article paru dans  » l’Indépendant « 

Les nostalgériques condamnés pour avoir proféré des injures à l’encontre de Roger Hillel

Début juin paraissait mon livre la triade nostalgérique : stèle mur musée de Perpignan. Le 3 juillet, le journal local l’Indépendant publiait l’interview que j’avais accordée à son rédacteur en chef. J’y dénonçais, en termes retenus, la complicité entre le cercle algérianiste des PO et la mairie de Perpignan. J’expliquais que le mur Français d’Algérie des disparus entre 1954 et 1963, faute de recherches historiques sérieuses, était entaché d’un grand nombre d’erreurs et que le centre national de documentation des Français d’Algérie donnait de l’histoire franco-algérienne une vision partisane et faussée. L’article se terminait par la question « croyez vous que les pieds noirs se réconcilieront un jour avec leur histoire ? » à laquelle j’avais répondu. « Non je ne crois pas », tout en prenant bien soin de distinguer les pieds noirs nostalgériques des pieds noirs progressistes. Jusque là mes échanges avec les dirigeants du cercle algérianiste via les médias (j’ai écrit plus d’un article sur le sujet dans l’hebdomadaire communiste des P.-O. le Travailleur catalan) avaient été rudes mais toujours dans des limites admissibles. Aussi qu’elle ne fut pas ma stupeur de prendre connaissance des réactions à cette interview, publiées sur des pages entières dans les éditions du 4, 15 puis 16 juillet de l’Indépendant. Elles émanaient de membres de plusieurs cercles algérianistes dont Suzy Simon Nicaise (référence 1) et d’un soi disant conseil d’administration du centre de documentation des Français d’Algérie (référence 2) (en fait il n’existe pas de statuts de cet organisme).

Assignation des nostalgériques devant le tribunal

Le caractère injurieux des propos m’avait convaincu que je ne pouvais pas réagir par la voie d’un simple communiqué, mais qu’il me fallait recourir à la justice. Avec l’assistance d’un avocat j’avais décidé, en m’appuyant sur l’article 29 alinéa 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse, d’assigner devant le tribunal le Cercle algérianiste des P.-O. et le Centre de documentation des Français d’Algérie, représentés l’un et l’autre par Mme Suzy Simon-Nicaise. J’ai dû attendre jusqu’au 22 mars 2016 pour que se tienne l’audience des plaidoiries devant le TGI de Perpignan. Le jugement a été rendu le 3 mai. Il reconnaît pleinement le bien fondé de ma demande que soit condamné mes adversaires pour injures publiques. Le jugement déclare dans sa partie finale que « Les propos tenus par Suzy Simon-Nicaise (dans le communiqué parus dans l’Indépendant du 4 juillet 2015, ainsi que ceux tenus par le centre de documentation des français d’Algérie et le Cercle algérianiste des PO parus dans l’Indépendant du 16 juillet 2015 sont constitutifs d’injures publiques au préjudice de Roger Hillel »

Les motifs de la décision du tribunal

Dans « les motifs de la décision », il est précisé :

-Que « les termes utilisés par Suzy Simon Nicaise dépassent les limites autorisées de la liberté d’expression et ont un caractère outrageant ; qu’ils mettent en cause l’honnêteté intellectuelle de Roger Hillel et que la critique est dirigée contre sa personnalité et non contre son ouvrage ; que l’accumulation des termes « révisionniste, misère communiste, cortège de purges staliniennes, interventionnisme idéologique important », témoignent de l’intention de nuire. »

-Que, concernant les propos « imputés conjointement » au centre de documentation des français d’Algérie et au Cercle algérianiste des PO, « la encore, la critique est dirigée contre la personnalité même de l’auteur qui est directement pris à partie et non contre son ouvrage ».

-Que « traiter Roger Hillel de « malhonnête et d’hypocrite » est une atteinte à son honneur et à sa dignité et que les propos tenus sont constitutifs d’une injure. »

Pour conclure, le jugement « ordonne la publication du dispositif dans trois quotidiens ou hebdomadaires au choix de Roger Hillel ».

Il faut tout de même préciser que l’exécution du jugement est donnée comme « provisoire », ce qui signifie que les condamnés peuvent faire appel. Cependant, la publication dans la presse de la partie publiable du jugement n’est pas conditionnée par cet éventuel appel

Roger Hillel (10 mai 2016)

Référence 1 : Les propos de Suzy Simon Nicaise dans l’Indépendant du 4 juillet 2015

« Je démens formellement toutes ses allégations ses prises de postions révisionnistes …toute sa diatribe a pour but de masquer la misère communiste et son cortège de purges staliniennes. Pour quelqu’un qui se prétend universitaire, M. Roger Hillel fait ici preuve d’un interventionnisme idéologique inquiétant. »

 

Référence 2 :  Les propos du cercle algérianiste des PO et du centre de documentation des Français d’Algérie dans l’Indépendant du 16 juillet 2015

« Vouloir faire croire à sa compassion à l’égard des pieds noirs relève de l’hypocrisie voir de la malhonnêteté tant nous savons pour l’avoir rencontré combien Monsieur Hillel hait les Français d’Algérie, à l’exception bien sûr de ceux qui partagent ses idéaux politiques ; non Monsieur Hillel, votre haine, votre mépris à l’égard des Français d’Algérie, votre enfermement idéologique ne vous autorisent pas à salir la mémoire des hommes et des femmes de toutes confessions qui ont fait l’Algérie française. »