France, terre d’immigration – P. Blanchard, N. Bancel, Y. Gastaut et N.Yahi (dir.)

Ouvrage collectif sous la direction de Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Yvan Gastaut et Naïma Yahi

Préface : Leïla Slimani – Postface : Benjamin Stora

Contributeurs : Rabah Aissaoui, Elkbir Atouf, Léla Bencharif, Rachid Benzine, Fatima Besnaci-Lancou, Gilles Boëtsch, Saïd Bouamama, Hassan Boubakri, Ahmed Boubeker, François Clément, Peggy Derder, Eric Deroo, Pierre Fournié, Julien Gaertner, Piero-D. Galloro, Bernard Heyberger, Florence Jaillet, Raymond Kévorkian,  Smaïn Laacher, Sandrine Lemaire, Jean-Yves Le Naour, Gilles Manceron, Abdallah Naaman, Christine Peltre, Belkacem Recham, Véronique Rieffel, Alain Ruscio, Ralph Schor, Stéphane de Tapia et John Tolan. 

Éditions Philippe Rey, janvier 2025

Présentation de l’éditeur

Du début du VIIIe siècle jusqu’au premier quart finissant du XXIe siècle, les relations nouées par la France avec les populations issues du monde maghrébo-oriental furent parfois conflictuelles, parfois fusionnelles, mais jamais rompues, tout en restant méconnues encore aujourd’hui. Dans cet ouvrage ambitieux, plus d’une trentaine de spécialistes unissent leurs savoirs pour explorer sur le temps long la permanence de ces liens avec une aire culturelle aux frontières mouvantes à travers l’histoire, et qui s’étend sur une vingtaine de pays du pourtour méditerranéen, des côtes de l’Atlantique à la Turquie, de l’Afrique du Nord à l’Arménie, du Liban au Sahara, de la péninsule arabique à l’Égypte.

Ce récit est riche d’une histoire forte des liens tissés avec ces nations et leurs populations, mais aussi des mouvements migratoires entretenus avec l’Hexagone, qui se densifient à partir du XIXe siècle et se développent au siècle suivant, notamment en provenance du Maghreb, d’abord d’Algérie puis de Tunisie et du Maroc.

Génération après génération, ces nouveaux arrivants diversifient la vie politique, sportive, économique, artistique et littéraire de la société française. Ce métissage n’est pas le fruit d’une secousse ponctuelle, mais bien le résultat de treize siècles d’histoire commune, faisant de la France une terre d’immigration.

Source : http://www.philippe-rey.fr/livre-France,_terre_d_immigration-637-1-1-0-1.html

Sommaire

  • Préface : Leïla Slimani
  • Introduction – L’ histoire d’une présence si lointaine (Maghreb, Égypte et Orient) – Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Yvan Gastaut et Naïma Yahi
  • Chapitre I – 718-1797 – Histoires croisées autour de la Méditerranée
  • Chapitre II – 1798-1871 – Rêves d’Orient
  • Chapitre III – 1872-1913 – Premières présences, premières rencontres   
  • Chapitre IV – 1914-1918 – L’appel aux colonies, l’appel aux travailleurs 
  • Chapitre V – 1919-1939 – Réfugiés, ouvriers, militants
  • Chapitre VI – 1940-1956 – D’une guerre à l’autre
  • Chapitre VII – 1957-1972 – Des indépendances à la fin des Trente Glorieuses    
  • Chapitre VIII – 1973-1982 – Le temps des revendications
  • Chapitre IX – 1983-2000 – Nouvelles générations
  • Chapitre X – 2001-2013 – Crispations et cultures partagées
  • Chapitre XI – 2014-2024 – L’ ère de l’omniprésence, entre ombre et lumière
  • Postface : Benjamin Stora – Au carrefour de nos histoires          
  • Bibliographie
  • Biographies 

Des communistes en situation coloniale (1920-1939) – Éloïse Dreure

« L’Algérie lutte et espère »

Présentation de l’éditeur

Dès 1920, le Parti communiste français nouvellement créé voit son influence s’étendre jusqu’à l’Algérie coloniale où des militants socialistes rejoignent massivement la IIIe internationale. Ces derniers, issus de la population européenne de la colonie, doivent alors adopter la ligne résolument anticolonialiste de l’Internationale communiste, sur un territoire résolument hostile à cette idée.

Ce livre reconstitue ce que fut l’organisation communiste en Algérie coloniale, de 1920 à 1939, présente ses militants, leurs mobilisations, leurs liens avec la direction du PCF, à Paris, et avec celle de l’Internationale communiste, à Moscou et la répression à laquelle ils doivent faire face. Surtout, il s’interroge sur la nature même du communisme dans ses dimensions particulières à la société coloniale, dans une période où émergent les premiers mouvements de libération nationale.

Éloïse Dreure est docteure en histoire contemporaine de l’université de Bourgogne. Elle est spécialiste de l’histoire du communisme et de ses corrélations avec la question coloniale.

Réédition : Le corps d’exception. Les artifices du pouvoir colonial et la destruction de la vie – Sidi Mohammed Barkat

Préface : Kaoutar Harchi

Présentation de l’éditeur

« Parmi les membres de la nation, il y a ceux qui lui seraient originellement liés et en seraient les membres authentiques – ce sont les garants de son intégrité – et puis les autres, dont le lien est construit et donc artificiel. »

À l’époque coloniale, le corps indigène est soumis à un état d’exception permanent. Ce procédé est au cœur de l’institution de l’indigénat. Sur le plan juridique et politique, le sénatus-consulte rend le droit musulman et les coutumes des colonisés incompatibles avec la moralité républicaine, tandis que sur le plan culturel, le colonisé est représenté comme indigne de la qualité de citoyen – bien qu’il soit membre de la nation française. Inclus en tant qu’exclu, il se trouve assujetti à un régime légal qui établit au cœur de l’État de droit une suspension du principe d’égalité.

Cette exception juridique et politique n’a toutefois pas disparu avec la décolonisation, comme le montre la fréquence des crimes policiers dans les quartiers populaires ou le caractère xénophobe et répressif des lois successives sur l’immigration. Les représentations discriminantes demeurent vivaces dans la société française d’aujourd’hui, et la violence institutionnalisée s’abat depuis des décennies sur les populations issues des anciennes colonies. Le Corps d’exception fait la démonstration implacable de cette continuité.

Sidi Mohammed Barkat est philosophe. Ancien directeur de programme au Collège international de philosophie, il a dirigé l’ouvrage collectif Des Français contre la terreur d’État. Algérie 1954‐1962 (Reflex, 2002) et a publié plus récemment Le Travail en trompe-l’œil (Rojos, 2015).

Éditions Amsterdam – 176 pages – ISBN 9782354802929

http://www.editionsamsterdam.fr/le-corps-dexception-2/

Guerre dans les djebels. Société paysanne et contre-insurrection en Algérie, 1918-1958 – Neil MacMaster

Disséquant le tissu social des communautés rurales de l’Ouarsenis et du Dahra et leur évolution sociopolitique de la fin de la Première Guerre mondiale à la lutte de libération, Neil MacMaster propose une analyse rigoureuse de la façon dont la société paysanne de ce territoire névralgique, qui sera l’un des poumons de la Wilaya IV historique, va basculer dans le nationalisme indépendantiste, apportant un soutien vital aux maquis de l’ALN.

Neil MacMaster est un éminent historien britannique. A partir des années 1980, il a commencé à s’intéresser à l’histoire de l’Algérie durant la période coloniale. On lui doit, entre autres, un ouvrage important coécrit avec Jim House sur les massacres du 17 octobre 1961 : Paris 1961 : les Algériens, la terreur d’État et la mémoire (2006). En 2020, il a publié Guerre dans les djebels. Société paysanne et contre-insurrection en Algérie, 1918-1958. Le livre est d’abord paru en Angleterre chez Oxford University Press.

En janvier 2024, la traduction française de l’ouvrage, réalisée par Houria Delourme-Bentayeb, a été publiée par les éditions du Croquant, à Paris, dans la collection « Sociétés et politique en Méditerranée », dirigée par Aïssa Kadri. C’est d’ailleurs le Professeur Kadri qui en a signé la préface. Le livre vient d’être réédité par Chihab, en Algérie, et il était disponible au SILA. Nous ne pouvons que vous recommander de vous ruer vers les librairies pour l’acquérir. Car Guerre dans les djebels est vraiment une œuvre magistrale.

Et bien que ce soit avant tout un travail de recherche historiographique qui s’étale sur plus de 600 pages, il se lit avec aisance. Nous avons affaire ici à une enquête historique extrêmement fouillée, qui s’impose à la fois par sa richesse documentaire et par l’originalité de sa démarche méthodologique. Neil MacMaster a le mérite de faire la lumière sur un aspect crucial de la période coloniale : le rôle de la paysannerie dans la lutte contre l’occupation française.

« Une réserve inépuisable de combattants et de guides »

L’auteur a étudié avec une précision clinique la société paysanne en Algérie en adoptant une méthodologie qui se revendique des « Subaltern Studies » qui proposent une approche de l’histoire « par le bas ». Neil MacMaster a concentré son enquête sur un territoire particulier : la région du Chélif en l’occurrence.

Disséquant le tissu social des communautés rurales de l’Ouarsenis et du Dahra et leur évolution sociopolitique de la fin de la Première Guerre mondiale au déclenchement de la lutte de libération, l’historien britannique propose une analyse rigoureuse sur la façon dont la société paysanne de ce territoire névralgique, qui sera l’un des poumons de la Wilaya IV historique, va basculer dans le nationalisme indépendantiste, apportant un soutien vital aux maquis de l’ALN.

Dans sa préface, le professeur Aïssa Kadri écrit de prime abord : « Voilà un ouvrage majeur qui interroge et renouvelle les approches socio-historiques sur ‘‘la guerre d’Algérie’’.» « La Guerre dans les djebels s’inscrit dans une perspective d’approche qui a souhaité rompre avec les travaux qui ont abordé ces événements par le haut de manière macro-historique (…), négligeant ‘‘les gens ordinaires’’», relève le préfacier.

Neil MacMaster « s’attache à voir ce qui se passe du côté du monde paysan, du point de vue des influences du nationalisme en société rurale, dans l’Algérie profonde », souligne Aïssa Kadri. Et d’ajouter : « (Il) développe ses travaux dans la suite des analyses de Mostefa Lacheraf en montrant que la paysannerie, en dépit des processus violents de déstructuration coloniale, ‘‘a gardé intactes des formes d’organisation autonomes au niveau local qui lui ont permis de résister et de contester la domination coloniale’’».

Dans son introduction, Neil MacMaster insiste sur l’obsession de l’occupant français dès la conquête de soumettre les populations paysannes dont il redoutait le soulèvement : « Alors que les envahisseurs français avaient réussi, en 1843, à écraser la résistance tribale dans le Dahra et l’Ouarsenis par la brutale politique de la terre brûlée, le régime colonial était constamment sous la crainte d’une insurrection sanglante des paysans des montagnes ; crainte qui s’est finalement concrétisée avec la guerre d’indépendance de 1954. » L’auteur explique comment le PCA d’abord (le Parti communiste algérien) et le FLN ensuite ont choisi la région du Chélif « comme forteresse naturelle pour leurs forces de guérilla ».

« Les contre-insurgés français ainsi que les historiens, en référence à la formulation maoïste classique du partisan ‘‘comme un poisson dans l’eau’’, ont compris que le soutien apporté aux rebelles par la paysannerie était crucial, car celle-ci fournissait une réserve inépuisable de combattants, de guides, d’approvisionneurs, de messagers, de guetteurs et de muletiers, en même temps qu’elle offrait une parfaite connaissance interne ou des renseignements précis sur l’organisation quotidienne de chaque famille, sur ses réseaux d’armes et de clans, ses ressources propres à l’environnement montagneux, ses sentiers secrets, ses grottes et ses sources », écrit l’historien.

« 78 communes mixtes couvraient l’Algérie rurale »

L’ouvrage est subdivisé en quatre principales parties. Dans la première partie, intitulée «Le dualisme de l’Etat colonial», Neil MacMaster s’est focalisé sur la gouvernance des régions ciblées par son étude, à travers notamment la mise en place d’un « système de commune mixte d’administration indirecte, largement maintenu en 1918 et 1958 ». Il y avait « 78 communes mixtes qui couvraient l’Algérie rurale », et où « vivaient plus de 70% de la population indigène », indique l’auteur.

« Pour l’essentiel, l’économie urbaine de la plaine, dominée par les Européens, a été largement assimilée à un mode de vie et à des institutions qui ont étroitement reflété et imité la France métropolitaine, y compris dans l’administration municipale, les organisations de partis et la politique électorale.

Cependant, en parallèle, à quelques kilomètres du périmètre officiel de la colonisation, il existait un ordre social et politique totalement différent, dans lequel des milliers de paysans déshérités étaient dirigés par une élite algérienne semi-féodale qui continuait d’exercer un pouvoir basé sur des relations patron-client», résume l’auteur.

Dans la deuxième partie du livre intitulée « Mobilisation et contestation politiques des paysans, 1932-1954 », Neil MacMaster s’est attelé à étudier « comment les mouvements anticoloniaux, dont le Parti communiste et le PPA messaliste, ont commencé à quitter les centres urbains pour infiltrer les campagnes environnantes afin de défier le système des communes mixtes et les caïds ».

L’historien insiste pour dire que la djemaâ n’était pas « une institution archaïque et immuable » mais qu’elle était « réactive et savait s’adapter ». L’esprit de contestation qui a commencé à gagner la paysannerie, observe le chercheur anglais, a été nourri au contact de « militants radicaux basés dans les villes qui ont rejoint les djemaâs et exploité l’énergie et les ressources de ces assemblées traditionnelles et autonomes qui gouvernaient de petites communautés ».

Du tremblement de terre de 1954 au séisme insurrectionnel

Dans la troisième partie intitulée « Organisation des premiers maquis, gouvernance rebelle et formation du contre-Etat FLN », Neil Macmaster analyse comment les idées nationalistes ont réussi à se propager parmi les populations des montagnes dans le Dahra et l’Ouarsenis. Un événement important, signale-t-il, allait accélérer la rupture d’avec l’administration coloniale : le tremblement de terre d’Orléansville (actuelle Chlef) de 1954.

« A 1h11 du matin, dans la nuit du 9 au 10 septembre, sept semaines avant que le FLN ne lance son insurrection, Orléansville et sa région environnante furent frappés par un tremblement de terre au cours duquel on estime le nombre de morts à 1147, à 1980 le nombre de blessés graves et quelque 54 000 maisons ou bâtiments détruits, de sorte que la majeure partie de la population s’est vu obliger de bivouaquer à l’air libre ou sous des tentes à l’approche des pluies d’hiver », détaille l’auteur.

En outre, le bilan de la catastrophe naturelle fait état de «l’effondrement d’environ 39 037 gourbis précaires ». « Dans la région du Chélif, note Neil MacMaster, l’extraordinaire coïncidence de la catastrophe du tremblement de terre et de l’insurrection, qui a suivi quelques semaines plus tard à l’Est, ont eu un effet complexe à plusieurs niveaux.

Ce qui a aggravé la montée du nationalisme par un énorme mécontentement populaire face à l’échec du programme de secours.» Et d’affirmer : « Tant le Parti communiste que le MTLD ont construit sur cette vague croissante de troubles un véritable climat insurrectionnel en s’emparant des échecs du programme de secours et de reconstruction.» 

Malgré la colère qui gronde, la population sinistrée ne va pas tout de suite se jeter dans les rangs de l’insurrection. L’onde de choc du 1er novembre 1954 « n’a atteint la région du Chélif qu’en juillet 1956 », révèle l’historien. 

C’est que le FLN, dit-il, était une dissidence au sein du MTLD, et dans le Chélif, les militants nationalistes étaient encore largement restés fidèles à Messali. Il y avait ainsi trois forces qui se disputaient le soutien de la paysannerie locale : les maquis de l’ALN, la guérilla du MNA et aussi le « Maquis rouge », autrement dit les combattants communistes du PCA, dont Henri Maillot. « Le FLN, une fraction dissidente du PPA-MTLD, était réduit numériquement, faible et encore inconnu de la plupart des Algériens.

Dans la région du Chélif, comme dans de nombreuses autres régions d’Algérie, les messalistes, qui seront bientôt rebaptisés MNA, sont restés la force nationaliste dominante », écrit Neil MacMaster. « Pour beaucoup, il a fallu des mois avant qu’ils ne commencent à prendre contact avec l’organisation émergente et décider de changer de camp ou pas », ajoute-t-il.

Le FLN s’est alors « engagé dans un travail d’organisation pour s’introduire dans la société rurale ». « Parmi les principaux agents clés qui ont contribué aux réseaux radicaux, figuraient les chauffeurs de bus, les marchands de bétail et de céréales, et les commerçants ambulants qui se déplaçaient en voiture ou en camionnette vers les marchés ruraux et transportaient les provisions des villes vers les petites épiceries des villages », nous apprend l’historien.

Neil MacMaster insiste en outre sur le fait que l’ALN était « non seulement une force de combat mais aussi un embryon de contre-Etat susceptible d’offrir un gouvernement alternatif au régime colonial ». « En écartant l’Etat colonial, l’ALN dans le Dahra et l’Ouarsenis s’est retrouvée dans une situation en vertu de laquelle elle contrôlait des dizaines de milliers de paysans pauvres et d’avoir tout à gérer, depuis l’économie rurale et l’approvisionnement en nourriture jusqu’à la scolarisation, l’aide sociale et la justice.»

«Celui qui gagne la population gagne la partie»

Enfin, dans la quatrième et dernière partie du livre, et sous le titre « Opération Pilote. Anthropologie va-t-en-guerre. 1956-1958 », Neil MacMaster décortique la stratégie mise en œuvre par l’armée coloniale pour stopper l’expansion vertigineuse de la guérilla du FLN dans les montagnes. « En janvier 1957, le gouvernement colonial et l’armée, en adoptant un modèle de stratégie élaboré par l’ethnologue Jean Servier, ont retenu la région du Dahra et de l’Ouarsenis comme lieu d’une grande expérience de contre-insurrection baptisée ‘‘Opération Pilote’’», précise l’auteur.

« La doctrine de la guerre révolutionnaire a été développée principalement par des officiers qui avaient servi dans le corps militaire professionnel pendant la guerre d’Indochine », rappelle-t-il. « Après la défaite écrasante du Vietminh à Diên Biên Phu en mai 1954, ils ont cherché une explication à leur humiliante défaite en étudiant Mao Tsé-toung et la stratégie de guérilla communiste.

(…)  Après le retrait du Vietnam et en contemplant les leçons à tirer de cette défaite, les théoriciens de la contre-insurrection ont souligné l’importance du ‘‘contact humain avec la population’’ et ont conclu qu’en fin de compte, ‘‘celui qui gagne la population gagne la partie’’». C’est dans cet esprit que Jean Servier, alors jeune ethnologue «spécialiste des Berbères des djebels », sera engagé par « Salan et Lacoste ». 

Pour Neil MacMaster, l’Opération Pilote est un « exemple parfait » de ce qu’il appelle « l’anthropologie va-t-en-guerre ». L’historien confie qu’à l’origine, son objet d’étude, au moment de se lancer dans cette enquête homérique, était la façon dont les sciences sociales, et en particulier l’anthropologie et l’ethnographie, ont été utilisées pour montrer une contre-insurrection afin de couper les liens entre la paysannerie et les troupes de l’ALN.

Cela l’a poussé à s’intéresser de plus près à la société paysanne. « J’ai entamé une remontée dans le temps afin d’explorer l’histoire antérieure, pré-insurrectionnelle, du monde des paysans à travers l’histoire sociale ‘‘vue d’en bas’’», dit-il. Et de constater : « Au fur et à mesure que ce projet avançait, j’étais frappé par la rareté des travaux universitaires sur l’histoire des paysans des montagnes algériennes, qui constituaient pourtant à la fois la majorité de la population colonisée et le soutien indispensable pendant la lutte de libération.» 

Source : El Watan – 17/11/2024 – Mustapha Benfodil

https://elwatan-dz.com/guerre-dans-les-djebels-societe-paysanne-et-contre-insurrection-en-algerie-1918-1958-de-neil-macmaster-comment-laln-a-gagne-le-soutien-de-la-paysannerie#google_vignette

Editions du Croquant https://editions-croquant.org/societes-et-politique-en-mediterranee/973-guerre-dans-les-djebels-societe-paysanne-et-contre-insurrection-en-algerie-1918-1958.html

La Première Guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 – Alain Ruscio 

La « première guerre d’Algérie » commença le 14 juin 1830 à 4 heures du matin, lorsque le premier soldat français posa le pied à Sidi-Ferruch. Les conquérants furent d’emblée confrontés à une force de résistance qu’ils n’avaient pas imaginée, dont la figure emblématique reste l’émir Abd el-Kader. S’ensuivirent deux décennies d’affrontements d’une intensité et d’une violence extrêmes.
Le maréchal Bugeaud et bien d’autres officiers appliquèrent et souvent amplifièrent sur le terrain la politique répressive décidée à Paris par François Guizot, Adolphe Thiers, Jean-de-Dieu Soult, etc.

Éditeur : La Découverte

https://www.editionsladecouverte.fr/la_premiere_guerre_d_algerie-9782348081668

La nostalgie de l’Algérie française et l’OAS- Henri Pouillot, membre du CA de l’ANPNPA

Henri Pouillot, enfant, fut marqué à la fin de la Seconde Guerre mondiale par la Résistance, et les méthodes nazies dans sa campagne solognote. Sursitaire, appelé pendant la guerre de Libération de l’Algérie, il est affecté les neuf derniers mois de cette guerre à la Villa Susini (centre de torture qui fonctionna comme tel pendant les 8 années) à Alger. Pendant cette période il sort indemne physiquement de deux attentats de l’OAS, mais restera marqué par les méthodes de cette organisation raciste, terroriste. Cette expérience le pousse à militer pour les valeurs humanistes. Il devint un militant antiraciste, anticolonialiste avec des responsabilités nationales. Il poursuit un combat pour que la mémoire de cette période ne tombe dans l’oubli.

OAS Archives inédites – Jean-Philippe Ould Aoudia

L’arrêté du 22 décembre 2021 porte ouverture d’archives relatives à la guerre d’Algérie.

Il s’agit d’archives policières et judiciaires qui jettent un éclairage inédit sur l’OAS.
Jean-Philippe Ould Aoudia enquête depuis 30 ans sur les circonstances de la mort de son père, assassiné le 15 mars 1962 par le commando Delta, bras armé de l’OAS, dirigé par Roger Degueldre. Il a précédemment publié L’assassinat de Château-Royal.


Dans OAS Archives Inédites, Révélations, préfacé par Sylvie Thénault, Jean-Philippe Ould Aoudia dévoile tout ce qui était ignoré jusque-là sur cette organisation terroriste, responsable de multiples assassinats et du départ précipité des Pieds-noirs que nous sommes.


Pourquoi et comment ces agents de la violence, irréductibles de l’Algérie française, ont-ils été
amnistiés, voire parfois réhabilités et indemnisés ! Cet ouvrage est riche en révélations – je
cite : À partir du mois de mars, mon salaire de 1000 NF (1718,64€) m’a été versé par l’OAS.
Ce salaire ne suffisant pas, ces tueurs délestaient leurs victimes de leurs papiers et argent !

Des héros, ça ?


Pour mémoire, les victimes de l’odieux attentat du 15 mars 1962 : Max Marchand – Ali
Hammoutene – Mouloud Ferraoun – Salah Ould Aoudia – Marcel Basset – Robert Eymard.
Un livre à découvrir, en particulier en ces temps où les héritiers idéologiques, présents aux
commémorations à la gloire de l’OAS, aspirent à gouverner notre pays.


https://editionstiresias.com/produit/oas/
Catherine SICART – Jacki MALLEA

OAS ARCHIVES INEDITES

https://editionstiresias.com/produit/oas