 juillet 2009 au cimetière neuf de Béziers camoufle, derrière le prétexte d’honorer la mémoire des victimes du 5 juillet 1962 à Oran, la glorification des assassins de l’OAS, condamnés par la république, dont les noms figurent sur la stèle érigée au dit cimetière. Il s’agit là d’un amalgame honteux autant qu’inacceptable, qui ne fera que ternir le respect dû aux morts d’Oran.

L’ANPNPA condamne sans réserve l’initiative prise par des organisations, fussent-elles de Pieds Noirs, qui confondent ainsi hommage à des victimes et hommage à des assassins. C’est notre fierté que de dénier à ces organisations le droit de parler au nom de l’ensemble des Pieds Noirs.