Radio France – Épisode 4/6 : 1954, la Toussaint rouge – Série : « France-Algérie : anatomie d’une déchirure » – Samedi 1 novembre 2025 (première diffusion le vendredi 25 avril 2025)
Écouter (15 min) : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-6-dates-cles/ep4-8770400
Dans cet épisode, l’historien Benjamin Stora retrace les origines et les premières années de la guerre d’Algérie, depuis la proclamation du Front de Libération Nationale (FLN) le 1er novembre 1954, jusqu’à la bataille d’Alger en 1957.
Avec Benjamin Stora, historien français
Proclamation du FLN (Front de libération nationale) le 1ᵉʳ novembre 1954 : « Nous considérons avant tout qu’après les décades de luttes, le mouvement national a atteint sa phase de réalisation. »
Du désir politique d’indépendance à la lutte armée
Le 1ᵉʳ novembre 1954, des attaques coordonnées sur l’ensemble du territoire algérien marquent le début de l’insurrection. Cette date symbolique, explique Benjamin Stora, représente « un changement de leadership » dans le mouvement nationaliste algérien. De jeunes militants, « traumatisés par les massacres de Sétif et Guelma de mai-juin 1945 où des dizaines de milliers d’Algériens ont été tués », décident de se séparer du parti de Messali Hadj pour passer à l’action armée en créant le Front de libération nationale (FLN). « C’est la première fois qu’en Algérie, depuis très longtemps, des actions violentes sont coordonnées sur l’ensemble du territoire . C’est ça la nouveauté », souligne l’historien.
Le tout survient dans un contexte global de décolonisation et de défaite française de Diên Biên Phu le 9 mai 1954. Le chef nationaliste Ferhat Abbas avait eu cette formule : « Diên Biên Phu a été le Valmy des peuples colonisés. » Si les cibles principales sont des commissariats et des casernes, l’assassinat d’un couple d’instituteurs crée un grand émoi en France. Le 20 août 1955, avec l’attaque de Philippeville (aujourd’hui Skikda), le conflit s’intensifie.
L’ escalade du conflit et l’envoi du contingent en 1956
Un tournant majeur se produit en mars 1956 lorsque le président du Conseil Guy Mollet, pourtant élu sur un programme de paix, décide l’envoi du contingent en Algérie. Cette décision change la perception du conflit en métropole : « Le fils, le frère, le père, le fiancé est appelé en Algérie… 400 000 hommes sont envoyés », souligne l’historien. « On peut estimer aujourd’hui que tous les hommes nés entre 1932 et 1943 sont allés en Algérie faire la guerre. » Le drame de Palestro, où de jeunes appelés tombent dans une embuscade, marque un choc pour l’opinion publique française : « La France se réveille. La France voit pour la première fois en mai 1956 la guerre d’Algérie. » C’est à cette période que le mot « guerre » commence à remplacer les « événements » ou « opérations de police ». On assiste à une prise de conscience. Parallèlement, l’indépendance de la Tunisie et du Maroc en mars 1956 offre des bases arrière au FLN, aggravant la situation militaire.
La suite est à écouter…
L’ équipe
Un podcast de Thomas Snégaroff
Réalisation : Karen Déhais
Préparation : Mathilde Khlat, chargée de programme
Prise de son : Gaspard Guibourgé et Guillaume Roux
Mixage : Raphaël Rousseau et Basile Beaucaire

