Rassemblement antifasciste sur l’esplanade toujours au nom de Pierre Sergent en dépit d’une décision de justice, rendue le 04/02/2025, condamnant la mairie RN à retirer cette plaque. La mairie a fait appel du jugement. Cet appel n’est pas suspensif (ce qui signifie que la décision de justice doit être appliquée).
Prise de parole à deux voix
Jacki Malléa, co-fondateur de l’ANPNPA, et Catherine Sicart, secrétaire de l’ANPNPA
Die-in et texte de notre prise de parole
Die-in
71 personnes à terre sur l’esplanade Pierre Sergent pour symboliser les 71 victimes des attentats de l’OAS sur le territoire métropolitain

Texte
L’OAS, c’est l’histoire d’un combat perdu en 1962 … perdu mais qui perdure, et qui reprend du poil de la bête depuis une vingtaine d’années.
En 2025, les factieux de l’OAS sont toujours là, réhabilités, commémorés, sacralisés par leurs descendants idéologiques. Des stèles leur sont dressées. Leurs noms s’affichent sur les plaques de nos rues et de cette l’esplanade. À Perpignan, et ailleurs.
Leurs émules ont micro ouvert : ils légitiment l’action de l’OAS, et dans le même temps, restaurent le passé colonial. Leurs idées infusent l’espace et le débat publics. Elles normalisent des discours qui bafouent les principes démocratiques. Elles mettent en place, avec des moyens technologiques sans précédent, un nouveau cadre de « valeurs » – identitaires, xénophobes, racistes – fondées sur la haine obsessionnelle de l’Autre, et en particulier du musulman.
Les idées ne peuvent être dissociées de l’histoire dont elles sont issues, et donc ici de celle de l’OAS qui en est la matrice.
Retour sur un passé qui ne passe pas, et qui assombrit notre avenir.
…… Die-in
On les appelle les « ultras ».
À la suite du référendum sur l’autodétermination du 8 janvier 1961, ils fondent l’OAS – Organisation Armée secrète – le 11 février 1961, à Madrid. Et ce n’est pas un hasard si ce mouvement clandestin terroriste naît dans l’Espagne franquiste.
Objectif : inverser le cours de l’histoire, bloquer la marche de l’Algérie vers l’indépendance, bref : « sauver » l’Algérie française.
Au nom de la civilisation, l’OAS privilégie l’action directe par les armes.
D’abord, le plastic, à titre d’avertissement, puis la balle dans la tête.
Ces exécutions, appelées OP ou OPA pour « opérations ponctuelles armées », sont présentées dans des tracts comme des opérations de « désinfection ». Elles sont mises en œuvre par les commandos « Delta » dirigés par Roger Degueldre et le docteur Perez.
Les pratiques de l’OAS passent de l’intimidation à l’exécution ciblée, puis de l’exécution ciblée à l’attentat aveugle, et s’achève, après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, par la politique de la terre brûlée.
L’OAS fera plus de victimes civiles en un an que le FLN en huit ans.
……
Qui sont les cibles de l’OAS ? Tous ceux jugés « complices » du FLN, ou soupçonnés de « complicité ».
En priorité des Algériens. Également des Européens d’Algérie et des métropolitains : militants de gauche, libéraux, représentants de l’État, personnalités politiques, principalement communistes et gaullistes, intellectuels, journalistes, et autres (je cite) « agents de la politique d’abandon ». Et au-delà, tout partisan d’un dialogue franco-algérien.
Des édifices publics sont visés, en particulier des mairies, des moyens de transport, des infrastructures publiques électriques, entre autres.
De plus, l’OAS pratique des mitraillages de cafés (d’ailleurs attribués au FLN), et organise des « nuits bleues » avec des séries d’attentats à l’explosif simultanés ou très rapprochés.
Ce climat de terreur sera exporté en France métropolitaine.
……
Et c’est ainsi que Pierre Sergent, ancien d’Indochine et putschiste d’avril 1961, crée, en juin 61, la branche métropolitaine de l’OAS (l’OAS-Métro).
Il forme, en Métropole, des commandos « Delta » et y dirige une série d’attentats ciblés. Poursuivi pour attentat et complot contre l’État, il est condamné à mort par contumace en 1962 et 1964. Il revient en France après l’amnistie de 1968. Il rejoint ensuite le Front national, dont il devient député en 1986.
Pierre Sergent appartient à une organisation qui a assassiné deux maires en France métropolitaine (Evian et Alençon), qui a tenté un coup d’État en avril 1961 pour renverser la République, qui a organisé deux attentats contre le président de la République en fonction, entre autres.
Pierre Sergent appartient à une organisation dont le bilan est le suivant :
- En Algérie : 13 109 attentats, 2 500 morts, dont une majorité d’Algériens ;
- En France : 700 attentats, 71 morts et près de 400 blessés.
La mairie RN de Perpignan célèbre donc un séditieux et un assassin.
Le FN/RN dont la filiation avec l’OAS est établie poursuit le projet anti-démocratique de son ancêtre en installant, dans notre société, un climat favorable au développement d’idées inacceptables et potentiellement criminelles.
